(CROISSANCE AFRIQUE)-Le marché des eurobonds, essentiel pour le financement des États africains, révèle à travers le cas de la Côte d’Ivoire les complexités et les opportunités de l’emprunt international.
Les obligations souveraines ivoiriennes, bien qu’essentielles pour le financement de projets de développement, soulèvent des questions sur les coûts engendrés par ces instruments financiers. Ce regard sur les eurobonds ivoiriens nous permet de déchiffrer les dynamiques du marché des emprunts souverains en Afrique, marquées par un intérêt croissant mais aussi par des défis spécifiques.
Les eurobonds, émis sur le marché international, permettent aux pays d’accéder à des capitaux en dehors de leurs frontières, diversifiant ainsi leurs sources de financement. Pour des pays comme la Côte d’Ivoire, l’émission d’eurobonds représente une opportunité de financer des projets de grande envergure, essentiels à leur développement économique et à la réalisation de leurs objectifs de développement durable.
Actuellement, les eurobonds ivoiriens montrent une valeur diminuée sur le marché secondaire, soulignant une réticence des investisseurs à long terme. Cette situation met en lumière le scepticisme du marché envers les économies africaines, même lorsque des pays comme la Côte d’Ivoire démontrent une stabilité monétaire et économique relative.
Comparaison des coûts d’emprunt: Côte d’Ivoire vs Afrique
La comparaison des coûts d’emprunt entre la Côte d’Ivoire et d’autres États africains révèle une surtaxe générale imposée aux pays africains. Ce phénomène, reconnu par des institutions telles que le FMI, souligne la nécessité d’une réévaluation des critères d’investissement pour refléter plus équitablement le risque réel associé aux économies africaines.
Plusieurs facteurs, au-delà de la liquidité des euro-obligations, influencent les coûts d’emprunt. Ces derniers incluent les perceptions des risques politiques, la qualité des statistiques économiques fournies par les pays, et la confiance générale dans la gouvernance et la stabilité des régions concernées. Ces éléments contribuent à accroître la prime de risque exigée par les investisseurs.
Le rôle du FMI et des agences de notation
Le Fonds monétaire international et les agences de notation jouent un rôle crucial dans l’évaluation des risques et dans la confiance des marchés envers les émetteurs d’eurobonds. Une notation positive peut faciliter l’accès aux marchés financiers internationaux, tandis qu’une évaluation négative peut sensiblement augmenter les coûts d’emprunt, comme démontré par les récents eurobonds ivoiriens.
Malgré les défis actuels, la Côte d’Ivoire montre des signes positifs de développement économique et de gestion de la dette. L’amélioration de la notation de S&P et une sortie réussie sur le marché des eurobonds début 2024 offrent une lueur d’espoir. Ces indicateurs suggèrent que, malgré les contingences, il y a une voie vers un financement plus accessible et plus équitable pour les pays africains.
Daouda Bakary KONE