Le vendredi 25 fevrier 2022, les responsables de 5 mondes galerie ont levé le voile sur les dernières réalisations de certains de leurs jeunes artistes peintres plasticiens et designers. Cette collection d’une trentaine d’œuvres d’art contemporain ont été dévoilées au grand public au siège de ladite galerie aise à Bacodjicironi Golf.
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En prélude le directeur artistique de 5 mondes galerie M. Floreal Duran a adressé ses remerciements et salutations à tous les acteurs qui ont contribué à la réussite de cette exposition. À l’en croire, le travail d’un galeriste c’est de savoir prendre des risques et d’imposer des artistes auxquels il croit. C’est également avec passion qu’ils s’opèrent. Il s’agit selon M. Duran d’un métier élitiste, non pas que s’adresser aux plus aisés mais qu’il fasse l’objet d’exigence en fermes d’originalité de qualité technique et thématique. En cela nous défendrons davantage l’esprit que sous-tend ce projet plus qu’une ligne fermée ou trop stricte.
S’adressant au public, il souligne que 5 monde galerie insiste donc pour que les artistes prennent enfin conscience qu’lis doivent donner du sens, de la profondeur à leur travail, sortir de leur zone de confort et ne pas hésiter à expérimenter. L’Afrique et plus particulièrement les jeunes créateurs maliens doivent montrer sa valeur ajoutée et ne pas se caricaturer elle-même. Bien sûr, il ne faut pas perdre son « africanité mais encore faut-il la mettre dans le contexte d’une vision artistique, sociale, politique, d’un environnement immédiat et international. Il y a suffisamment de problématiques transversales et d’autres qui tendent à démontrer que ce qui se passe ailleurs nous impacte également.
« C’est l’art qui fait la liberté car on ne saurait étouffer la création au nom de doctrines de quelques obédiences qu’elles soient. Nous souhaitons que ce lieu soit ouvert, aux artistes, cela va de soi mais également aux citoyens pour qui pousser la porte d’une galerie relève d’un geste rédhibitoire. Sans vouloir paraitre des adeptes du « il y a qu’à, il faut » nous pensons qu’il est temps que les secteurs de l’éducation comme ceux de l’économie s’ouvrent à la culture» a-t-il ajouté
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Selon le directeur de la galerie, l’art est ici présenté sous une forme inhabituelle au risque de déranger mais n’est-ce pas une de ses fonctions ? Depuis longtemps ailleurs dans le monde l’art pose question. L’Afrique anglophone l’a bien compris et porte des démarches élaborées, innovantes qui l’amènent à traverser les océans et à représenter le continent. « L’émergence d’un marché africain n’est pas seulement de la compétence des galeristes seuls mais bien de toute la filière, artistes y compris. Ce ne sont ni Paris, ni New-York ou Singapour qui vont favoriser la création de ce marché. Il vaut mieux qu’un collectionneur achète en Afrique plutôt qu’enrichir une galerie à l’étranger. Dans ce combat, les pouvoirs publics, les acteurs culturels et les capitaines d’industrie ou financiers doivent avancer unis. A l’heure où, à juste raison, de nombreux états revendiquent la restitution d’un patrimoine ancien il est illogique qu’on brade l’art contemporain sinon dans quelques années on risque de relancer un débat dont l’issue sera plus qu’ incertain» a renchéri M.Duran
Ainsi il ajoute que par cette exposition inhabituelle mais pas totalement nouvelle car ailleurs l’art s’est montré bien plus subversif sur le fond et sur la forme, ils veulent affirmer que cet art ne saurait être un simple objet décoratif qu’on exhibe tels des trophées de chasse . Pour nous, il est le résultat d’un processus qui engage son auteur autant sur le plan sentimental que sociétal. Qu’il relève de l’introversion, de l’observation ou de l’imaginaire il engage l’artiste. Dans ce sens chaque œuvre est un prolongement de l’identité de son créateur. Alors pour sceller ce lien avec vous tous, nous avons voulu désacraliser l’art en tant qu’objet pour le rendre accessible, plus proche de vous tous. Nous avons souhaité favoriser ce rapport tactile entre l’artiste et son public», dira-t-il.
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Il souligne que ce projet est ainsi donc réparti en trois parties dont la première partie, les artistes parlent de leur « moi intérieur » pour délivrer leurs maux, leurs désirs et frustrations, leur part d’ombre et de lumière. En deuxième partie d’autres artistes témoignent sur l’état du monde sous des formes diverses en capotant une lecture poétique, onirique sans pour autant gommer la réalité. Et une dernière partie qui constitue une ouverture sur une Afrique moderne, décomplexée, imaginaire, telle que chacun voudrait qu’elle soit.
A Traoré