(CROISSANCE AFRIQUE)-Il s’agit d’un seuil symbolique que l’or vient de franchir avec éclat et qui attire l’attention du monde financier. Pour la toute première fois dans l’histoire des marchés, le métal précieux, souvent appelé le « métal jaune », a surpassé la barre impressionnante des 4 000 dollars l’once pendant une séance de trading volatile, atteignant exactement 4 001,11 dollars lors des échanges intenses qui ont eu lieu sur les marchés ce mercredi.
Cette performance remarquable survient après une progression spectaculaire de plus de 40 % depuis le début de l’année, un chiffre qui paraît encore plus impressionnant lorsqu’on le compare à une croissance de plus de 100 % sur les deux dernières années. Ainsi, l’or se réaffirme, sans conteste, comme la valeur refuge par excellence pour les investisseurs du monde entier. Ces derniers se tournent vers ce métal, surtout dans un climat global où les incertitudes économiques s’intensifient, les tensions géopolitiques se multiplient et l’instabilité politique semble s’aggraver chaque jour davantage.
Selon divers experts et analystes spécialisés dans l’économie mondiale, cette accélération fulgurante du cours de l’or s’explique principalement par le contexte budgétaire extrêmement tendu actuellement observé à Washington. À la capitale des États-Unis, les dissensions et blocages récurrents entre le Congrès et l’administration fédérale ont conduit à un nouveau « shutdown » du gouvernement fédéral.
Ce blocage institutionnel, largement médiatisé, associé à une crise de confiance croissante envers ce que beaucoup considéraient jadis comme l’apparente solidité des finances publiques américaines, alimente puissamment les craintes d’un possible défaut technique. Face à ces risques croissants, les investisseurs, de plus en plus méfiants, préfèrent se tourner vers des actifs financiers considérés comme non souverains, tels que l’or, accentuant ainsi sa popularité et sa valorisation sur les marchés financiers internationaux.
Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, un événement très médiatisé et attendu, a non seulement marqué un moment charnière dans la politique américaine, mais a également ravivé dans le monde entier les craintes face à une potentielle instabilité politique accrue, exacerbée par ses décisions souvent controversées. Cela est particulièrement dû à l’imprévisibilité notoire de ses décisions administratives, particulièrement visibles sur le front commercial, où ses menaces répétées d’imposer de nouveaux droits de douane contre des puissances économiques significatives comme l’Union européenne et la Chine, comportant des implications économiques vastes et profondes, ont, encore une fois, chamboulé les équilibres économiques mondiaux, déjà fragiles, de manière imprévisible et constante.
À cela s’ajoutent les pressions de plus en plus marquées exercées par le président américain sur la Réserve fédérale, qu’il pousse constamment vers un assouplissement monétaire plus rapide, une stratégie qui, selon de nombreux observateurs, pourrait avoir des repercussions pour la stabilité économique à long terme. Ce jeu d’influence, semblable à une danse politique complexe et incertaine, a jeté un doute significatif sur l’indépendance de l’institution, une Fed perçue comme affaiblie et politisée devenant ainsi, dans l’opinion de nombreux investisseurs internationaux, une source d’inquiétude additionnelle pour un marché global à bout de souffle.
Depuis le début de l’année, et malgré de timides espoirs de réconciliation diplomatique, la guerre persistante en Ukraine continue d’être une source majeure de préoccupation, sapant les fondations de la paix en Europe de l’Est et exacerbé par une tension palpable entre les grandes puissances mondiales. Parallèlement, la situation au Proche-Orient est devenue de plus en plus instable depuis les événements dramatiques d’octobre 2023, qui ont ravivé les conflits latents et ajouté de nouveaux défis à une région déjà en proie à des bouleversements sociaux et politiques.
En France, une crise politique interne semble se dessiner de manière inquiétante, remettant en question la cohésion sociale et la confiance des citoyens envers leurs institutions démocratiques. Ainsi, cet environnement mondial, déjà complexe, s’est fragmenté de façon alarmante. Cette fragmentation pousse de nombreux acteurs économiques et politiques à adopter une attitude de prudence accrue. Ils cherchent désespérément à stabiliser leurs opérations et à maintenir un équilibre dans un contexte de plus en plus incertain et volatile. Ces multiples crises imbriquées accentuent la nécessité d’une coopération internationale renforcée et d’un engagement sans précédent pour surmonter les innombrables défis posés à notre époque.
Le franchissement de la barre symbolique des 4 000 dollars par l’once d’or ne constitue pas simplement une réaction instinctive à un climat exacerbé par la peur ou les nombreuses incertitudes économiques qui caractérisent l’époque actuelle. C’est également le reflet d’une réallocation réfléchie et stratégiquement calculée des portefeuilles d’investissements à travers le globe, comme l’indiquent les propos de Charu Chanana, une stratégiste chevronnée et respectée chez Saxo Capital Markets, cité par Bloomberg.
Ce mouvement est en soi un témoignage de la tendance grandissante où les banques centrales, mises sous les projecteurs, surtout celles opérant dans les économies émergentes qui connaissent une croissance rapide, s’engagent activement dans le processus de renforcement de leurs réserves d’or à un rythme soutenu. Ces institutions financières cherchent non seulement à diversifier leurs avoirs pour limiter les risques, mais elles aspirent également à bâtir une solide protection contre les divers risques, notamment ceux émanant des sanctions financières internationales ou de la volatilité excessive qui est souvent observée sur les marchés des changes mondiaux. Cela s’inscrit dans une stratégie plus large d’assurance, une sorte de rempart financier contre les soubresauts économiques qui pourraient potentiellement déstabiliser les économies et entraîner des conséquences sévères à l’échelle mondiale.
La performance éclatante de l’or a désormais surpassé celle des marchés actions sur l’ensemble du XXIe siècle, ce qui ne manque pas d’attirer l’attention des experts financiers et des investisseurs du monde entier. L’importance croissante de l’or en tant qu’actif de prédilection est indéniable. « Les chiffres parlent d’eux-mêmes, car l’or a déjà engrangé plus de 40 % en 2025, une performance remarquable et se projette vers une troisième année consécutive de gains à deux chiffres », souligne Stephen Innes, expert aguerri et directeur avisé chez SPI Asset Management, dans une analyse minutieusement rapportée par Boursorama. Depuis la crise financière dévastatrice de 2008, période durant laquelle l’or avait franchi la barre des 1 000 dollars, jusqu’à la pandémie mondiale de COVID-19 et ses répercussions continues, l’or n’a cessé de montrer sa résilience et sa capacité à offrir un refuge stable et sécurisé en période d’incertitude économique.
Notons que l’or s’est révélé être un moyen de diversification efficace pour les portefeuilles d’investissement, consolidant ainsi sa réputation de valeur refuge. Dans des temps marqués par des fluctuations monétaires, des conflits géopolitiques croissants et une inflation mondiale préoccupante, nombreux sont ceux qui se tournent vers l’or, cherchant à préserver leur patrimoine face à des marchés souvent volatils et imprévisibles.
Moussa KONÉ