J’ai appris ce vendredi que le Conseil des Ministres de l’Union Monétaire Ouest-Africaine (UMOA) a approuvé les comptes de la BOAD, pour l’exercice clos le 31 décembre 2023.
D’après le communiqué, la BOAD enregistre un résultat net bénéficiaire de 36,453 milliards de FCFA, contre 33,682 milliards de FCFA, à fin 2022, soit une hausse de 8,23 %. Le bénéfice dégagé renforce ainsi les fonds propres de l’Institution et les Fonds spécifiques créés dans ses livres pour soutenir les Etats.
Ces résultats selon le Communiqué attestent de la situation financière saine de l’Institution qui demeure engagée et inscrite résolument en « créateur d’avenir, pour l’intégration et la transformation économique de l’Afrique de l’Ouest ».
Notre avis
Une chose est de manifester sa satisfaction quant à l’évolution des résultats bénéficiaires des institutions. Une autre approche plus vertueuse serait de s’interroger sur ce qu’ a permis d’atteindre un tel niveau de performance dans un contexte de pauvreté de plus en plus insupportable. Une Afrique de l’ouest toujours peu intégrée en proie à des déficits récurrents de balances commerciales.
Finalement on communique pour qui? Les décideurs ? Les marchés financiers extérieurs ? La concurrence?
Je l’ai dit et maintes fois rabâché depuis une décennie, un bénéfice qui atteint certaines proportions cache toujours des imperfections quant à la manière dont certains élements clefs de management sont appréhendés
1 Les taux de crédit appliqués à la clientèle ne sont-ils pas élevés ?
2 Les institutions qui évoluent dans des secteurs de rente comme la banque et les télécoms rémunèrent-elles à sa juste valeur leurs personnels?
3. Appliquent-elles les règles normales de déclassement et de provisionnement?
4. Prennent-elles vraiment les risques qu’impose un environnement caractérisé par un taux de financement de l’économie très faible?
Je pense pour ma part qu’au delà de l’aspect communication de résultats faramineux, il est grand temps que les grands groupes bancaires procèdent à leur propre introspection pour poser la question. de savoir
« Qu’ai je vraiment fait pour contribuer à la réduction de la pauvreté? «
Ces institutions financières devraient sortir du cadre classique de financement des États, de leurs démembrements et du gros secteur privé, formé souvent par des intérêts étrangers pour aller directement et sans intermédiaire vers la PME et le secteur de informel qui constituent l’essentiel du tissu productif. Il faut oser.
Avoir du bénéfice sur mesure et renforcer ses fonds propres est une bonne chose apparente sur le papier mais c’est pour ensuite financer quoi?
Il est grand temps que nos banques sortent de ces chemins classiques de confort qui n’apportent pas une grande valeur ajoutée à des économies toujours moribondes.
Magaye Gaye, Économiste International
Ancien de la BOAD et du FAGACE