Au Mali, le MSC, 1er armateur mondial en terme de capacité de transport maritime annonce la « suspension de ses activités à destination de Bamako »

Date:

(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Mali, le groupe Mediterranean Shipping Company (MSC), reconnu comme le premier armateur mondial en termes de capacité de transport maritime, a annoncé le 6 novembre une décision significative : la suspension immédiate de ses services de transport routier de marchandises à destination de Bamako.

En effet, l’armateur MSC suspend «jusqu’à nouvel ordre» et avec «effet immédiat» ses activités de transport routier dans le pays. Cette annonce s’accompagne d’un communiqué formel adressé à ses clients où l’entreprise suisse, bien établie dans le secteur du transport maritime, évoque les graves difficultés opérationnelles auxquelles elle est actuellement confrontée. Celles-ci sont principalement dues à la détérioration continue du contexte sécuritaire dans la région et à une rareté persistante du carburant qui paralyse une grande part du réseau logistique malien, rendant la situation intenable pour le transport de marchandises par voie terrestre.

« En raison de difficultés opérationnelles majeures », souligne MSC dans son communiqué, « liées à des problèmes de sécurité accrus et à une pénurie critique de carburant, le transport routier de marchandises à destination du Mali est temporairement suspendu jusqu’à nouvel ordre », Cette mesure, dont l’application est immédiate, touche sévèrement tous les corridors d’accès reliant le Mali à la côte, y compris les lignes stratégiques passants par des plateformes maritimes majeures telles qu’Abidjan en Côte d’Ivoire, Dakar au Sénégal, Tema au Ghana, Lomé au Togo et Conakry en Guinée. Ces points d’accès sont d’une importance cruciale pour le commerce du pays enclavé, augmentant ainsi les ramifications économiques de cette décision pour la région.

Cette suspension survient à un moment crucial où le Mali, un pays enclavé sans accès direct à la mer, dépend fortement des corridors côtiers pour l’acheminement de ses importations et exportations, indispensables pour l’économie nationale. Cela inclut notamment des produits pétroliers essentiels pour les activités industrielles et la consommation quotidienne, des matériaux de construction nécessaires pour les projets d’infrastructure et de développement, ainsi que des denrées alimentaires vitales pour la population. L’interruption du service de la compagnie maritime MSC, reconnue pour son rôle clé dans le transport international, pourrait ainsi aggraver la crise d’approvisionnement déjà ressentie dans plusieurs secteurs, rendant la situation économique et sociale encore plus précaire pour le Mali.

Le communiqué de l’armateur MSC précise en outre que, dès maintenant, plus aucune réservation ne sera acceptée vers le Mali, que ce soit « par connaissement authentique » ou ‘’par connaissement quai avec transit' » , ce qui signifie une réduction significative des voies d’acheminement terre-mer. Toutefois, dans un souci d’atténuer les impacts pour ses clients fidèles, pour les cargaisons déjà enregistrées avant le 6 novembre, MSC propose plusieurs solutions temporaires adaptées aux besoins urgents des commerçants et industriels.

Ces solutions comprennent la livraison au port de déchargement convenu déjà établi au préalable, le stockage temporaire des cargaisons à terre ou à flot pour maintenir leur intégrité, ou encore l’entreposage dans un port jugé sûr, en dehors de la zone de tension. Cette dernière option implique des frais du marchand, en attendant patiemment la reprise et la sécurisation des routes terrestres vers le Mali, une tâche qui s’annonce complexe dans le contexte actuel.

La décision a été prise dans un contexte particulièrement préoccupant, marqué par une détérioration de la sécurité dans les régions du centre et du Nord du Mali. Dans ces zones, les violences et les attaques violentes se sont accrues de manière significative, avec une intensification des attaques orchestrées par le groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, qui est affilié à l’organisation terroriste al-Qaïda. La situation déjà complexe s’est compliquée ces dernières semaines, impactant lourdement les infrastructures essentielles. En particulier, les divers actes de violence ont gravement perturbé les flux de transport, notamment sur les routes principales qui relient la capitale Bamako aux frontières des pays voisins comme la Côte d’Ivoire et le Sénégal. Cela a eu un effet délétère sur la logistique terrestre, un élément vital pour l’économie régionale.

Accompagnant cette insécurité, une pénurie de carburant s’est installée, illustrant une conséquence indirecte mais significative des attaques. Ce manque critique de carburant est exacerbé par le ralentissement des livraisons de marchandises par les transporteurs régionaux, déjà impactés par la violence environnante. En réaction à cette crise multidimensionnelle, le gouvernement de transition malien s’efforce depuis plusieurs mois de stabiliser la situation critique de l’approvisionnement énergétique du pays. Cependant, les initiatives menées n’ont pas encore permis d’aboutir à un succès durable. Malgré plusieurs tentatives, y compris un nombre croissant d’accords bilatéraux signés avec les pays environnants, la situation reste précaire et complexe, rendant la gestion de la crise énergétique un défi permanent pour les autorités maliennes.

La suspension actuelle des opérations par la Mediterranean Shipping Company (MSC), qui survient après des menaces similaires proférées par le groupe CMA CGM, le troisième armateur en importance à l’échelle mondiale, place désormais les autorités de Bamako devant un défi logistique d’une ampleur considérable. Bien qu’un accord de dernière minute ait pu être mis en place pour éviter la suspension des services de CMA CGM, qui est cruciale, la décision prise par MSC, un acteur déterminant et structurant dans le secteur du transport maritime à destination de l’Afrique de l’Ouest, risque fortement d’entraîner un ralentissement conséquent du commerce extérieur malien, tout en provoquant une augmentation significative des coûts liés au fret maritime. 

Notons que cette situation délicate met en lumière la grande fragilité des principaux corridors terrestres ouest-africains, dont la fluidité et l’efficacité sont étroitement dépendantes du climat politique et sécuritaire régnant dans les pays de transit. Dans les circonstances actuelles, MSC affirme être attentif et « suivre de près l’évolution de la situation », s’engageant par ailleurs à maintenir une communication transparente avec ses clients, promettant de les informer promptement dès qu’une reprise des services pourra être envisageable ou planifiée.

Daouda Bakary KONÉ

croissanceafrik
croissanceafrikhttp://croissanceafrique.com
Croissance Afrique (sarl) est un Média multi-support qui propose plusieurs rubriques axées sur l’actualité économique du continent. Le magazine est un journal (en ligne dont un mensuel disponible dans les kiosques à journaux) qui traite spécialement les informations financières dédiées à l’Afrique. Il est également le premier média malien spécialisé dans la production d’Informations Économiques, financières, Stratégiques, et orienté vers le reste du monde. Le Magazine a été fondé en Novembre 2017 à Bamako.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Partager:

Populaires

Lire aussi
RELATIFS

Côte d’Ivoire: Abidjan Terminal réceptionne deux nouveaux portiques de quai (STS – Ship To Shore)

(CROISSANCE AFRIQUE)-Abidjan Terminal, concessionnaire du 1er terminal à conteneurs...

Numérique : « la souveraineté numérique et la protection des données personnelles »

Intervention de M. Khalid Cherkaoui Semmouni – Université Paris...

Marché financier de l’UMOA : le Burkina Faso sécurise 33 milliards de FCFA 

( CROISSANCE AFRIQUE)-Au Burkina Faso, le trésor public continue...

Mali: l’armée déjoue une attaque et frappe avec succès les groupes terroristes à Kolondieba 

(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Mali,  la direction des relations publiques des...