(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Congo, Christian Yoka, le nouveau ministre de l’économie et des finances, s’est fixé pour objectif de réduire le ratio de la dette par rapport au PIB à 70 % dans un délai de cinq ans. En effet, il a déclaré : « C’est un fardeau considérable, et avec les remboursements auxquels le pays doit faire face, cela pèse sur les réserves de change. »
Pour atteindre ce but, il envisage de réduire certaines dépenses budgétaires et de renégocier les conditions de remboursement de certains emprunts. « Si nous continuons à emprunter uniquement pour financer les dépenses courantes, nous allons droit dans le mur, c’est sûr. Mon but est de me concentrer sur la problématique de la dette et d’explorer la possibilité de renégocier certaines conditions, voire de refinancer afin de réduire cette pression, » a-t-il expliqué.
La gestion de l’endettement est un défi constant pour le Congo. Après l’annulation de sa dette dans le cadre de l’initiative PPTE, le pays avait vu son taux d’endettement passer de 122,6 % du PIB en 2004 à 30,1 % en 2011. Cependant, il a rapidement régressé, atteignant 115,31 % en 2017, 111,10 % en 2020, pour finalement se stabiliser à 99,8 % au 31 décembre 2023.
En 2024, en raison de problèmes de liquidité, Brazzaville a manqué plusieurs échéances de remboursement sur sa dette intérieure de marché, ce qui a contraint les autorités à mettre en place un plan de rééchelonnement sur dix ans. Les agences de notation Fitch et S&P avaient alors déclassé la note du pays, le plaçant au bord du défaut de paiement.
La stratégie de Yoka sera soumise à l’évaluation dès cette année 2025, alors que le pays doit gérer des charges de trésorerie (remboursements de la dette extérieure et intérieure) s’élevant à 849 milliards FCFA. La loi de finances de l’année prévoit qu’une partie de ces remboursements soit couverte par de nouveaux emprunts auprès de partenaires et sur le marché domestique.
Par ailleurs, le Congo fait face à un stock significatif d’arriérés, dépassant 1 500 milliards FCFA à la fin de 2023, ce qui représente un autre défi pour le ministre des Finances.
Selon le FMI, le gouvernement a réalisé d’importants remboursements d’arriérés via la titrisation et en allouant des ressources conséquentes dans son budget. Néanmoins, « le stock d’arriérés intérieurs n’a que très peu diminué entre 2020 et 2023 (seulement une baisse de -0,4 point de pourcentage), » ce qui indique qu’il reste nécessaire de fournir des efforts supplémentaires pour améliorer la solvabilité de l’État.
Avant de quitter ses fonctions, Jean Baptiste Ondaye avait initié un projet d’échange de dette contre nature d’un montant de 126 millions USD. Selon Reuters, son successeur a mentionné qu’il traiterait cette initiative avec « prudence ».
Lorsqu’il a été interrogé sur la possibilité d’un nouveau programme de prêt avec le FMI, Christian Yoka a répondu qu’il était « trop tôt » pour en parler, tout en soulignant que « le FMI est un partenaire clé pour nous ». Avant d’envisager un nouvel accord, le ministre doit d’abord finaliser la sixième revue de l’accord actuel, avec une équipe du Fonds prévue sur place le mois prochain pour cet examen final.
Korotoumou Sylla