Interview exclusif avec Cheick Oumar Sangaré, le Président de la commission d’organisation de Malifiniw « On va au-delà du champion Malifiniw »

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(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Mali, à quelques semaines de l’ouverture de la 6e édition des Journées textiles du Mali Malifiniw, prévue du 9 au 14 décembre 2025 au Palais de la Culture Amadou Hampâté Bâ, la commission d’organisation peaufine les derniers détails. Cette édition, qui coïncide avec l’Année de la culture décrétée par les plus hautes autorités, s’annonce particulièrement ambitieuse.

Nous avons rencontré Cheick Oumar Sangaré, président de la commission d’organisation, pour évoquer les raisons qui ont motivé le report de l’événement initialement programmé pour se tenir du 4 au 9 novembre à une nouvelle date du 9 au 14 décembre 2025 et les innovations prévues cette année. Voici l’intégralité de notre entretien, Lisez !

Malifiniw était prévu ce novembre, qu’est ce qui explique son report en décembre ?

Cheick Oumar Sangaré : « Il faut savoir que la date initiale, c’était du 4 au 9 novembre. À l’approche de cette date, la crise de carburant a commencé et on n’était pas sûr d’avoir tout le public avec nous alors que Malifiniw est un marché textile qui permet aux artisans d’écouler leurs produits.  

Comme les gens ne pouvaient pas faire le déplacement à grand nombre, à cause de la crise de carburant, on était donc obligé de reporter l’événement.

La nouvelle date retenue, c’est du 9 au 14 décembre. Bien vrai qu’il y a beaucoup d’activités en fin d’année, on a fait en sorte d’éviter les événements de même continus, c’est-à-dire ceux qui parlent du textile.

La commission d’organisation a décidé que   ça soit juste après le SIAMA, Salon international du Mali. L’intérêt est que les artisans qui viennent à ce salon et travaillant dans le domaine du textile peuvent aussi profiter des journées textiles du Mali Malifiniw ».   

2025 a été choisi par les plus hautes autorités de la transition comme année de la culture. Quelle sera donc la particularité de la 6e édition de Malifiniw ?

Cheik Oumar Sangaré : «  Cette année, année de la culture, coïncide avec la 6e édition de Malifiniw. Une édition qui ambitionne plusieurs grandes innovations.

D’abord sur la durée :  Malifiniw a toujours été organisé du jeudi au dimanche, c’est-à-dire en 4 jours. Aujourd’hui, on a souhaité que l’événement se déroule du mardi au dimanche, donc 6 jours au lieu de 4. Au-delà de l’année de la culture, cette ambition répond également à une demande longtemps exprimée par les artisans d’augmenter un peu la durée du festival en raison de l’afflux de visiteurs les week-ends alors même que les exposants font leurs bagages.

Ensuite viennent les exigences de l’année de la culture qui recommandent le renforcement des activités de promotion et de valorisation de la culture malienne de façon générale. Ainsi à notre niveau, on aura un numéro de Foroba Baro animé par le ministère de la Culture. Un espace dédié à l’éducation citoyenne ; on aura l’enregistrement à l’AVOC, l’Assurance volontaire pour les acteurs de la culture. C’est-à-dire, durant toute la durée de l’événement, les artisans peuvent s’inscrire à l’AVOC, considérée comme une des meilleurs d’initiatives de la célébration de l’année de la culture.

Parmi les innovations toujours, on aura également plusieurs récompenses. D’habitude chaque année, on donne une seule distinction « champion Malifiniw ». Mais cette année, comme c’est l’année de la culture, on va au-delà du champion Malifiniw pour donner en total 4 distinctions.

Il s’agit de la distinction « champion Malifiniw de l’année de la culture » ; la distinction « champion Malifiniw des artistes » ; la distinction « champion Malifiniw des artisans » et la distinction « champion Malifiniw des médias ».

Certains diront pourquoi les médias ?  Nous nous sommes dit que les artistes ont travaillé et travaillent beaucoup pour la promotion et la valorisation du made in Mali. Les médias ont toujours joué un rôle important.

L’objectif est de choisir un meilleur parmi tant d’autres dans ces différents domaines puisqu’on ne pourra pas tous les distinguer. On aura également, cette année, le prix UEMOA du meilleur styliste à la fin du grand défilé qui demeure le clou des activités de Malifiniw.

L’autre innovation, et non la moindre, sera la lutte implacable contre les tissus falsifiés et importés dans nos stands d’exposition.  On a constaté que certains prennent des motifs ici, les amènent dans des usines à l’étranger pour ramener des versions falsifiées. Ce qu’on ne tolèrera   pas cette année.

Voilà autant d’innovations qui nous permettront de prendre la dimension de l’année de la culture décrétée cette année. »

C’est quoi le thème retenu pour cette 6e édition de Malifiniw ?

Cheick Oumar Sangaré : « Chaque année, on invite une communauté d’honneur et cette année, ce sont les Peuls qui sont à l’honneur. En lien avec cette communauté, on a pris le thème : « Arkila, un patrimoine, une identité ». Le Arkila est l’un des plus importants tissus de la communauté peule dont la fabrication met en exergue certains de leurs savoirs et pratiques traditionnels.

Les constats montrent qu’aujourd’hui, ce tissu, qui est une moustiquaire, est en voie de disparition en raison, notamment, de la rareté de ceux qui le fabriquent. L’objectif du choix de ce thème est donc d’attirer les regards sur ce tissu authentiquement malien en voie de disparition.  C’est dire que la communauté peule sera fortement présente physiquement, en termes d’animation de panels et également termes de folklore.

La sixième édition est une édition inédite qui sera coparrainée par l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé et la ministre de l’Entrepreneuriat national, de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Mme Oumou Sall Seck. L’événement est également placé sous le patronage de Mamou Daffe, ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme.

Nous attendons 5 000 visiteurs au palais de la culture Amadou Hampâté Bâ lors des journées Malifiniw de cette année. »

Le Mali est très vaste, et sa culture l’est également. Comment comptez-vous présenter cette diversité culturelle ?

Cheick Oumar Sangaré : « Autant que des visiteurs des différentes couches sociales soient attendus, nous attendons également la participation des artisans de toutes les contrées du Mali. Notre ambition, c’est aussi cette représentativité du Mali pluriel.

On veut que les tissus de chaque zone soient présentés pour répondre à la question de représentation textile du Mali dans son ensemble. »

Quelle est la vision de Malifiniw à long terme ?

Cheick Oumar Sangaré : « Dans les perspectives, nous voulons donner aux artisans maliens leur autonomie pour leur propre développement d’où le choix de la gratuité de nos activités. Malifiniw est entièrement gratuit. Il n’y a aucune activité lucrative dedans. Tout ce que nous gagnons avec les partenaires, nous les réinvestissons pour le bonheur des artisans, conforment à l’idée même création de Malifiniw, c’est-à-dire soutenir l’artisanat pour éviter que des artisans sérieusement affectés ne basculent dans d’autres activités malsaines à l’image du terrorisme. C’est pourquoi on appelle à la mobilisation de l’ensemble nos partenaires pour soutenir ce secteur et le rendre autonome. J’en appelle aussi aux artisans eux-mêmes à faire de cet événement le leur. Malifiniw, aujourd’hui, c’est tout un regroupement d’acteurs et de mouvements actifs toute l’année pour vous offrir des moments agréables et bénéfiques. »

Votre mot de fin ?

Cheick Oumar Sangaré : « Nous comptons sur tout le monde, encore plus sur les autorités. Nous pensons que cette activité met en exergue le Mali dans son ensemble. Au-delà du textile, on a Malidoumouniw qui regroupe également une trentaine de restaurateurs qui travaillent sur des plats traditionnels du Mali. Il y a de ces plans et fruits qu’on va chercher un peu partout à l’intérieur du pays pour venir les exposés afin de montrer tout ce qu’on a comme richesse culinaire au Mali.

Donc, c’est très important pour nous cette activité.  Nous sommes des volontaires, il y a parmi nous des artisans, des journalistes, des agents des services publics et privés engagés pour apporter notre modeste contribution à la promotion du textile made in Mali. ».

Réalisée par Seyni Kassambara

Source: Lèttre d’Afrique

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Croissance Afrique (sarl) est un Média multi-support qui propose plusieurs rubriques axées sur l’actualité économique du continent. Le magazine est un journal (en ligne dont un mensuel disponible dans les kiosques à journaux) qui traite spécialement les informations financières dédiées à l’Afrique. Il est également le premier média malien spécialisé dans la production d’Informations Économiques, financières, Stratégiques, et orienté vers le reste du monde. Le Magazine a été fondé en Novembre 2017 à Bamako.

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