(CROISSANCE AFRIQUE)-À fin juin 2024, la situation économique du Burkina Faso est marquée par une augmentation significative de sa dette publique qui atteint 7 354,54 milliards de FCFA. Cet article se penche sur les facteurs de cette hausse et examine les implications de la dette nationale pour le pays.
Avec un accroissement de 4,9% sur une base annuelle, il est crucial de comprendre les dynamiques sous-jacentes de cette dette. Nous explorerons aussi la répartition de la dette tant intérieure qu’extérieure, ainsi que les tendances récentes concernant le service de la dette.
Comparée à fin décembre 2023, où la dette était de 6 946,52 milliards de FCFA, la nouvelle estimation montre une croissance de 5,9% en seulement six mois. Cette hausse, bien que substantielle, s’explique par plusieurs engagements financiers récents. En effet, le Burkina Faso a connu une prise d’engagements de 629,67 milliards FCFA, qui représente 72,7% des ressources mobilisées pendant le premier semestre de l’année 2024. Ces chiffres témoignent d’une dépendance croissante aux financements intérieurs et externes.
La dette publique se divise en deux catégories principales : la dette intérieure et la dette extérieure. À fin juin 2024, la dette extérieure représente 43% du total, soit 3 159,38 milliards de FCFA, tandis que la dette intérieure atteint 4 195,26 milliards de FCFA.
Cette division montre une tendance vers un recours accru aux créanciers locaux, avec une augmentation de 5,4% de la dette intérieure qui a crû par rapport à fin 2023. Cela soulève des questions sur la durabilité de la stratégie de financement du gouvernement burkinabé.
Concernant la dette extérieure, celle-ci a progressé de 6,5% par rapport à la fin de l’année précédente, en raison des tirages nets et des fluctuations des taux de change. Les créanciers multilatéraux constituent la majorité des créanciers avec 88,8%, suivis par les bilatéraux à 7,9% et les banques commerciales à 3,3%.
La domination des créanciers multilatéraux reflète la dépendance du Burkina Faso aux financements internationaux pour le développement. Cette structuration de la dette extérieure soulève des préoccupations sur la vulnérabilité économique face aux fluctuations mondiales.
Entre janvier et juin 2024, le service de la dette a diminué de 8,0% par rapport à l’année précédente, atteignant 531,51 milliards de FCFA. Une part significative de ce service provient des créanciers intérieurs, qui représentent 444,43 milliards de FCFA.
Bien que le poids du service de la dette semble s’alléger, les taux d’intérêt élevés sur la dette intérieure persistent, ce qui complique la situation budgétaire. De plus, les fluctuations des taux de change augmentent la pression sur la dette extérieure, ce qui pourrait entraîner des difficultés futures si la situation économique devait se détériorer.
Notons que la hausse de la dette publique du Burkina Faso est un développement complexe qui nécessite une attention particulière. Alors que le pays cherche à équilibrer ses engagements financiers, la répartition entre la dette intérieure et extérieure pourrait influencer sa stabilité financière.
Pour rappel, la gestion prudente des taux d’intérêt et des fluctuations des devises sera cruciale pour éviter une crise de la dette à l’avenir. Les décideurs doivent donc élaborer des stratégies efficaces pour gérer ces défis croissants et assurer un avenir économique durable.
Moussa KONÉ