(CROISSANCE AFRIQUE)- Au Cameroun, le président Paul Biya a signé le 1er août 2023 permettant la mobilisation d’un emprunt en devises de 200 milliards de FCFA (environ 335 millions USD) auprès d’un pool d’institutions financières internationales.
Ainsi, ce nouvel emprunt a été introduit dans la loi de finance rectificative adoptée en juin dernier par le parlement. Les fonds collectés serviront au « financement des projets de développement et à l’apurement des restes à payer », souligne la note du décret.
Par ailleurs, les institutions qui devraient participer à la mobilisation de ces fonds sont la l’américain Citigroup et la Banque Africaine d’import-export (Afreximbank). Cette autorisation du président Paul Biya intervient au lendemain de la dégradation de la note souveraine du Cameroun.
Le 27 juillet dernier, Moody’s a abaissé de deux crans la note du pays de B2 à Caa1, soit 5 paliers au-dessus du défaut de paiement. L’agence américaine s’est appuyée sur une répétition de retards de paiements affichés par Yaoundé entre fin 2022 et début 2023, sur une dette due à Deutsche Bank Spain.
« Les retards de paiements représentent un incident de défaut », a indiqué Moody’s dans son rapport, soulignant que le Cameroun faisait face à des « problèmes de liquidités accrus” en raison de l’augmentation des dépenses de sécurité, la hausse des subventions aux carburants (environ 1,2 milliards de dollars en 2022) et la mauvaise gouvernance.
Notons que le ministère en charge des Finances s’est refusé à tout commentaire jusqu’ici mais cette décision de l’agence pourrait affecter la levée de fonds que le pays s’apprête à réaliser. En clair, il est tout à fait possible que le pool bancaire choisi, s’appuyant sur le nouveau profil de crédit durcisse ses conditions d’emprunt. Ce qui signifie que le pays pourrait être à payer plus cher que prévu.
Pour rappel, cette situation est quasiment la même sur le marché domestique de la dette où les taux d’intérêts du pays sur les Bons du Trésor Assimilables (BTA) ont plus que doublé en l’espace d’un an. « À cause du resserrement de la politique monétaire menée en amont par la banque centrale (BEAC) les banques locales ont durci leurs conditions d’emprunts, y compris à la première économie de la CEMAC qui n’a pourtant jamais manqué une échéance ou enregistré un défaut de paiement », selon les médias locaux.
Moussa KONE