En vérité, le discours du PM choguel est une erreur: une simple célébration de la libération de Kidal tourne mal et tourne en boucle sur les médias occidentaux

(CROISSANCE AFRIQUE)-Le PM Choguel K. MAIGA était face à ses fidèles, le samedi 16 Novembre 2024 dans une salle du CICB d’un grand jour.

Au nom de la célébration de la libération de Kidal, le Chef du Gouvernement a fait un Discours de plusieurs dizaines de pages qui s’est invité dans tous les débats. La vidéo tourne en boucle sur le Réseau, les Médias locaux et internationaux.

La polémique a atteint un niveau incroyable. La vie de la nation est en jeu. Au plus haut sommet de l’État, il s’agit d’une question de vie ou de mort, la question est prise au sérieux.
Pour ma part, je considère que ce Discours est une erreur monumentale. Car il pousse le Président de la Transition à faire un choix, un seul choix. Soit, il le limoge, soit il lui donne le pouvoir réclamé. Croyez-moi, quelque soit l’issue, les deux personnalités ne travailleront plus ensemble, peut-être un jour mais « pas maintenant ».
Loin d’être dit au CNT, l’organe faisant office d’Assemblée nationale, le Discours dit lors d’un Meeting est vu comme une déclaration de guerre venant d’un Premier Ministre “en service”, la deuxième personnalité du pays sous une Transition Militaire. Cela se justifie par le choix des mots, du ton, du lieu et de la date. Ça aurait été dit par quelqu’un d’autre, ça pourrait passer – l’exemple du Mémorandum signé par le Président par intérim du M5-RFP tendance Choguel, là encore la pilule n’est pas passée facilement -.
Cette fois-ci, le risque est énorme : si le PT n’agit pas rapidement, la Transition mourra. Non seulement, le Général 5 Étoiles n’aura plus la confiance d’une grande partie des Maliens, mais il ne sera plus craint par ses frères d’armes.

Comment :

• le PT perdra la confiance d’une grande partie des Maliens parce que ce Discours donnera le PM pour gagnant compte-tenu des mots et du ton utilisés par celui-ci. Or en Afrique, les sages ont pour l’habitude de dire que dans un pays où une quelconque contrée, le Chef (le Président) est le plus fort quelque soit son âge et doit agir quand son honneur est menacé. Oui, on est dans une république où le PM à un rôle important à jouer mais « on ne défie pas le Président (Chef), on dialogue avec le Président (Chef) », disent souvent les sages.
• le PT ne sera plus craint par ses frères d’armes parce que ceux-ci ne verront plus en lui, le leader d’antan, celui qui a toujours donné la ligne à suivre et qui a toujours été au devant de la scène, dans le désert, sous le soleil, dans les forêts, sous la pluie, face aux balles adverses. Ils verront un Président (Chef) qui a été vaincu par les ultimatums d’un PM dans une salle du CICB le jour commémoratif de la « date historique » de la libération de Kidal.

Une chose est sûre, le limogeage du PM aura aussi des conséquences. Raison pour laquelle, je dis que son Discours est une erreur. A mon sens, les Conseillers du PM n’ont pas joué leur rôle quant au choix des mots, du ton, du lieu et de la date.

J’explique :

• les “mots” utilisés sont forts lorsqu’on pense qu’un PM ne critique pas le “pouvoir”, car il est lui-même le pouvoir. Sa mission est de trouver des solutions aux problèmes du peuple
• le “ton” utilisé par le PM est un ton va-t-en-guerre. La voix et la gestuelle en disent. La question est “le PM serait-il en palabre avec qui?” Le Président certainement !
• Le cadre (lieu) choisi, le CICB, où le PT de la Transition a prêté serment le 07 Juin 2021. Le lieu qui abrite tous les grands événements depuis le début de la Transition. Ce lieu est symbolique et historique. Dire un tel Discours là est un défi vis-à-vis du pouvoir. La question, « le Boulevard de l’indépendance s’est-il invité au CICB ? » D’aucuns penseront que la lutte a changé de forme, contrairement à 2020.
• La “date” de l’événement a été choisie pour marquer le 14 Novembre, l’an 1 de la libération de Kidal. Un jour de fête où les Autorités Militaires et Civiles, les braves FAMa et la population sont magnifiées. Ce jour n’est donc pas fait pour les critiques et autres ultimatums à l’endroit du pouvoir, venant de la deuxième personnalité du pays.

Au regard de tout ce qui entoure le Discours du PM et de tout ce qui sera dit ou fait aujourd’hui ou dans les jours à venir, il est important de rappeler que le pays, le MALIBA payera les frais. La portée du Discours n’a pas été bien analysée…

Abdoulaye Ouattara