(CROISSANCE AFRIQUE)- Au Sénégal, le gouvernement a annoncé avoir entamé un processus de dissolution du Conseil économique, social et environnemental (CESE) et du Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT).
Cette décision, annoncée par une note présidentielle, vise à économiser 15 milliards FCFA annuels, soulignant un besoin pressant de rationaliser les finances publiques. La convocation des députés pour une session extraordinaire le 29 août 2024 marque une étape importante vers la révision de la Constitution. Ce changement reflète les défis économiques auxquels le Sénégal fait face tout en cherchant à équilibrer les dépenses publiques dans un contexte difficile.
Les raisons de la dissolution des institutions reposent sur le besoin d’optimiser les ressources de l’État. Avec un taux d’endettement de 80% du PIB, le gouvernement juge nécessaire de réduire les dépenses publiques. En supprimant le CESE et le HCCT, l’exécutif cherche à alléger le poids financier qu’elles représentent. Ce mouvement s’inscrit également dans une volonté plus large de réformer l’administration publique face aux attentes croissantes des citoyens. Les répercussions de ces changements pourraient redéfinir l’engagement du gouvernement envers la transparence et la responsabilité.
La suppression prévue du CESE et du HCCT pourrait engendrer des économies significatives. Chaque institution a un budget de 7,5 milliards FCFA, entraînant une réduction globale de 15 milliards FCFA annuels. Ces économies financières pourraient être réinvesties dans d’autres secteurs prioritaires, notamment la santé et l’éducation. Toutefois, le gouvernement devra veiller à ce que cette rationalisation n’affecte pas les services essentiels que ces institutions fournissent. La gestion des ressources publiques dans un contexte de crise est cruciale pour assurer la stabilité économique du pays.
Le CESE agit comme une assemblée consultative avec des expertises variées dans les domaines économique, social, culturel et environnemental. Il fournit des recommandations essentielles au président, au gouvernement et à l’Assemblée nationale. Par son rôle consultatif, il a la capacité d’émettre des avis sur des questions d’ordre national. Son expertise a servi de plateforme pour intégrer les préoccupations citoyennes dans le processus décisionnel. La perte de cette institution pourrait avoir des conséquences sur la représentation des intérêts divers à l’échelle nationale.
Le CESE est composé de 175 conseillers, représentant différentes sphères de la société. On y trouve 52 représentants des salariés et 52 des entreprises et autres acteurs économiques. De plus, il inclut 45 membres représentant la cohésion sociale et la vie associative. Cette composition a permis une diversité d’opinions et une approche collaborative dans l’élaboration des politiques. La dissolution du CESE soulève des questions sur la représentation future des secteurs économiques et sociaux au sein du gouvernement.
Le HCCT, en tant qu’assemblée consultative, a pour mission d’accompagner le développement des collectivités territoriales. Il intervient régulièrement pour formuler des avis en lien avec les préoccupations des populations locales. Composé de 150 conseillers, dont une partie est élue et l’autre nommée, le HCCT incarne un lien entre les autorités et les citoyens. La suppression de cette institution pourrait nuire à la prise en compte des besoins locaux dans les décisions gouvernementales. Les enjeux de communication et de représentation risquent d’être exacerbés par cette décision.
Le Sénégal fait face à de nombreux défis, notamment économiques et financiers, exacerbés par une dette élevée. Le gouvernement a récemment alloué 53 milliards FCFA pour subventionner les prix des denrées alimentaires. Ces efforts visent à atténuer la cherté de la vie et à répondre aux inquiétudes des citoyens. La rationalisation des institutions est partiellement motivée par la nécessité de créer des marges budgétaires pour des initiatives sociales. Il est crucial que le gouvernement équilibre ces préoccupations tout en maintenant la confiance du public.
La décision de dissoudre le CESE et le HCCT a suscité des réactions mitigées au sein de la société. Certains voient cela comme une opportunité de réformer l’État et d’améliorer son efficacité. D’autres, cependant, craignent que cette mesure ne réduise la voix des citoyens dans le processus politique. Les implications politiques de cette décision pourraient entraîner un réajustement des alliances et une nouvelle dynamique dans l’Assemblée nationale. Cet ajustement pourrait également influencer la révision de la Constitution vers un modèle plus centralisé.
Notons que la dissolution du CESE et du HCCT marque un tournant particulier dans la gouvernance sénégalaise. Les implications de cette décision seront surveillées de près, tant sur le plan budgétaire qu’en termes de représentativité politique. Le Sénégal devra naviguer ces changements avec prudence pour garantir que les intérêts des citoyens restent au cœur des préoccupations gouvernementales.
Daouda Bakary KONE