(CROISSANCE AFRIQUE)-Monex Ventures, la filiale de capital-risque du groupe financier japonais Monex Group, s’est alliée stratégiquement avec le fonds japonais Uncovered Fund pour créer un véhicule d’investissement audacieux de 3 milliards de yens, ce qui représente environ 20 millions de dollars américains.
Cette initiative ambitieuse a été rapportée par divers médias le vendredi 22 août 2025, soulignant l’importance de cette collaboration internationale. Le fonds, nommé Uncovered Fund Monex Africa Investment Partnership, a pour objectif de stimuler l’innovation en investissant dans des start-up africaines en phase de démarrage. De plus, il manifeste un intérêt pour les jeunes entreprises prometteuses situées au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, ce qui reflète une stratégie d’investissement diversifiée et avant-gardiste de la part des partenaires.
Chaque investissement individuel pourra atteindre jusqu’à 2 millions de dollars, indiquant une volonté d’apporter un soutien financier significatif et ciblé aux entreprises en pleine croissance dans ces régions.
Au-delà du rôle classique de financement, ce fonds aspire à jouer une fonction essentielle de passerelle stratégique entre les entreprises africaines et japonaises, facilitant ainsi le développement et l’intégration économiques dans une dynamique de collaboration internationale.
Le Japon, alors qu’il explore de nouvelles voies pour stimuler sa croissance économique face à une population vieillissante et de plus en plus réduite, et un marché intérieur qui commence à atteindre ses limites en termes de saturation, voit en cette connexion une chance substantielle d’évolution. Les synergies qui sont prévues se concentrent sur quatre domaines clés, identifiés précisément pour leur potentiel d’innovation où la technologie peut significativement réduire des lacunes cruciales en infrastructures insuffisantes, et où l’expertise reconnue du Japon peut offrir une véritable valeur ajoutée.
Aussi, ces secteurs ont été spécifiquement choisis pour inclure la finance, où les solutions numériques pourraient révolutionner les transactions; la distribution, optimisée pour une meilleure efficacité; la mobilité, avec des innovations attendues pour résoudre les enjeux de transport; et enfin, le développement durable, qui reste un pilier important pour un avenir résilient et respectueux de l’environnement.
Dans le vaste domaine de la finance, le fonds a pour vocation de se concentrer sur des secteurs innovants tels que les fintech, qui révolutionnent actuellement le paysage financier mondial. Il envisage des investissements substantiels dans les paiements mobiles, qui facilitent les transactions sécurisées et instantanées, ainsi que dans le microcrédit, essentiel pour l’inclusion financière de segments de population traditionnellement exclus des circuits bancaires classiques. De plus, le fonds s’intéresse aux services de paiement et de comptabilité particulièrement adaptés aux petites et moyennes entreprises (PME), contribuant ainsi à leur croissance et à leur gestion efficace.
En ce qui concerne le secteur dynamique de la distribution et de la logistique, celui-ci ciblera non seulement les plateformes d’e-commerce en plein essor, mais également les solutions de livraison du dernier kilomètre, cruciales pour améliorer l’efficacité des chaînes logistiques. Les technologies de gestion de la chaîne d’approvisionnement constituent également un axe stratégique clé, avec un potentiel de modernisation considérable. Ces diverses initiatives pourraient ainsi devenir des relais pour les produits japonais, permettant une expansion mutuellement bénéfique.
Alors que l’Afrique dispose de 60% des terres arables non cultivées au monde, un atout inestimable qui pourrait transformer le paysage agricole mondial, la mise en avant de l’agriculture numérique se hisse au centre des priorités stratégiques des décideurs politiques et économiques du continent. Compte tenu du potentiel agronomique immense et inexploité de vastes étendues de terres fertiles mais sous-utilisées, la région est en position de leader potentiel pour une révolution agricole mondiale.
Pour cette raison, le fonds s’engage fermement à investir massivement dans des technologies agricoles de pointe, communément appelées AgriTech, qui promettent de transformer les pratiques traditionnelles grâce à des innovations telles que la télémétrie agricole et l’analyse prédictive des récoltes, ainsi que dans des systèmes d’irrigation intelligente capables d’optimiser l’usage des ressources hydriques précieuses. Ces technologies novatrices visent non seulement à maximiser la production agricole mais aussi à minimiser l’impact environnemental, répondant ainsi aux défis mondiaux du changement climatique.
L’optimisation des cultures par le biais de méthodes innovantes, telles que l’agriculture de précision et l’utilisation de drones pour la surveillance des champs, et les initiatives liées au développement durable, comme la rotation des cultures et l’agroforesterie, sont également des objectifs cruciaux de cette stratégie menée par le fonds. Concernant le domaine de la mobilité, le fonds entend intensifier son soutien à des solutions de transport innovantes qui incluent non seulement les véhicules d’occasion, autour desquels prospèrent de nombreux marchés émergents, mais aussi des initiatives prometteuses dans le développement des véhicules électriques. Cette tendance reflète un secteur en pleine expansion, particulièrement à une époque où l’ascension des classes moyennes africaines, qui adopte avec enthousiasme ces nouvelles technologies de transport respectueuses de l’environnement, bouleverse les schémas de consommation traditionnels. Cette dynamique pourrait bien être le moteur de transformations économiques encore plus profondes à l’échelle continentale.
Jusqu’à l’année 2022, le financement des start-up africaines était principalement basé sur des investissements en capital-risque en actions, communément appelés equity. Toutefois, à partir de 2023, une tendance notable est apparue : les levées de fonds en equity ont connu un ralentissement significatif. Parallèlement, d’autres modes de financement, tels que la dette privée et divers financements alternatifs, ont commencé à occuper une place croissante sur la scène financière africaine. Selon le rapport exhaustif publié par Partech Africa en 2024, la dette représentait désormais 31% du total des 3,2 milliards de dollars de fonds levés par l’ensemble des start-up implantées en Afrique au cours de l’année précédente.
Par ailleurs, cela illustre clairement l’accessibilité croissante des start-up à cet outil de financement particulier. Le lancement du fonds Uncovered Monex Africa est particulièrement révélateur, car il s’inscrit dans cette dynamique de recomposition et de diversification des modes de financement disponibles sur le continent africain.
Notons que ce nouvel environnement offre aux sociétés émergentes une flexibilité accrue dans la recherche de capitaux et une réduction de la dépendance vis-à-vis du seul capital-risque traditionnel.
Moussa KONÉ
