(CROISSANCE AFRIQUE)-En marge du Forum Invest in Sénégal, qui se tient depuis hier à Dakar, et qui réunit de nombreux experts, investisseurs et responsables politiques autour des opportunités économiques émergentes dans la région, la Société Financière Internationale (IFC) a annoncé avec fierté avoir effectué son tout premier financement islamique en Afrique subsaharienne.
Dans le cadre de ce partenariat stratégique, qui marque une étape notable dans le développement économique sénégalais, l’IFC s’engage à accorder jusqu’à 40 millions de dollars de financement islamique à la BIS. Ce soutien financier essentiel est conçu pour aider cette institution bancaire à tripler son portefeuille de financements destinés aux MPME, visant ainsi à atteindre un objectif audacieux de près de 350 millions de dollars sur une période de cinq ans.
Cette initiative innovante s’incarne par la mise à disposition de la Banque Islamique du Sénégal (BIS) de fonds importants, en vue de soutenir un secteur crucial de l’économie sénégalaise : l’amélioration significative de l’accès au financement pour les micro, petites et moyennes entreprises (MPME) au Sénégal. Ce projet ambitieux prend également en compte la nécessité d’une inclusion financière accrue, comprenant naturellement celles détenues ou dirigées par des femmes, souvent sous-représentées dans le paysage économique traditionnel.
De manière inspirante, au moins 10 % de ces fonds seront expressément alloués aux entrepreneures, renforçant ainsi l’autonomisation économique des femmes. Selon les estimations optimistes d’IFC, ce financement stratégique pourrait bien contribuer à la création de jusqu’à 7 000 emplois directs et indirects dans les années à venir, posant ainsi les fondations d’une prospérité économique renouvelée pour le Sénégal.
Le financement islamique, qui est un système financier structuré selon les principes stricts de la loi islamique (charia), représente un potentiel incroyablement vaste pour améliorer l’inclusion financière dans des marchés africains qui restent sous-équipés et souvent marginalisés. Prenons l’exemple du Sénégal, un pays où environ 94 % de la population se dit musulmane : en 2024, les actifs bancaires islamiques n’y constituaient qu’environ 8,3 % du total des actifs bancaires. Ce chiffre montre un potentiel immense pour une expansion future et plus intégrée de ce type de financement.
Le partenariat récent avec IFC (International Finance Corporation) et la Banque Islamique du Sénégal (BIS) témoigne de l’engagement résolu de la banque à soutenir les entrepreneurs locaux et à stimuler une croissance économique inclusive et durable. La directrice générale, Aminata Faye Seck, a souligné que ce soutien financier renforcera significativement leur capacité à intervenir efficacement auprès des micros, petites et moyennes entreprises.
Un accent particulier sera mis sur la promotion des femmes entrepreneures, un aspect crucial dans le contexte socio-économique actuel. En outre, cette collaboration permet également d’avancer dans le développement de la finance islamique au Sénégal par l’introduction de solutions innovantes et adaptées aux réalités du marché local. La Directrice générale de la BIS a exprimé sa vision de créer un environnement financier qui n’est pas seulement inclusif mais aussi en parfaite harmonie avec les valeurs culturelles et religieuses de la majorité des Sénégalais.
Pour Ethiopis Tafara, qui occupe le poste de Vice-président de la Société Financière Internationale (IFC) chargé des opérations en Afrique, cette transaction revêt un caractère véritablement historique, car elle marque le tout premier financement conforme aux principes islamiques effectué par l’IFC en faveur de l’Afrique subsaharienne. Ainsi, cet accord prometteur jouera un rôle crucial en contribuant à l’élargissement de l’accès au financement pour les micro, petites et moyennes entreprises (MPME) installées au Sénégal, lesquels forment indéniablement l’épine dorsale et le moteur principal de l’économie nationale du pays.
« Ce partenariat est en parfaite adéquation avec la stratégie globale d’IFC, qui est de soutenir activement les MPME dans le but de stimuler la création d’emplois, de promouvoir une inclusion financière renforcée, et d’autonomiser concrètement les femmes entrepreneures. Cela doit permettre de favoriser un modèle de croissance à la fois durable et inclusif à travers toute la région », a déclaré Ethiopis Tafara, Vice-président d’IFC pour l’ensemble du continent africain.
Notons que l’IFC prévoit d’aller au-delà de ce simple financement en fournissant également un ensemble de services-conseils spécialisés. Ces services visent à renforcer le cadre de gestion des risques de la Banque Islamique du Sénégal (BIS), à améliorer de façon significative ses normes environnementales et sociales, et à doter la banque d’une stratégie de financement des MPME qui soit ciblée et efficace afin de mieux répondre aux besoins spécifiques et diversifiés des petites entreprises locales.
Korotoumou Sylla