Ethiopie : les autorités inaugurent le Grand barrage de la Renaissance (GERD), s’élevant sur le cours du Nil Bleu

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(CROISSANCE AFRIQUE)-Après 14 années de travaux titanesques, émaillés de défis techniques et logistiques impressionnants, et un investissement colossal de 4 milliards de dollars, soit environ 2 230 milliards de FCFA, l’Éthiopie a fièrement inauguré, en date du 9 septembre, le Grand barrage de la Renaissance (GERD), qui s’élève majestueusement sur le cours du Nil Bleu. 

Cet ouvrage spectaculaire est salué comme le plus important projet hydroélectrique jamais construit sur le continent africain. À Addis-Abeba, il est célébré comme un symbole éclatant de la souveraineté nationale, une marque tangible du développement ambitieux en cours, et une source de fierté incommensurable pour la population entière.

Le Grand barrage de la Renaissance, une structure imposante s’étendant sur une longueur proche de 1,8 kilomètre et atteignant une hauteur vertigineuse de 170 mètres, détient une capacité impressionnante de stockage d’eau de 74 milliards de mètres cubes. Ce monument d’ingéniosité doit hisser la production nationale d’électricité à un niveau inégalé, avec une ambition de produire 5 150 MW, un chiffre qui excède plus du double l’actuelle production électrique de l’Éthiopie. 

À ce jour, plusieurs turbines ont déjà commencé leur vie productive depuis 2022, et il est énoncé qu’à pleine capacité, ce barrage pourrait engendrer des recettes annuelles atteignant la somme astronomique de 1 milliard de dollars, notamment grâce à l’exportation de l’énergie électrique vers les pays voisins, renforçant ainsi les liens économiques et diplomatiques dans toute la région.

Le barrage sur le Nil représente une grande victoire, non seulement pour l’Éthiopie, mais pour toutes les populations noires, ont affirmé diverses sources en citant le premier ministre Abiy Ahmed. Cette infrastructure, selon ses déclarations, marque le début d’une révolution énergétique qui promet de transformer radicalement la vie quotidienne de 30 à 40 millions de citoyens éthiopiens actuellement dépourvus d’accès à l’électricité. Cette nouvelle source d’énergie durable et abondante est envisagée comme une solution essentielle aux défis de développement auxquels le pays fait face, et se positionne comme un symbole de progrès et d’autonomie énergétique pour les communautés africaines.

La cérémonie d’inauguration du barrage, tenue dans la localité de Guba, a été un événement marquant qui a réuni plusieurs dirigeants de la région, tous alliés de l’Éthiopie. Parmi eux se trouvaient le président kényan William Ruto, son homologue djiboutien Ismaïl Omar Guelleh, ainsi que le président sud-soudanais Salva Kiir. Ce dernier a signalé l’adoption prochaine d’un accord visant à importer l’électricité éthiopienne, soulignant ainsi les opportunités de coopération et de développement régional que le projet offre. 

Pour Abiy Ahmed, le Grand Barrage de la Renaissance Éthiopienne (GERD) dépasse sa fonction de simple projet de production énergétique; il se présente comme un outil potentiellement puissant d’intégration régionale et un levier diplomatique stratégique pour le pays, dans le but de commercialiser son excédent d’électricité avec les nations voisines. Cette ambition reflète l’engagement de l’Éthiopie à jouer un rôle clé dans la dynamique énergétique africaine, tout en renforçant ses relations diplomatiques par le biais de partenariats constructifs avec ses voisins.

Cette méga-infrastructure, un projet colossal et hautement controversé, demeure au centre de vives tensions avec l’Égypte et le Soudan, deux pays situés en aval, qui craignent des répercussions significatives et potentiellement dévastatrices sur leur sécurité hydrique. Les préoccupations se concentrent sur l’impact que ce barrage géant pourrait avoir sur le débit du fleuve et l’accès à l’eau potable essentielle pour leurs populations.

 Au Caire, la réaction ne s’est pas fait attendre et a été d’une grande fermeté. Le ministère des Affaires étrangères de l’Égypte a vivement dénoncé ce qu’il considère comme une “mesure unilatérale” prise sans consultation adéquate des parties concernées, ce qui a poussé le pays à adresser une lettre de protestation officielle au Conseil de sécurité des Nations Unies, espérant mobiliser l’opinion internationale. 

L’Égypte, extrêmement dépendante du Nil pour 97% de ses besoins en eau, perçoit le Grand Barrage de la Renaissance Éthiopienne comme une véritable “menace existentielle” pour sa survie et son développement futur, une situation qui pourrait avoir des répercussions sur la stabilité de l’État. Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a clairement exprimé sa position avec une mise en garde sans équivoque : ‘’Quiconque pense que l’Égypte fermera les yeux sur ses droits fondamentaux en matière d’eau se trompe lourdement », soulignant l’importance vitale de l’eau pour le pays. 

Parallèlement, le Soudan partage aussi ses inquiétudes légitimes, redoutant que la construction de ce barrage ne provoque une diminution significative du débit du fleuve, ce qui pourrait compromettre gravement ses propres ressources hydriques. En réponse à ces préoccupations, Addis-Abeba s’efforce d’apaiser les tensions grandissantes : ‘’Pour les pays en aval, cela n’affectera en rien votre développement », a assuré le Premier ministre Abiy Ahmed, tout en soulignant que les barrages ont pour objet de “libérer de l’eau afin de produire de l’énergie” sans nécessairement réduire les volumes disponibles pour l’agriculture, cherchant ainsi à rassurer sur les bénéfices communs espérés.

Symbole d’une Afrique résolue à prendre en main son propre destin et à choisir ses voies de développement indépendamment des influences extérieures, le Grand Ethiopian Renaissance Dam (GERD) incarne les ambitions et les espoirs de transformation économique de la Corne de l’Afrique. Les nations de la région voient en ce barrage un potentiel de développement majeur, une pièce maîtresse pour l’avenir énergétique de l’Éthiopie. Cependant, il cristallise également les tensions géopolitiques intenses autour du contrôle et du partage des précieuses ressources en eau du Nil, qui sont essentielles pour le développement et la survie des pays riverains.

Depuis plusieurs années, des efforts internationaux de médiation ont été déployés, sous la direction de puissances mondiales telles que les États-Unis, la Banque mondiale, la Russie, ainsi que des acteurs régionaux influents comme les Émirats arabes unis et l’Union africaine. Malheureusement, ces tentatives se sont révélées infructueuses, sans qu’aucun accord contraignant ne soit trouvé pour apaiser les relations tendues entre l’Éthiopie, l’Égypte et le Soudan. Bien que l’éventualité d’un affrontement militaire puisse sembler lointaine, les tensions diplomatiques pourraient bien s’intensifier, car l’enjeu est crucial pour chaque nation concernée. 

Pour Addis-Abeba, le GERD représente un investissement colossal pour l’avenir et une étape essentielle vers l’indépendance énergétique. Pour le Caire, il en va de la survie nationale, considérant les eaux du Nil comme une source vitale indispensable pour ses besoins économiques et humanitaires. Les défis que pose ce projet et ses implications sur la diplomatie régionale restent d’une importance capitale pour l’avenir de ces pays et pour la stabilité de la région.

Moussa KONÉ 

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