(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Cameroun, les groupes de la centrale électrique à gaz de Kribi, dans la région du Sud du Cameroun, ont été remis en marche. Ils avaient été mis en arrêt depuis le mois de septembre 2024, en raison des impayés de 137 milliards de FCFA réclamés à Eneo, le distributeur exclusif de l’électricité au Cameroun, par Globeleq, producteur indépendant qui gère les centrales à gaz de Kribi (216 MW) et à fioul de Dibamba (88 MW).
En fonction des besoins permettant d’équilibrer l’offre et la demande dans le pays, la production de cette infrastructure énergétique d’une capacité de 216 MW est à nouveau injectée dans le Réseau interconnecté Sud (RIN), qui couvre sept régions sur les 10 que compte le pays. Ces informations ont été révélées le 26 février 2025 à Yaoundé, la capitale camerounaise, par le ministre de l’Eau et de l’Énergie.
Gaston Eloundou Essombla s’exprimait ainsi au sein du panel « Industrie et énergie », organisé à l’occasion des premières Rencontres économiques du Cameroun, initiative du Groupement des entreprises du Cameroun (Gecam), la principale organisation patronale du pays. « Depuis vendredi dernier (21 février), nous sommes parvenus à un accord avec Globeleq, et la centrale de Kribi a été remise en service », a déclaré le membre du gouvernement.
Aussi, le ministre Eloundou Essomba n’a pas détaillé l’accord conclu entre l’État et Globeleq. Toutefois, de sources proches du dossier, on a pu apprendre que ces derniers jours, le Trésor public camerounais a procédé à la mobilisation de financements sur le marché des titres publics de la BEAC, pour apurer partiellement la dette réclamée à Eneo par Globeleq.
« L’État reprend généralement à son compte les factures d’électricité non payées par les Collectivités territoriales décentralisées (CTD) et les entreprises publiques comme la Compagnie camerounaise de l’aluminium (Alucam) », selon les sources proches du dossier.
Eneo estime à plus de 100 milliards de FCFA les impayés de l’État et ses démembrements. Une partie de ces impayés est souvent versée à Eneo par le Trésor public, avec obligation pour cette entreprise contrôlée par le fonds d’investissement britannique Actis, d’apurer à son tour ses impayés auprès de fournisseurs comme Globeleq. La remise en service de la centrale en gaz de Kribi, a annoncé le ministre Eloundou Essomba, devrait au moins atténuer les délestages observés dans le pays depuis plusieurs semaines, avec des impacts négatifs sur les ménages et les activités économiques.
En effet, depuis décembre 2024, et malgré la montée en puissance de la production du barrage de Nachtigal (420 MW), qui débite déjà 360 MW, le pays croule sous un déficit de production d’électricité atteignant parfois 100 MW par jour, selon les acteurs du secteur de l’électricité.
Notons que cette conjoncture, apprend-on, est consécutive aux effets combinés de l’arrêt de la centrale à gaz de Kribi, de l’étiage et des changements climatiques qui ont provoqué une baisse parfois drastique de la production des centrales de Songloulou (384 MW), Edéa (276 MW) et Memve’élé (211 MW).
S’agissant de la centrale de Memvé’élé notamment, le ministre de l’Eau et de l’Énergie révèle que l’absence d’eau sur le Ntem (fleuve sur lequel est construite l’infrastructure, NDLR) du fait de l’étiage, a d’ailleurs conduit à l’arrêt pur et simple de cette centrale à certaines périodes.
Korotoumou Sylla