(CROISSANCE AFRIQUE)-L’Afrique est entrée en contact avec les arabes vers la fin du 7ème siècle. Ils pénétrèrent par l’Afrique, la Tunisie actuelle. Puis atteignirent Marrakech, le Maroc actuel, dans l’objectif de diffuser l’Islam auprès des Berbères. Ensuite, poussés, autant pour le gain, que pour islamiser les sûdânî, les noirs, ils partirent de Sidjilmassa, toujours au Maroc, pour rejoindre Aoudaghost, Mauritanie.
Enfin Ouagadou, le royaume de l’or. Dès lors, l’or et le noir autochtone du Bilad es-Sûdân devinrent des marchandises à travers le monde. On les trouvait en Arabie, bien sûr, en Turquie, en Inde etc… magnifiant les riches en ce qui concerne l’or, et les servant concernant l’homme noir. Pendant 13 siècles, ils s’acoquinèrent avec les princes locaux, devinrent leurs conseillers et leurs maîtres à penser, ce qui leur donna des pouvoirs incommensurables sur tout le reste. Le contact avec les arabes a traîné l’Afrique vers sa déchéance tout en enrichissant ces derniers.
C’est ainsi que les européens, vers le 14ème siècle, accostèrent à leur tour. Ils n’ont fait qu’adopter la méthode déjà appliquée, les accointances avec les chefs locaux, apportant aussi leur religion, des babioles, des fusils surtout pour mieux outiller leurs partenaires stratégiques, et se mirent aussitôt à piller.
L’époque correspondant à l’ouverture de l’Amérique, les amérindiens ne tenant pas la cadence du labeur. Ils ramassèrent au vol, les arguments des arabes pour justifier l’ignoble traite, et empruntèrent tous leurs codes, et à leur tour s’adonnèrent au commerce des africains, ce qui dura 4siècles.
La division des peuplades africaines, la façon dispersée et éloignée des agglomérations, la complicité des chefs locaux, motivés par l’avidité et le complexe ont fini par ternir l’image de toute une race et contribuer à enclencher le processus d’exploitation de tout un continent.
Après la phase de déportation, et la période des extorsions organisées, l’apothéose vint avec l’organisation de la conférence de Berlin vers la fin du 19ème siècle. Elle procéda au partage et à l’appropriation, purement et simplement, d’un continent entier rendant ses populations corvéables à jamais et ses avoirs enfouis dans la besace des dominants. On effectua le dépeçage et chacun prit sa part. Le continent subit encore aujourd’hui les méfaits de cette diabolique conférence, et dans sa gestion, et dans ses rapports avec les autres, malgré des indépendances hypothétiques.
Mais, avons-nous véritablement compris ce qui s’est produit ? Avons-nous réellement décortiqué et tiré tous les enseignements de ce qu’ont subi nos peuples, et de ce qui est arrivé à notre continent depuis 15siècles?
En observant de près, nous n’avons pas l’impression que les africains ont réellement appris de leur déconvenue. De nos jours encore, en Afrique, les micros États sont légion, chacun se cramponnant à son pouvoir, soutenu par des mentors occidentaux, oubliant que la grandeur du territoire est une première arme. Nous n’avons aucune capacité pour fabriquer nos armes, afin de nous sécuriser. Nos usines de médicaments sont des dons. Nos plateaux sanitaires sont inexistants.
Nous ne pesons pas plus de 1% sur l’économie mondiale, tout en ayant les plus grandes réserves des mines nécessaires au confort du monde. Les structures de recherche sont fantomatiques, car la formation n’a aucune qualité. L’Afrique n’a ni satellite, ni industrie lourde, et elle ne semble pas pressée d’en avoir, comme si la providence plaidera éternellement en sa faveur.
Pourtant les exemples l’interpellent constamment. En Asie la grandeur des territoires, les populations fournies, la formation et la discipline ont imposé le respect de ces nations. L’Amérique latine a la formation et a appris à parler sans relation hiérarchique. Les arabes ont pu faire de leur richesse un paravent sûr. La Russie maîtrise la technologie. Même l’occident vorace s’est agrégé.
L’Afrique avec sa richesse, sa jeunesse, sa pauvreté, son ignorance, son aliénation religieuse n’est pas à l’abri, si les vicissitudes de la vie, amenaient les Etats meneurs à repenser le monde aujourd’hui selon l’esprit de la conférence de Berlin.
Elle sera une antilope, prise dans la savane par un fauve, provoquant la convoitise des autres carnassiers sous la surveillance gloutonne des charognes.
Moussa Sey Diallo, élu communal au Mali