(CROISSANCE AFRIQUE)-En Guinée, les pertes causées par les arrêtés conjoints relatifs au partage des recettes administratives s’élèvent à 500 milliards GNF (environ 57 millions USD). Ce montant dépasse même le budget prévu pour le ministère des Mines et de la Géologie en 2025. Cette information, dévoilée dans un rapport du Conseil National de la Transition (CNT), révèle une situation financière préoccupante.
Le CNT souligne qu’après l’examen des recettes dans la loi de finances initiale (LFI) 2023, il avait conseillé au gouvernement, via le ministre de l’Économie et des Finances, de dresser un état des lieux des arrêtés conjoints et d’effectuer une inspection rigoureuse. Cependant, aucune mesure n’a été prise jusqu’à présent. Face à cette stagnation, l’organe législatif de la transition appelle le ministre de l’Économie et des Finances à agir de manière proactive et à mettre en œuvre des mesures concrètes d’ici la fin du premier trimestre 2025.
Dans ce contexte, la population guinéenne exprime des inquiétudes croissantes quant à la capacité du gouvernement à gérer efficacement les finances publiques. Des manifestations pacifiques ont eu lieu dans plusieurs villes, où les citoyens ont exigé plus de transparence et de responsabilité de la part des autorités. Les syndicats de travailleurs, représentant divers secteurs, ont joint leur voix à celle des citoyens, appelant à une réforme urgente des pratiques de gestion financière.
De plus, des entités internationales telles que la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International (FMI) ont également exprimé leur préoccupation. Elles ont souligné que sans une gestion rigoureuse des finances, la Guinée pourrait risquer de perdre des financements essentiels destinés au développement infrastructurel et aux programmes sociaux. Ces organisations ont proposé une assistance technique pour recruter des experts afin d’aider à l’élaboration d’un plan de redressement financier.
En attendant, l’impact sur les projets de développement est déjà visible. Des travaux d’infrastructure routière et scolaire sont à l’arrêt, laissant de nombreuses communautés sans accès adéquat aux services essentiels. Les enfants, privés d’éducation en raison de ces interruptions, représentent une génération à risque, dont l’avenir est compromis. Les experts s’inquiètent également des conséquences sociales potentielles, telles que l’augmentation des tensions et des conflits au sein des communautés affectées.
Notons que le CNT a appelé à la mise en place d’un comité de suivi mixte, réunissant des acteurs de la société civile, des représentants du gouvernement et des experts indépendants. L’objectif de ce comité serait de veiller à une mise en œuvre efficace des recommandations faites dans le rapport et d’assurer un suivi régulier des processus. Cela pourrait être une étape décisive pour restaurer la confiance du public et améliorer la situation économique du pays.
Abdoulaye KONE