IBK LE HIGHLANDER POLITIQUE DU MALI, « tout le monde meurt sauf IBK ». Cela pourrait être le titre d’un film hollywoodien. Mais, cela se passe ici au Mali.
IBK a l’une des plus belles carrières politiques qu’ un homme politique puisse avoir. Il a semblé gravir les échelons sans égratignures apparentes: Ambassadeur, Ministre des Affaires étrangères, Premier ministre, Président de l’Assemblée nationale et Président de la République.
En 2013, Président de la République, son mandat est l’un des plus mouvementés: instabilité gouvernementale, scandales à répétition, insécurité, grèves, népotisme, corruption et surtout l’échec du projet de révision constitutionnelle…
C’est dans ce contexte difficile qu’ a eu lieu cette élection sous la commande du Premier ministre Boubeye. Pari difficile vu le timing. Les acteurs étaient conscients des conditions difficiles surtout au centre et au nord. Cependant, tous étaient dans une logique qu’il fallait coûte que coûte tenir cette élection malgré les imperfections et les risques de fraude. Je reviendrai dessus dans un autre décryptage.
IBK a été fragilisé par ces différentes crises. Cependant, pour cette élection, les cartes importantes sur lesquelles il fallait compter, c’est les stratégies: éviter une grande coalition, espérer une multitude de candidatures d’où celle d’ Amion, Harouna et autres, retourner un contre concept à sa faveur, les infiltrations, la guerre de la communication, le terrain et le parfait amour avec la CMA…
IBK avait une longueur d’avance en terme d’ information, de moyens d’État sur tout le monde. Tandis qu’ on se chamaille pour une histoire de Boua ba bla, IBK annonce sa candidature à la dernière minute et dépose son dossier le premier et du coup, il est le premier sur le bulletin de vote.
IBK malgré les défections, a réussi à resouder ses rangs, à avoir les faveurs de l’ ADEMA. Le RPM n’avait jamais été aussi bien uni et prêt que durant cette campagne. Malgré les coups d’essai avec le PM Abdoulaye Idrissa Maiga, le RPM a réussi à avoir sa réserve au moins.
Il était plus facile pour IBK de battre Soumi au second tour que Aliou Diallo ou CMD. Entre deux éléments d’un même système, entre deux bouas, le match sera plié à sa faveur.
Le 3è et le 4è qui appellent à ne voter aucun des deux candidats du second tour , c’était de nature à faire relire facilement IBK. Leur ni…ni était une consigne de vote implicite pour IBK.
Il y a aussi le soutien implicite des religieux pro Haidara et Wahabites pour IBK. Pas besoin de déclaration officielle de leur part.
Le bilan d’IBK n’a pas été ciblé par l’opposition. C’était une histoire de Boua que le régime a retourné contre eux.
Son large score au premier tour et au nord peut s’expliquer par des hypothèses suivantes:
– l’argument de l’opposition concernant le bourrage des urnes au nord: cet argument s’il est vrai joue plus contre l’opposition elle-même. Les observateurs internationaux qui pèsent que nos observateurs nationaux c’est l’ UE. Dès lors que ceux-ci n’ont pas été déployés au nord, il devient difficile pour l’ opposition d’avoir le soutien d’un poids lourd neutre.
En plus, aller au second tour malgré ces fraudes dénoncées, c’est une caution que Soumi a donnée pour la validité du second tour. Car le même score devrait être reconduit pour justifier celui du premier tour sous peine de prêter encore plus le flanc. En plus l’ opposition se plaît à chanter qu’ elle a contraint le président sortant à un second tour, et celui-ci en rigole que c’est la preuve que cette élection est la plus transparente. En 2007, ces mêmes soupçons de fraude ont émaillé l’élection d’ATT soutenu par l’opposition d’aujourd’hui.
– la seconde hypothèse non négligeable: le poids invisible de l’ Adema. Le score de Dramane Dembele avec l’ Adema était aux environs de 9% en 2013. En 2018, avec les deux dissidents, leurs scores montrent que l’électorat Adema est resté fidèle à la ruche. Sans oublier les autres soutiens.
D’un point de vue réaliste, les scores d’IBK dans les plus grandes circonscriptions électorales ne semblent souffrir d’aucune contestation par Soumi (Sikasso, Bamako, Koulikoro, Segou et Kayes).
A mon avis, sans bourrage, la victoire d’IBK aurait été claire et nette sans bavure en face de Soumi. Le score ne pouvait qu’ être minime pour IBK. Mais victoire quand-même.
S’il y a eu bourrage, c’est une faute lourde qui pouvait être évitée.
Enfin, le taux faible de participation au second tour est plus un indicateur de la défaite de Soumi car c’était à lui de refaire un retard. Un taux fort aurait été contre IBK.
IBK a eu plus d’une vie politique. C’est l’immortel politique. Donné pour mort, il a survécu face à ses propres balles et celles de ses adversaires. Le HIGHLANDER.
Prochain décryptage: Soumaila Cissé, les erreurs qui paient cash.
Source: Niaga Diop, homme politique Malien.
Par croissanceafrique.com