Au Burkina Faso, le plus grand festival du cinéma africain et de sa diaspora célèbre dans la capitale du Burkina Faso le septième art avec une sélection de 239 films en provenance de 50 pays et l’espoir d’un renouveau. Pour rappel, de nombreux films africains se sont déjà distingués en étant nominés aux Oscars et dans plusieurs festivals étrangers, preuve que le cinéma africain peut lui aussi s’exporter en Afrique
En 2015 par exemple, le film Timbuktu, du réalisateur malien Abderrahmane Sissako, a marqué un grand coup dans l’histoire du cinéma africain en raflant cinq récompenses à la cérémonie des Césars en France, dont les Césars du meilleur film et du meilleur réalisateur.
Mali absent, une première
Le Mali est pour la première fois absent de la compétition des fictions. Les festivaliers attendent de vraies découvertes cinématographiques de tout le continent. Parmi les heureux élus se trouve par exemple This is not a burial, it’s a resurrection, déjà primé par le Prix spécial du jury au festival Sundance, réalisé par Lemohang Jeremiah Mosese de Lesotho, un pays de 2,3 millions d’habitants où il n’y a pas de salles de cinéma, seulement quatre cinémas itinérants, et où seulement « dix personnes vivent actuellement de la réalisation de films dans le pays »
L’Égypte assure deux films sur la liste.
Par ailleurs, pour assurer dans la compétition la présence de réalisateurs d’un maximum de pays africains, le nouveau directeur général du Fespaco, Alex Moussa Sawadogo, a joué la carte de la diversité. La catégorie reine de la compétition affiche 17 fictions longs métrages de 15 pays différents, seul l’Égypte assure deux films sur la liste.
Cependant, la multiplication des festivals (FESPACO au Burkina Faso, Festivals de Carthage en Tunisie, les Ecrans Noirs au Cameroun pour ne citer que ceux-là), illustrent l’envie des acteurs africains du 7ème art de mener des réflexions sur l’avenir du secteur et de récompenser les meilleures œuvres du continent.
Manque d’infrastructures cinématographiques
Il faut le signaler, l’Afrique manque d’infrastructures cinématographiques, nécessaires pour la vulgarisation de ses films. Ceci se manifeste surtout dans la disponibilité des salles de cinéma dans les pays africains, une statistique qui n’épargne pas les deux puissances cinématographiques du continent (Nigeria, Afrique du Sud).
L’absence de financement affaiblit le secteur
Selon le 2018 Framing the Shot : Key Trends In African Film, on comptait seulement 142 écrans au Nigeria en 2017 et 782 en Afrique du Sud. A titre comparatif, ces chiffres sont de 40 393 écrans aux Etats-Unis, 50 776 en Chine et 11 209 en Inde.
Même si cela reste insuffisant pour répondre à la demande, de nombreux gouvernements ont également essayé de mettre en place des fonds pour promouvoir le cinéma à l’échelle locale.
Par exemple, les autorités béninoises ont mis en place depuis 2014 un Fonds d’appui à la production audiovisuelle (FAPA), ayant pour mission de « promouvoir une production audiovisuelle nationale, qualitative et quantitative, reflétant la vie quotidienne, les attentes et les aspirations des populations béninoises ».
En 2010, le président nigérian Goodluck Jonathan avait annoncé un don de plus de 200 millions USD en faveur du cinéma nigérian.
La liste des 17 longs métrages fiction en compétition au Fespaco 2021 :
Air conditioner, de Mario Bastos (Angola)
Baamum Nafi, de Mamadou Dia (Sénégal)
Bendskins (Moto Taxi), de Narcise Wandji (Cameroun)
Eyimofe (This is my desire), de Chuko Esiri (Nigéria)
Farewell Amor, d’Ekwa Msangi (Tanzanie)
Feathers, d’Omar El Zohainy (Egypte)
Freda, de Gessica Geneus (Haïti)
La femme du fossoyeur, d’Ahmed Khadar (Somalie)
La nuit des rois (Night of the Kings), de Philippe Lacôte (Côte d’Ivoire)
Les trois lascars, Boubakar Diallo (Burkina Faso)
Lingui, les liens sacrés, de Haroun Mahamat-Saleh (Tchad)
Nameless (Les anonymes), de Wa Nkunda Mutiganda (Rwanda)
Oliver Black, de Tawfik Baba (Maroc)
Souad, d’Amin Ayten (Égypte)
The White Line, de Desireee Kahikopo-Meiffret (Namibie)
This is not a burial, it is a resurrection, de Jeremiah Lemohang Mosese (Lesotho)
Une histoire d’amour et de désir, de Leyla Bouzid (Tunisie)
A noter que la croissance du taux de pénétration du mobile sur le continent (44% en 2018) et du taux de pénétration de l’internet (23% en 2018), s’est également accompagnée de la venue sur le marché africain de géants mondiaux du streaming tels que Netflix ou Prime Video.
Il s’agit d’un espoir pour un cinéma africain qui cherche à toucher un plus large public. Mais pour l’instant, ces plateformes de streaming, qui détiennent les plus grosses parts de marché du secteur (45% en Afrique subsaharienne uniquement pour Netflix) offrent des contenus majoritairement étrangers, malgré des ambitions affichées d’offrir plus de contenu africain.
Aujourd’hui, le fespaco 2021 se tient dans ans un contexte mondial marqué par le dynamisme du secteur cinématographique, l’Afrique espère bien un jour parvenir à concurrencer les superproductions américaines, européennes ou asiatiques.
Zangouna Koné