Contribution/croissanceafrique
Les maliens parlent de paix, d’union, de cohésion sans y croire réellement. Ce qui est dit n’est jamais ce qui est fait. Et cela depuis l’indépendance du pays. Lorsque l’US RDA est arrivée au pouvoir, sa politique a exclu tous ceux qui n’étaient pas avec elle.
Les militants du PSP ont été bannis, combattus. Mais eux aussi étaient dans une posture d’affrontement. Personne n’a œuvré dans le sens de l’union sacrée sincère pour bâtir réellement une nation forte. Chacun croyait l’autre incapable. A l’avènement des militaires, tous ceux qui n’étaient pas d’accord ont été combattus. Même ceux qui ont été cooptés par eux ce sont mués et ce sont tus.
En 1991 les pères de la démocratie ont affronté avec acharnement les partisans de l’ancien régime. Et ceux qui avaient pu se refaire sous le nouveau régime n’ont jamais su assumer leur passé. Au Mali on saute toujours d’un point à un autre. On ne mesure jamais les conséquences. On ne résolve jamais les problèmes. Chacun se conforme, se repositionne, pour juste pouvoir survivre. Alors de conformisme, en repositionnement on enfonce avec certitude la patrie.
Les années de l’indépendance ont parait-il été les meilleures. N’ont-elles pas eu des insuffisances ? Cela personne ne le diagnostiquera. Elles l’ont été, c’est tout, rien à retenir, avançons, c’est du passé. Les militaires ont réussi à redorer le respect du malien. Comment l’ont-ils réussi ? On en parle chaudement, en bon supporter, dans les grins, et voilà c’est dit.
La démocratie est une déchéance totale dit-on au Mali. Mais on oublie volontairement qu’elle a apporté la liberté d’expression, le multipartisme, l’alternance au pouvoir. Evidemment elle est à parfaire, à faire évoluer. Mais non, on ne pense pas à cela, on la rejette brutalement, et l’ont choisi l’inconnu. C’est cela le malien. Ils parlent tous ensemble, croyant être ensemble. Malheureusement ils ne s’entendent point, parce que personne n’écoute personne.
Le président Modibo Keïta a été un des célèbres pères fondateurs de l’unité africaine et, il a été même le leader qui a inventé la désignation « les non-alignés » sur la scène internationale, mais pourtant il est mal connu internationalement, et même peu cité dans les discours. Amadou Hampathé Bah, a été un grand penseur malien, mais qui est souvent pris pour sénégalais.
Une fois même le président IBK a été obligé d’appeler la radio RFI pour faire comprendre qu’une citation célèbre de l’écrivain était bel et bien malienne. Le Bogolan malien est aujourd’hui attribué plus à la Cote d’Ivoire. Le Dabléni est plus connu comme Bissap. Le Mafê, est plus utilisé que le tigadêguê à travers le monde. Actuellement le dozo est plus prononcé que le donso sur les médias internationaux. Le Mali n’a plus aucune hauteur, aucune influence, aucune grandeur, il est devenu un symbole de déchéance et de perturbation.
Pourtant les maliens se vantent encore d’être les dignes héritiers de « nobles bâtisseurs d’empires ». Un peuple qui ne se connait même plus. Des populations qui formaient presqu’une nation, et qui a décidé présentement de se fragmenter. La religion ne fédère plus les maliens. Les passerelles sociales se sont effritées.
Les markas se cramponnent entre eux, sans véritablement résoudre leurs problèmes endogènes. Les malinkés et les bambaras continuent de minimiser les peulhs et tous ces autres du nord sans aucune raison, et sans pouvoir se comprendre. Les peulhs se croient parfaits et plus nobles en ne se basant que sur du superflu.
Le sonrhaï se recroqueville, et pense que tout peut se gérer avec et dans sa communauté. Les tamasheqs se croient exceptionnels et veulent que tous travaillent pour leur seul bonheur. Même les dogons qui étaient parmi les ethnies les plus sages, les plus pacifistes se sont transformés en une communauté belliqueuse, constamment énervée. Les maliens ont décidé de disloquer leur patrie. Ils veulent le faire parce que quelques individus trouvent leur compte dans cette cacophonie.
Quand les autres valorisent leur nation, modernisent leur pays, renforcent leur union pour mieux rentrer dans la mondialisation pour pouvoir convenablement tenir, et pour y trouver leur part, le malien casse son collectif, parce que chacun veut sa part individuelle. Le malien dévalorise le savoir, désacralise le respect, et démystifie le patriotisme. Les maliens s’excluent, s’affaiblissent et affaissent leur pays. Cela fait mal, mais c’est cela qui se fait, malheureusement au vu et au su de tous les maliens.
Moussa Sey Diallo, élu communal