(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Cameroun la direction générale du trésor et de la comptabilité publique a annoncé avoir sollicité une bagatelle de 25 milliards de FCFA sur le marché des titres publics de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac). Ainsi, le pays dirigé par le vieux Paul Biya émettra ce 5 avril, des bons du Trésor assimilables (BTA) d’une maturité de 26 semaines.
Le pays a été mainte fois victime de la politique monétaire de la BEAC. La preuve, l’exigence des investisseurs est corrélée au resserrement de la politique monétaire de la Banque centrale. Depuis le 21 février, la Beac a suspendu ses opérations d’injection hebdomadaire de liquidités et accentue les ponctions dans les coffres forts des banques avec deux opérations de reprises par semaine.
Par ailleurs, le Comité de politique monétaire de la Beac a, le 27 mars dernier, décidé de relever pour la 4e fois, depuis décembre 2022, ses taux directeurs pour juguler l’inflation projetée à 6,4% cette année. Le taux d’intérêt des appels d’offres (Tiao) est ainsi passé de 4,5% à 5% ; tandis que le taux de la facilité de prêt marginal est passé de 6,25% à 6,75%. Ces décisions visent à réduire la liquidité en la rendant plus coûteuse pour les agents économiques (les États compris).
Une chose est sûre, cette opération se tiendra dans un contexte où le pays essuie des échecs sur ce marché depuis le début de l’année. La semaine dernière, le Trésor camerounais n’a obtenu que 10 milliards FCFA sur deux émissions par adjudication dont des BTA de 26 semaines et des obligations du Trésor assimilables (OTA) de 3 ans. Le pays espérait pourtant mobiliser sur ces deux instruments, respectivement 10 milliards et 30 milliards de FCFA.
Cette contre-performance est la 3e que le Cameroun enregistre sur ce marché en l’espace de deux mois. Après l’insuccès de sa première émission d’obligations du Trésor de l’année, effectuée le 6 mars 2023, au terme de laquelle seulement 50% de l’enveloppe recherchée a été mobilisé, le pays a essuyé un second revers le 13 mars en ne percevant que 5 milliards de FCFA sur 15 milliards recherchés.
Notons que cette situation s’explique par le fait que depuis le début de cette année, les banques, principaux intervenants sur ce marché, sollicitent des niveaux de rendement plus élevés que par le passé. En janvier 2023, par exemple, le coût moyen des BTA souscrits par le pays était de 4,39% contre 2,94% à la même période en 2021. Le Cameroun est pourtant un émetteur de dette de référence dans la Cemac et n’a enregistré aucun défaut de paiement depuis le début de ses opérations.
Pour rappe, à fin janvier 2023, elles concentraient 77,7% de l’encours des dettes des États contre seulement 2,2% pour les personnes physiques et 15,3% pour les investisseurs institutionnels (fonds de pension, assurances…).
Daouda Bakary KONE