COVID-19 AU MALI : Des atteintes aux droits des femmes et des filles

Date:

Le premier cas de Covid-19 au Mali a été déclaré le 25 mars 2020. Pour lutter contre sa propagation, plusieurs mesures ont été prises : confinement, fermeture des frontières, télétravail… Le Mali ne faisant pas exception à la règle, était obligé de suivre les consignes internationales. Le respect de ces mesures a entraîné beaucoup de violations des droits humains notamment ceux des femmes et des filles.

Tounkara Sophie Souko, directrice nationale de la promotion de la femme, confirme les impacts négatifs sur les droits des femmes en période de Covid-19 au Mali. Selon elle, 79% des entreprises ont subi une diminution ou une perte de leurs revenus, cela touche 73% des femmes. 6% des femmes disent avoir perdu complètement leurs revenus. Près de 20% des femmes ont dû arrêter leurs activités entre mars et avril 2020. Elles ont perdu environ 98% de leurs revenus à cause du ralentissement ou de l’arrêt de leurs activités génératrices de revenus, indique-t-elle.

Au Mali, selon Tounkara Sophie Souko, la transformation agro – alimentaire est l’un des secteurs particulièrement fragilisés par la crise. Un secteur qui emploie un nombre important de femmes. 63% des ménages déclarent avoir arrêté, retardé ou réduit certaines dépenses habituelles sous l’effet de la pandémie. L’une des conséquences de cette pandémie selon elle, est l’augmentation de la violence à l’égard des femmes et des filles. « Cela est dû aux restrictions de mouvements, la quarantaine et l’auto – isolement, les tensions, combinées à la peur et aux impacts négatifs sur les revenus des ménages. La fermeture des écoles a engendré l’abandon scolaire qui a comme conséquence les mariages précoces ou forcés, les grossesses non désirées …

Selon Bouaré Bintou Founé Samaké, ancien ministre de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille et présidente de Wildaf-Mali (Women In Law and development in Africa, un réseau de promotion et de protection des droits des femmes), « contrairement à beaucoup de pays, au Mali il n’y a pas eu une période de confinement mais beaucoup d’entreprises ont fermé avec des pertes d’emplois. Cette situation au Mali a provoqué des vives tensions dans des familles qui ont beaucoup impacté les femmes en ce qui concerne les violences basées sur le genre (VBG) ».

Cette période de Cobid-19 selon elle, a beaucoup impacté sur les activités économiques des femmes. Banamba est une zone de production du henné par excellence. « A cause de la fermeture des frontières, ces femmes ont perdu des millions de nos francs », a expliqué Bouaré Bintou Founé Samaké. Les femmes avaient des difficultés à accéder aux consultations prénatales car dans les établissements sanitaires, toute l’attention était portée sur la Covid-19.

« En ce qui concerne les filles dit-elle, avec la fermeture des écoles, certaines ont été données en mariage précoce, d’autres ont contracté des grossesses non désirées, entrainant la déscolarisation après la reprise des cours ».

Pour Aguibou Bouaré, président de la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH), la jouissance effective des droits de l’Homme a souvent été freinée à cause de l’application des mesures gouvernementales. « On a enregistré des limitations de la liberté de circulation, de réunion et d’association, y compris les limitations liées aux quarantaines, aux activités de loisirs des femmes », confirme-t-il.

Il a aussi mentionné que des restrictions à la liberté de commerce, au droit de travail ont été instaurées sans une véritable mesure d’accompagnement qui a conduit à l’augmentation du taux de chômage, singulièrement dans la population féminine. Pour lui, cette pandémie a eu des impacts négatifs sur la jouissance du droit à la santé en lien avec le Genre. Les risques spécifiques au genre tels qu’une exposition potentiellement plus importante à l’infection, la violence sexiste, l’aggravation des inégalités économiques entre les femmes et les hommes », affirme M. Bouaré.

Ballo Aminata Koné, point focal droits de l’enfant à Educo-Mali, le télétravail qui a été adopté par beaucoup de structures au Mali, a augmenté la violence faite aux femmes. Au Mali, selon Ballo Aminata Koné, les femmes évoluent plus dans le secteur des moyennes et petites entreprises notamment les petits commerces. Avec la pandémie, les ressources ont été diminuées voire arrêtées chez certaines.

S’agissant des filles, elle soutient que la fermeture des écoles pendant cette période a causé une recrudescence des maltraitances des enfants. Les enfants notamment les filles ont été privées de leurs droits à loisirs et d’épanouissement, a-t-elle ajouté.

Mariam Traoré est une malienne qui fait du commerce des habits confectionnés au Burkina Faso notamment « Le Faso Danfani ». Elle explique qu’avec la fermeture des frontières, cela a beaucoup impacté négativement son économie. Elle affirme n’avoir reçu aucune aide de l’Etat.

La Constitution du Mali du 25 février 1992 garantit les droits aux citoyens des deux sexes sans discrimination et proclame dans son préambule, la défense des droits de la femme et de l’enfant ainsi que la diversité culturelle et linguistique de la communauté nationale. La Constitution malienne s’attache à garantir les droits et libertés sans discrimination ainsi que la séparation et la diversification des pouvoirs en vue de préserver l’État de droit.

La Politique Nationale Genre au Mali (PNG-Mali) concrétise ses engagements nationaux, internationaux à l’édification d’une société démocratique et d’un État de droit dans lequel l’égalité entre les femmes et les hommes constitue une valeur fondamentale telle qu’inscrite dans la Constitution du pays du 25 février 1992.

‘’Ce reportage est publié avec le soutien de Journalistes pour les Droits Humains (JDH) et Affaires Mondiales Canada’’

Ibréhima Koné

croissanceafrik
croissanceafrikhttps://croissanceafrique.com
Croissance Afrique (sarl) est un Média multi-support qui propose plusieurs rubriques axées sur l’actualité économique du continent. Le magazine est un journal (en ligne) qui traite spécialement les informations financières dédiées à l’Afrique. Il est également le premier média malien spécialisé dans la production d’Informations Économiques, financières, Stratégiques, et orienté vers le reste du monde. Le Magazine a été fondé en Novembre 2017 à Bamako.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Partager:

Populaires

Lire aussi
RELATIFS

Mali : le colonel Assimi Goïta inaugure le Complexe Agro-Industriel (SDA) de Seydou Keita

(CROISSANCE AFRIQUE)-Le 2 juillet 2024 marque une étape importante...

Afreximbank Spouse Network fait don de 100 000 dollars US à des associations caritatives locales de Nassau, Bahamas

(CROISSANCE AFRIQUE)-Mme Ann Marie Davis, Première Dame du Commonwealth...

Le Pont Henri Konan Bédié : Une réussite économique en Côte d’Ivoire avec 18,18 milliards de FCFA en 2022

(CROISSANCE AFRIQUE)-L'inauguration du Pont Henri Konan Bédié (HKB) en...

L’avenir de l’économie mondiale : l’Ivoirien Patrick Achi rejoint la task force du FMI et de la Banque mondiale

(CROISSANCE AFRIQUE)-La récente nomination de Patrick Achi par le...