(CROISSANCE AFRIQUE)-Après des décennies d’efforts, le Coton est devenu la culture commerciale principale dans les pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, incluant le Bénin, le Burkina Faso, le Mali et le Tchad, connus collectivement sous le nom de « C4 » selon un rapport de la Banque Mondiale. Au Mali, la contribution du secteur coton au PIB est estimée à 15%. Cependant, le secteur du Coton à besoin des reformes structurelles. La preuve, le Mali du Général Assimi Goïta a entamé des fusions stratégiques au sein de la Holdin-CMDT visant des reformes profondes, couplées aux projets de refinancement, appuyés par des Banques Agricoles du Mali en 2025
En plus de bénéficier de conditions agro-climatiques favorables, la production cotonnière a vu une augmentation significative grâce à une structure du secteur intégrée verticalement, semblable à celle de nombreux autres pays producteurs de coton. Ainsi, cela a permis de réduire les risques de free-riding, qui, selon la Banque Mondiale, auraient pu compromettre la rentabilité du secteur. En Afrique de l’Ouest, plus de 16 millions de personnes dépendent directement ou indirectement de la culture du coton. Cependant, les subventions accordées par les pays développés ont entraîné une baisse des prix du coton, rendant la concurrence difficile pour les producteurs d’Afrique occidentale. De plus, les négociations de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) sur le coton ont été suspendues, exacerbant la situation.
Cette dynamique illustre le rôle prépondérant du coton dans la sphère économique et sociale en Afrique de l’Ouest. La Banque Mondiale souligne l’importance de consultations sur la crise du coton dans cette région afin de trouver des solutions acceptables pour toutes les parties concernées. Elle aborde également les défis à relever ainsi que les mesures à instaurer à moyen et long terme pour éviter l’effondrement du sous-secteur.
Rôle des Banques Maliennes dans le financement du Coton
Concernant le rôle des banques agricoles au Mali, la Banque Nationale de Développement Agricole (BNDA) et la Banque de Développement du Mali (BDM-SA) se positionnent en chefs de file dans ce domaine. Avec un financement de 150 milliards de francs CFA (228,6 millions d’euros), la Compagnie Malienne de Développement du Textile (CMDT) a annoncé des investissements majeurs dans des technologies innovantes visant à optimiser les rendements d’ici 2025. L’objectif est de récupérer le titre de premier producteur africain de coton.
Malgré la forte concurrence, le Mali redouble d’efforts en collaborant avec 14 banques maliennes et internationales pour financer la campagne cotonnière 2024-2025, une opération dirigée par la BDM-SA. De plus, la CMDT et le consortium bancaire ont signé une facilité de 40 milliards de FCFA pour soutenir la campagne cotonnière 2020/2021, avec la BDM-SA jouant le rôle de coordinateur. De cette manière, la CMDT s’emploie à réunir toutes les conditions nécessaires pour relancer la culture du coton, en mobilisant les facteurs de production et en sensibilisant les producteurs. Les conditions actuelles, telles que la hausse des prix mondiaux du coton, le stock d’intrants disponible, et l’engagement du gouvernement, offrent des perspectives de succès pour cette relance.
En 2019, une convention de partenariat stratégique a été signée entre la BDM-SA et la Banque Africaine de Développement (BAD) pour une ligne de crédit de 20 milliards de FCFA destinée à divers secteurs de l’économie malienne. Les crédits à court terme de la BNDA permettent de financer diverses activités pour les organisations paysannes et les PME agricoles. Ce soutien a été le 21ème financement annuel pour la CMDT, dont la production de coton fibre représente près de 98 % des exportations maliennes, contribuant à hauteur de 15 % du PIB du pays.
Burkina Faso, un pionnier à la reconquête
Au Burkina Faso, l’Agriculture, qui représente plus de 80 % de la population active et contribue à près de 20 % du PIB, renforce sa position avec le coton représentant 60 % des recettes d’exportation. Récemment, la Société burkinabè des fibres textiles (SOFITEX) a obtenu un prêt de 42,6 milliards de FCFA (65 millions d’euros) d’un consortium bancaire international. Ce financement facilitera la campagne cotonnière 2024-2025, où le Burkina Faso s’engage à produire 595 000 tonnes de coton conventionnel sur 700 000 hectares, après une saison précédente marquée par des résultats décevants.
Avec plus de 250 000 exploitations, la culture du coton est pratiquée par plus de 350 000 producteurs, apportant des moyens de subsistance à environ 3 millions de personnes. Toutefois, la crise que subissent les filières coton en Afrique, particulièrement celle du Burkina, entraîne des difficultés significatives, comme un déficit de 70 milliards de FCA et une chute de 26 % des revenus des producteurs entre 2004 et 2008. Les principaux acteurs de la filière comprennent les producteurs, les sociétés cotonnières, ainsi que l’État qui intervient dans le cadre de la politique agricole et la régulation de la filière. En termes des structures qui interviennent dans le financement des secteurs agricoles au Burkina Faso, des données officielles estiment que Très peu d’établissements de crédit s’intéressent au financement agricole. Certaines banques ont toutefois développé des interventions spécifiques dans le secteur rural. C’est le cas notamment des institutions financières comme Ecobank Burkina, CBI et la Bank Of Africa (BOA). Dans ce pays, veut également voir en hausse sa participation dans le domaine de la subvention et refinancement de l4agriculture imputé au Budget national.
Benin, concurrent serieux du Mali : Acteurs clé des reformes Agricole
Concernant le Bénin, l’agriculture joue un rôle crucial, générant 70 % de l’emploi et 30 % du PIB, avec le coton contribuant à 5 % du PIB et 27 % des exportations. L’intensification de la culture a entraîné une dégradation des sols, poussant le gouvernement à privilégier l’agro écologie pour préserver la durabilité de la filière coton. Le projet TAZCO, lancé en 2017, a permis à environ 10 000 producteurs d’adopter des pratiques agro écologiques, doublant leurs rendements. La phase 2 vise une adoption massive de ces techniques, avec un document synthétique publié pour guider les acteurs du secteur. Il existe des structures dédiées aux financements du secteur Agricole, notamment, le Fonds National de Développement Agricole (FNDA). Ce fonds a été créé pour encourager l’investissement privé dans l’agriculture au Bénin. Il collabore avec dix banques et quinze Systèmes Financiers Décentralisés (SFD) pour soutenir les PME et PMI agricoles avec des financements allant jusqu’à 500 millions de francs CFA à un taux d’intérêt maximal de 9 % par an, ainsi qu’une durée de remboursement de cinq ans. Les SFD, comme FECECAM et ALI. Dé, financent les petits producteurs jusqu’à 50 millions de francs CFA à un taux maximal de 12 % par an. Le FNDA aide aussi les exploitants agricoles à préparer leurs dossiers bancaires en partenariat avec des structures agréées par le Ministère de l’Agriculture. Il est important pour les exploitants de se rapprocher de ces structures pour constituer des dossiers bancables.
Tchad, le seul performant de la CEMAC : l’Afrique Centrale bien représentée
Pour le Tchad, qui figure parmi les principaux producteurs de coton, la campagne cotonnière 2023/2024 a dépassé les attentes avec une récolte de 110 000 tonnes. La contribution du secteur rural au PIB est notable, représentant 40 % de celui-ci. Toutefois, des défis demeurent, notamment le retard des pluies, qui peut affecter les anticipations de production pour la campagne 2024/2025, prévue à 150 000 tonnes. Malgré ses crises, la filière cotonnière au Tchad joue un rôle stratégique en matière économique, soulignant l’importance de son avenir dans la dynamisation du secteur agricole. L’accès au crédit dans le secteur agricole est crucial pour les investissements en Afrique. Face au manque de soutien bancaire au Tchad, plusieurs initiatives publiques, dont l’initiative Crédit agricole lancée par Abdallah Chidi Djorkodei le 7 juin 2025. Ces incitatives visent à aider les agriculteurs. Ce programme offre des prêts à taux zéro pour financer les activités agricoles, avec un budget de 1,2 milliard Fcfa destiné à couvrir huit provinces. Cela permettra de cultiver 17 158 hectares et de créer plus de 45 000 emplois. Le comité de crédit travaille également sur des projets pour neuf provinces dans la partie nord du pays. En 2020, le secteur agricole représentait 54 % du PIB du Tchad et employait environ 70 % de la population active.
Pourquoi reformer le secteur du Coton Africain ?
La réforme du secteur cotonnier est essentielle pour maximiser son impact économique. Depuis l’indépendance, les pays de l’AOC ont intensifié leurs efforts, faisant du coton une source clé de revenus, représentant 23% à 45% de leurs exportations. La production a fortement augmenté, plaçant la région comme le troisième exportateur mondial. Des réformes du mécanisme de prix et l’élimination des contraintes d’approvisionnement sont cruciales. L’harmonisation des nomenclatures tarifaires et le développement d’outils informatiques sont également nécessaires. Avec la part du coton dans les exportations pouvant atteindre 50%, une participation accrue du secteur privé est observée. Les égreneurs doivent adopter des stratégies flexibles pour gérer les risques de transport et optimiser les rendements. La prudence est essentielle pour leur viabilité financière en période de volatilité des marchés.
Reformes du secteur Coton au Mali : Engagements et Actions du Générale Goïta
Le 28 mars 2025, le Conseil des Ministres, dirigé par le Général Assimi GOÏTA, a annoncé la fusion-absorption de la Compagnie Malienne pour le Développement des Textiles (CMDT), finalisée lors de l’assemblée générale extraordinaire du 17 décembre 2024. Cette réforme vise à simplifier la gestion de l’industrie cotonnière, en réunissant plusieurs filiales sous CMDT-S.A. Cela permettra une administration centralisée, une réponse rapide aux besoins des producteurs, et une rémunération améliorée.
La fusion renforce également le contrôle de l’État malien sur le secteur cotonnier, essentiel pour l’économie nationale. Pour la campagne 2024/2025, le prix du kilogramme de coton-graine est fixé à 300 Fcfa (0,49 dollars), reflétant une légère augmentation par rapport à l’année précédente. Notons que lors de la 15e session du Conseil Supérieur de l’Agriculture, axée sur la souveraineté alimentaire et le développement du monde rural, le Général d’Armée Assimi GOÏTA, Président de la Transition et Chef de l’État, a présidé cet événement qui s’est déroulé le mardi 6 mai 2025 au Palais de Koulouba. À l’issue des travaux, il ressort que les prix fixés pour la campagne 2025 : 300 F CFA le kilogramme de coton graine (1er choix), 14 000 F CFA pour un sac de 50 kg d’engrais minéraux, 3 000 F CFA pour celui des engrais organiques, 1 500 F CFA pour le kilogramme de semences de maïs hybride et 17 500 F CFA pour le biostimulant ovalis.
Au Mali, plusieurs institutions financières jouent un rôle crucial dans le financement du secteur agricole, parmi lesquelles la Caisse de microfinance Kafo Jiginew. En 2020, des petits exploitants des zones rurales et des entrepreneurs à revenus modestes ont bénéficié d’un accès amélioré à des financements et à des prêts en monnaie locale, essentiels à l’expansion de leurs activités agricoles. Ce soutien a été rendu possible grâce à un prêt de 10 millions d’euros de la Banque européenne d’investissement (BEI), la plus grande banque publique internationale, officiellement approuvé à Bamako. Ce prêt a également permis à Kafo Jiginew, une des principales institutions de microfinance du pays, d’élargir considérablement son éventail de services financiers. Environ 60 000 microcrédits devraient être octroyés à des petits exploitants agricoles, ainsi qu’un financement pour près de 15 000 individus.
En plus de Kafo Jiginew, la Banque Malienne de Solidarité (BMS-SA) appuie la stratégie gouvernementale de lutte contre la pauvreté, qui vise à améliorer l’accès au crédit pour les populations défavorisées, telles que les femmes et les jeunes, tout en promouvant des activités génératrices de revenus dans le secteur agricole. Les indicateurs montrent que la BMS-SA a intensifié ses efforts dans le financement des exploitations agricoles ces dernières années. Ce contexte d’évolution se caractérise également par un désengagement progressif de l’État dans les secteurs productifs, au profit des investissements privés. Grâce à l’engagement des banques maliennes dans le financement agricole, on peut affirmer que des progrès significatifs ont déjà été réalisés, bien qu’il reste encore des domaines à améliorer.
Notons que la politique de développement agricole du Mali vise à assurer la souveraineté alimentaire et à transformer le secteur agricole en pilier de l’économie nationale, tout en modernisant l’agriculture familiale et les entreprises agricoles. Un enjeu majeur est le financement, crucial pour développer la production, mais le potentiel de l’agriculture malienne reste sous-exploité en raison du manque de financements. La faible rentabilité de certaines filières et les risques élevés compliquent l’accès au crédit. Il est essentiel de mettre en place un système de financement innovant, combinant mécanismes de marché et subventions publiques pour faciliter le développement des productions agricoles.
Daouda Bakary KONE