(CROISSANCE AFRIQUE)-La Cour Pénale Internationale (CPI) a toujours été un terrain où la justice mondiale tente de s’affirmer face aux crimes les plus graves.
Le rôle de son procureur est donc crucial et scruté aux quatre coins de la planète. C’est dans ce contexte tendu et chargé d’attentes que Karim Khan a pris ses fonctions, marquant d’emblée son mandat par des décisions qui ont fait couler beaucoup d’encre et divisé l’opinion internationale.
Avant d’occuper le poste de procureur de la CPI, Karim Khan avait déjà une longue carrière dans le droit international, défendant autant des victimes que des accusés de premier plan. Son élection en 2021 n’a pas été sans controverse, son nom étant ajouté à la liste des candidats suite à une pression du gouvernement kényan, et ce, malgré un consensus relativement modeste autour de sa nomination.
Son élection controversée à la CPI
L’élection de Karim Khan à la tête de la CPI a soulevé des questions dès le départ. Remportant la majorité avec 72 voix sur 123, le soutien notable venant d’États africains a été un point de discorde, signalant déjà les divisions au sein de la communauté internationale quant à sa nomination.
Actions et enquêtes notables de Karim Khan
Dès le début de son mandat, Karim Khan a imposé sa marque en relançant l’enquête sur les crimes talibans et de l’État islamique en Afghanistan, tout en mettant de côté les investigations concernant les forces internationales dans ce même pays, une décision qui n’a pas manqué de susciter débats et interrogations.
Le cas de Vladimir Poutine et les réactions internationales
L’autre moment fort de son mandat jusqu’à présent a été l’émission d’un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine pour crimes de guerre relatifs à la déportation illégale d’enfants ukrainiens. Cette décision a été applaudie dans certains cercles, notamment aux États-Unis, mais elle a aussi renforcé le clivage dans les perceptions de la CPI, illustrant la difficulté de naviguer dans les eaux troubles de la politique internationale tout en tentant de faire respecter le droit international.
Karim Khan n’a pas échappé à la critique, notamment de la part de ceux qui le voient comme traitant avec une certaine équivalence des situations fort différentes, comme la répression israélienne à Gaza et les actions du Hamas. Sa capacité à rester impartial et à se concentrer sur les faits, malgré les pressions politiques, est au cœur des débats concernant sa gestion des enquêtes de la CPI.
Alors que son mandat court jusqu’en 2030, Karim Khan est face à des défis majeurs dans un monde où la justice internationale est souvent vue à travers le prisme de la politique. Il reste à voir comment il naviguera entre les critiques et les attentes contradictoires, en cherchant à renforcer le rôle de la CPI en tant qu’entité impartiale et centrée sur la loi. « Le droit n’est pas là pour faire joli. On ne peut pas l’ignorer, » a-t-il déclaré, signifiant son engagement à poursuivre ses efforts malgré les vents contraires.
Daouda Bakary KONE