(CROISSANCE AFRIQUE)-En Afrique du Sud, la compagnie électrique Eskom, qui joue un rôle crucial dans l’approvisionnement énergétique du pays, a fait une annonce significative le mardi 9 décembre.
Le ministre de l’Électricité et de l’Énergie, Dr Kgosientsho Ramokgopa, dont l’engagement en faveur d’une transition énergétique durable a approuvé une stratégie révisée de désintégration structurelle organisée, également connue sous le nom de « unbundling ». Ce développement marque une nouvelle étape importante dans le processus de restructuration de l’entreprise, qui a longtemps fait face à des défis financiers et opérationnels.
Cette stratégie ambitieuse et bien pensée prévoit une réorganisation d’Eskom, qui sera désormais articulée autour de plusieurs entités spécialisées, chacune ayant un objectif précis et un domaine d’expertise particulier.
Parmi ces entités, on trouve la National Electricity Distribution Company of South Africa (NEDCSA), qui est chargée de la distribution d’électricité sur l’ensemble du territoire, garantissant ainsi un accès fiable à l’énergie pour les ménages et les entreprises. En parallèle, la Generation Company, souvent abrégée en GenerationCo, se concentrera sur la production d’électricité, en veillant à utiliser des méthodes efficaces et durables.
L’accent est également mis sur la création de la National Transmission Company South Africa (NTCSA) qui sera responsable de l’acheminement de l’électricité à travers le pays grâce à un réseau de transmission robuste. Enfin, Eskom Green, une nouvelle filiale dédiée au secteur des énergies renouvelables, jouera un rôle crucial dans la transition vers des sources d’énergie plus durables et respectueuses de l’environnement, signalant ainsi une volonté manifeste de s’engager dans un avenir énergétique plus vert et responsable.
Parallèlement à ces changements significatifs dans le paysage énergétique, un nouvel organe clé, connu sous le nom de Transmission System Operator (TSO), doit être créé dans une démarche visant à assurer une gestion entièrement indépendante qui se situe en dehors du cadre d’Eskom. Ce développement stratégique s’inscrit dans une vision plus large de restructuration et d’ouverture du marché de l’électricité, un processus qui est prévu pour être finalisé d’ici l’année 2030, marquant ainsi une étape décisive dans l’évolution du secteur.
Selon les déclarations officielles d’Eskom, cette réorganisation ambitieuse a pour objectif non seulement de faciliter l’entrée d’autres acteurs sur le marché, mais aussi d’accompagner la demande croissante en électricité qui pourrait augmenter de 1,5 % à court terme.
À plus long terme, les prévisions indiquent une hausse annuelle de 2 %, ce qui souligne l’importance cruciale d’une réponse adéquate à ce besoin urgent. Pour répondre à cette demande en constante progression, il sera impératif que le pays mobilise et capitalise sur une augmentation significative des capacités de production d’électricité, passant de 66 GW en 2024 à un impressionnant 107 GW en 2034, un changement qui pourrait transformer la dynamique énergétique de la région.
« Nous reconnaissons l’urgence de la réforme au bénéfice des consommateurs. Cette approche renforce l’égalité des conditions de participation au marché et offre une meilleure visibilité aux investisseurs qui apportent des capacités indispensables au système », a déclaré le directeur général d’Eskom, Dan Marokane.
Ses propos mettent en lumière la nécessité pressante d’un changement structurel, visant non seulement à protéger les droits des consommateurs, mais également à encourager un environnement commercial sain et compétitif. La démarche s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de l’Electricity Regulation Amendment Act 38 of 2024, une législation cruciale qui a été promulguée en août 2024 et qui a officiellement pris effet le 1ᵉʳ janvier 2025.
Ce texte stratégique instaure un système multi-marchés ouvert, innovant et adaptable, combinant des transactions concurrentielles, bilatérales et régulées, ce qui constitue une avancée significative dans la régulation du secteur électrique. De plus, il prévoyait la création d’un Transmission System Operator (TSO) totalement indépendant dans un délai de cinq ans, un organisme dont l’objectif sera de garantir des conditions de transport équitables et d’encourager l’innovation dans le réseau électrique.
Cette évolution, comme l’a affirmé M. Marokane, doit non seulement renforcer la concurrence indispensable au dynamisme du marché, mais également soutenir l’investissement dans de nouvelles capacités de production, ce qui est essentiel pour répondre à la demande croissante d’énergie et améliorer la durabilité du système électroénergétique dans son ensemble.
Parallèlement à cela, Eskom, l’entreprise sud-africaine de production et de distribution d’électricité, met en œuvre des initiatives visant à améliorer la stabilité de son réseau électrique national grâce à son ambitieux Generation Recovery Plan, qui a été lancé en 2023 dans un contexte de crise énergétique persistante.
Selon un communiqué officiel publié en octobre 2025, les résultats de ce programme sont tangibles, avec une réduction significative des pannes non planifiées, qui ont diminué de 1201 MW sur une période d’un an. De plus, la disponibilité du réseau a atteint un niveau impressionnant de plus de 98 % depuis le début de l’exercice fiscal, ce qui témoigne d’une amélioration notable de la fiabilité du service fourni aux consommateurs.
Le pays a également célébré un exploit remarquable avec 161 jours consécutifs sans délestages, une situation rarissime qui a apporté un répit bienvenu aux citoyens et aux entreprises. En outre, entre le 1ᵉʳ avril et le 23 octobre 2025, les interruptions de service ont été limitées à seulement 26 heures, illustrant ainsi une gestion maîtrisée de la demande énergétique.
Cette performance encourageante, conjuguée aux efforts de restructuration en cours, établit les fondations d’un système électrique plus stable, transparent et résilient, capable d’intégrer de nouvelles capacités pour répondre à la demande croissante d’énergie.
Notons que ce travail est d’autant plus crucial qu’il vise à soutenir la première industrie africaine, qui a longtemps souffert des aléas des coupures de courant, impactant sévèrement son efficience et sa compétitivité sur le marché international. Un avenir prometteur se dessine ainsi pour le secteur énergétique sud-africain, promettant d’apporter une stabilité indispensable pour le développement économique et la durabilité environnementale.
Korotoumou Sylla

