Après la finance islamique, place à l’assurance islamique. Le ministre des Finances a annoncé, lors d’un passage à la radio Chaîne 1, qu’un nouveau produit, appelé «Takaful», viendra en complément à la finance islamique et sera mis au niveau des assurances. Ce produit sera opérationnel à partir de la semaine prochaine au sein des entreprises publiques.
C’est la première fois qu’un tel produit sera proposé au niveau des assurances et le gouvernement semble tabler sur les produits de type «islamique» pour attirer plus de clients et d’épargnants, notamment au niveau des banques. Est-ce plus efficace qu’un autre produit ? Le ministre estime qu’il s’agit plus d’une revendication sociale que d’une exigence économique. «La finance islamique et son rôle dans l’absorption d’une bonne partie de l’économie parallèle sont une revendication sociale avant d’être économique», estime Aymen Benabderrahmane, en notant que ce type de financement «répond aux exigences de la société algérienne».
Il dit aussi espérer «que la finance islamique, mécanisme de financement et d’investissement, va contribuer à drainer la liquidité circulant en dehors des banques».
Estimé à 5000 milliards de dinars, l’argent en circulation en dehors du circuit bancaire pose un réel problème aux pouvoirs publics, qui peinent à capter l’épargne, notamment en ces temps de crise financière au cours de laquelle les banques souffrent d’un manque important de liquidités. La finance islamique a donc été pensée par le gouvernement comme un moyen de gagner la confiance d’une catégorie d’épargnants et clients potentiels gardant chez eux leur argent et qui exigent des produits financiers «islamiques» pour revenir aux banques.
Autre moyen de capter l’épargne proposé par le gouvernement, celui de permettre la création des banques privées. Longtemps sous monopole de l’Etat, le réseau bancaire a tous les défauts d’une administration bureaucratique peu prompte à prendre des risques et alléger les procédures d’aide à l’investissement. L’expérience fâcheuse de la banque privée El Khalifa a fait museler toute revendication d’ouverture d’établissement financier privé jusqu’à ce jour, où le gouvernement estime que le moment est propice au lancement de tels projets.
Dès la semaine prochaine, les mesures et exigences de création de ce type de banques seront connues, affirme le ministre, en annonçant que le cahier des charges est fin prêt. Il précisera en outre que «les modalités de retrait de ces cahiers des charges sont définies par la loi sur la monnaie et le crédit, ainsi que les mesures réglementaires énoncées par la Banque d’Algérie». «Toute personne ou groupe d’individus désirant ouvrir une banque privée pourra prendre connaissance des modalités et conditions à remplir pour obtenir une autorisation», affirme M. Benabderrahmane. Interrogé sur l’ouverture d’agences de ces banques à l’étranger, le ministre a émis le vœu de voir les opérateurs intéressés faire «l’expérience avec des banques publiques, à travers la création de banques conjointes dans les pays africains et voisins». «L’ouverture d’une banque algérienne en Afrique est désormais un impératif, permettant à l’Algérie d’accéder au marché africain…
Si les opérateurs privés se montrent réticents, l’Etat ouvrira seul ces banques, notamment au Mali et au Niger», soutient-il, en précisant qu’il y aura, par ailleurs, une évaluation de la rentabilité des banques dans des pays européens. «La rentabilité bancaire dans les pays du voisinage est beaucoup plus importante qu’en Europe», estime le ministre, en soulignant les conditions difficiles d’accès aux marchés européens très concurrentiels.
«Le problème de liquidités sera résolu en octobre»
Le problème du manque de liquidités, constaté au niveau des bureaux de poste ces derniers mois, sera résolu au plus tard en octobre prochain. C’est l’annonce faite par le ministre des Finances, Aymen Benabderrahmane, qui incombe ce problème au ralentissement de l’économie nationale du fait du confinement imposé par la pandémie de la Covid-19 de mars à juillet. Le ministre compte ainsi sur la reprise des activités économiques en octobre pour garantir de la liquidité. Il reste à savoir s’il y aura relance économique ou pas.