Mali: l’État a entamé le remboursement de plus de 300 milliards de FCFA de dette intérieure

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(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Mali, un tournant significatif se dessine dans la manière dont les autorités décident de gérer leurs finances publiques, une approche qui pourrait avoir des répercussions considérables sur l’ensemble du pays. En effet, après avoir traversé plusieurs mois de tensions aiguës concernant la trésorerie, exacerbées par des pressions croissantes venant du secteur privé, l’État malien se voit contraint d’agir.

En réponse à ces défis économiques, le gouvernement annonce le lancement d’un vaste programme visant à procéder à l’apurement de sa dette intérieure, avec un règlement ambitieux s’élevant à 312 milliards FCFA, ce qui équivaut à environ 554 millions de dollars. Ce programme, qui s’étendra sur une période de trois mois, a été révélé par le ministère de l’Économie et des Finances, lors d’une déclaration effectuée le 8 décembre, et a été relayé par diverses sources médiatiques.

Cette initiative audacieuse illustre non seulement la détermination renouvelée des autorités de Bamako à restaurer la confiance parmi les fournisseurs et les créanciers, mais également leur volonté manifeste d’assainir les comptes publics tout en soutenant l’activité économique du pays. Cette démarche revêt en effet une importance cruciale dans un contexte national et régional particulièrement contraignant, marqué par des défis socio-économiques multiples.

Selon le gouvernement, ce programme spécial permettra de liquider l’intégralité des mandats en instance des exercices 2023 et 2024, quelle qu’en soit la nature ou le montant. Le Trésor public, qui a commencé les paiements dès le 8 décembre dernier, élargira par ailleurs ce dispositif à certains mandats prioritaires de 2025, notamment pour les projets routiers, les infrastructures hospitalières, les dépenses scolaires (frais, demi-pensions, bourses), les intrants et indemnisations, ainsi que des dépenses spécifiques de défense.

 Les ‘’petits mandats », qui vont de 1 à 10 millions FCFA, ont déjà été entièrement réglés pour la période courant de janvier à mars 2025, et il est prévu que ce mouvement se poursuive de manière soutenue dans les mois à venir. Au total, ce plan d’apurement représente véritablement une bouffée d’oxygène indispensable pour les entreprises, qui ont été longtemps fragilisées par l’accumulation des arriérés financiers qui pesaient lourdement sur leur trésorerie. Le ministère concerné met en lumière que l’effet recherché par cette initiative est double : d’une part, il permet de soulager la trésorerie du secteur privé, et d’autre part, il injecte de manière significative de la liquidité dans le système bancaire, ce qui est crucial pour la revitalisation économique du pays.

Ce programme ambitieux s’inscrit dans un effort beaucoup plus vaste et stratégique. En effet, entre la fin septembre 2024 et la fin septembre 2025, l’État malien affirme avoir réglé près de 1 654 milliards FCFA, une somme considérable qui concerne la dette intérieure, atteignant un niveau inédit dans l’histoire récente du Mali. De plus, il convient de noter qu’en octobre 2024, un premier programme audacieux de 200 milliards FCFA a été exécuté en seulement deux mois, conçu spécifiquement pour accélérer le processus d’apurement des arriérés.

Ainsi, ces efforts concertés ont conduit à une réduction significative du stock de la dette intérieure, passant d’environ 600 milliards FCFA fin septembre 2024, pour atteindre 454 milliards FCFA, illustrant ainsi la détermination de l’État à assainir la situation financière de manière efficace et durable. Le ministère de l’Économie, une institution clé dans la gestion financière et économique du pays, reconnaît avec une certaine fierté que la concrétisation de ce nouveau programme ambitieux a été rendue possible grâce à la mobilisation et à l’optimisation des ressources issues de l’audit approfondi du secteur minier, qui a été engagé dans le cadre des réformes structurelles en cours et nécessaires pour relancer l’économie.

Les autorités compétentes misent d’ailleurs sur ces réformes progressistes pour générer, dans les prochains mois, plusieurs centaines de milliards de francs CFA en recettes additionnelles, ce qui témoigne de leur volonté de diversifier les sources de revenus de l’État et de stimuler la croissance économique. Cette amélioration significative des ressources internes vient renforcer non seulement la capacité du Mali à préserver sa signature financière sur le marché régional, mais également à renforcer sa position économique dans un environnement concurrentiel. Le ministère assure, avec optimisme, que les investisseurs, tant locaux qu’internationaux, continuent d’accorder leur confiance au pays, qui parvient encore à lever des fonds à des conditions jugées favorables, malgré les nombreux défis économiques qui se présentent.

Il convient également de souligner que, dans la loi de finances rectificative de 2025, l’État consacre une somme impressionnante de 1 249,83 milliards de francs CFA au remboursement de la dette intérieure et extérieure, une décision illustrant l’engagement du gouvernement à gérer de manière rigoureuse ses obligations financières. De janvier à novembre 2025, déjà, une enveloppe de 1 302 milliards de francs CFA a été injectée dans l’apurement de la dette intérieure, confirmant ainsi la priorité budgétaire accordée à cette importante question, et soulignant le sérieux avec lequel l’État aborde ses enjeux financiers et économiques dans un cadre de transparence et de responsabilité.

Cette décision, qui vise à renforcer la stabilité économique et à apaiser les créanciers, a été communiquée lors d’une conférence de presse par Alousséni Sanou, le ministre malien de l’Économie et des Finances, dont les commentaires soulignent l’engagement du gouvernement à honorer ses obligations financières et à favoriser un climat de confiance auprès des investisseurs. Cette initiative pourrait également contribuer à stimuler la croissance économique et à améliorer le bien-être des citoyens maliens, tout en mettant en lumière la nécessité d’une gestion rigoureuse des finances publiques dans le contexte actuel.

Selon plusieurs observateurs, « l’apurement de la dette extérieure du Mali représente une véritable opportunité crucial pour l’État malien, lui permettant non seulement de renforcer la confiance de ses partenaires et bailleurs de fonds internationaux, mais également de séduire les investisseurs potentiels du marché financier régional, et plus particulièrement ceux de l’union monétaire Ouest Africaine (UMOA) », explique un expert du Marché Financier de l’UMOA.

En effet, ce processus d’allégement de la dette pourrait être perçu comme un signe positif de bonne gestion financière, incitant ainsi des acteurs économiques à s’engager davantage dans des projets d’investissement au Mali, favorisant la croissance, le développement et la stabilité économique du pays dans le contexte plus large de la région ouest-africaine. Aussi, la relance des investissements pourrait également se traduire par une amélioration des infrastructures, une création d’emplois et une hausse du niveau de vie pour la population malienne.

Avec l’apurement de plus de 300 milliards de FCFA de dette intérieure, un montant considérable qui témoigne d’un effort significatif. Ainsi, le Mali vient de prouver sa crédibilité aux yeux du monde en matière de la gestion des finances publiques, mettant en avant des stratégies financières rigoureuses et des mesures d’assainissement budgétaire.

Notons que cette réalisation impressionnante non seulement renforce la confiance des investisseurs nationaux et étrangers, mais elle positionne également le pays comme un acteur fiable sur la scène économique internationale, reflétant un engagement clair envers des pratiques financières responsables et une volonté de redresser la situation économique face aux défis passés.

Daouda Bakary KONÉ

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Croissance Afrique (sarl) est un Média multi-support qui propose plusieurs rubriques axées sur l’actualité économique du continent. Le magazine est un journal (en ligne dont un mensuel disponible dans les kiosques à journaux) qui traite spécialement les informations financières dédiées à l’Afrique. Il est également le premier média malien spécialisé dans la production d’Informations Économiques, financières, Stratégiques, et orienté vers le reste du monde. Le Magazine a été fondé en Novembre 2017 à Bamako.

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