Les Algériens renouent avec «la vie normale»

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La Promenade des Sablettes, lieu de détente le plus prisé de la capitale, et qui attire des visiteurs des 48 wilayas, a rouvert ses portes, ce samedi, au public. La grande attraction aux Sablettes, hier, c’était sans aucun doute la plage «Le Piquet Blanc» située au cœur du site, et qui a commencé à accueillir les baigneurs dès l’ouverture du parc à 6h30 du matin.

Samedi 15 août. C’est le jour J, celui qui a été fixé par les autorités pour la réouverture des mosquées, des cafés, des plages et autres lieux de détente. Pour prendre la température de ce grand retour, nous nous sommes rendus aux Sablettes, cette promenade très populaire et très prisée, dans la commune de Hussein Dey, qui fait face à la Grande Mosquée d’Alger.

Il est 11h40. Le soleil tape déjà fort sur la nuque. Il fait autour de 30°. En franchissant le grand porche qui marque l’entrée officielle du site, et qui rappelle vaguement l’Arc de Triomphe, le ton est donné à travers les nombreuses affiches appelant à observer scrupuleusement les règles de prévention anti-Covid. Une large pancarte prévient : «Port du masque obligatoire».

La pancarte porte l’enseigne de l’OPLA, un sigle que l’on retrouve un peu partout. Il fait référence à l’Office des parcs, des sports et des loisirs d’Alger, un EPIC qui relève de la wilaya d’Alger, et qui a hérité de la gérance du site.

Nous pénétrons dans l’immense parking. Première image : l’aire de stationnement est clairsemée. Les matricules des voitures montrent d’emblée que les visiteurs viennent d’un peu partout. Si le «16» reste le matricule dominant, on trouve également des véhicules immatriculés 09, 10, 26, 35, 15, 28, 05, 07…

«Les Sablettes attirent des visiteurs des 48 wilayas», nous répète-t-on à volonté. Des visiteurs accompagnés de leurs enfants commencent déjà à quitter les lieux après avoir profité de la plage.

«Le Piquet blanc» – c’est son nom – est autorisée à la baignade, contrairement à celle qui jouxte le centre commercial Ardis. Des mômes s’éclatent en faisant du vélo ; d’autres sont juchés sur des poneys et ne boudent pas leur plaisir de pouvoir renouer enfin avec ces petits amusements.

«Dès 6h30, les gens ont commencé à affluer»

Des agents de sécurité armés de masque de protection nous accueillent aimablement. Après les vérifications d’usage, l’un d’eux nous confie : «Je suis très content que le parc rouvre ses portes. J’ai passé plus de 5 mois seul, ici, à veiller sur un site désert. K’raht h’yati ! Je m’ennuyais ferme.

Là, c’est plus vivant, ça reprend des couleurs. Bientôt, ça va être le rush». Un autre responsable de la sécurité vient à notre accueil. Il vérifie à son tour nos papiers avant de nous inviter à faire notre travail à notre guise.

Interrogé sur les conditions de la reprise, il témoigne : «On est là depuis 6h du matin. Dès 6h30 (l’heure de l’ouverture officielle du site, ndlr), les gens ont commencé à affluer. Ils voulaient être les premiers pour pouvoir profiter tranquillement de la plage avant que du monde arrive.» Et d’ajouter avec insistance : «On est à cheval sur les conditions sanitaires.

Par moment, ça devient franchement pénible. Il y a des types qui ne respectent pas les mesures préventives et on doit leur rappeler à chaque fois l’obligation du port du masque. Il y a aussi ceux qui se pavanent torse nu. Sur la plage, ça ne pose aucun problème, mais sur l’esplanade, il y a des règles à respecter et on doit les rappeler à l’ordre.»

Plus de 200 000 visiteurs/jour en temps normal

Il est bientôt midi et l’affluence est plutôt timide comparativement aux flux massifs drainés habituellement par le parc. En 2018, la fréquentation de la Promenade des Sablettes était estimée à 200 000 visiteurs par jour, d’après la direction générale de l’OPLA citée par l’APS, en précisant que la Promenade s’étale sur une distance de 4,5 km.

Par familles entières, groupes d’ados, jeunes couples ou promeneurs solitaires, les visiteurs venaient ainsi profiter de cette réouverture inespérée pour prendre l’air.

Nous avons noté d’emblée que la grande majorité d’entre eux était équipée d’un masque et observait les consignes sanitaires. Au demeurant, des policiers veillaient au grain pour s’assurer du respect des précautions requises.

Sur la plage, des agents de l’ordre font des rondes à vélo. Pour se protéger du cagnard, les estivants prenaient place sous de charmants abris en bois qui parsèment le site.

Des gamins prenaient allègrement d’assaut les aires de jeux dont ils ont été si longtemps privés. Ils n’avaient cure du soleil brûlant qui embrasait toboggans et balançoires.

Il faut cependant signaler qu’à notre passage, les manèges pour enfants un peu sophistiqués, et qui sont payants, n’avaient pas encore redémarré. «On va ouvrir à 14h», nous assure un prestataire de service. L’immense grande roue qui domine la baie d’Alger était toujours à l’arrêt.

On pouvait remarquer des techniciens s’employant à effectuer les derniers réglages sur l’énorme attraction avant sa remise en route.

Sur la grille délimitant le périmètre du parc d’attraction qui donne sur la baie, de grandes pancartes sont accrochées, avec ce message récurrent : «Covid-19 : il est strictement interdit d’entrer au parc sans porter de masque». Ou encore : «Le respect de la distance de sécurité te protège toi et les tiens».

Ruée sur la plage «Le Piquet Blanc»

Il faut cependant signaler que la principale attraction ce samedi 15 août à la Promenade des Sablettes, c’était la plage Le Piquet Blanc qui se présente comme une petite anse à l’intérieur de la grande baie d’Alger, avec une vue magnifique sur la ville de Sidi Abderrahmane.

La plage est passablement occupée, avec une nuée de parasols entourant l’anse, et observant la distance de sécurité exigée sous peine d’être rappelés à l’ordre par les nombreux agents qui arpentent le site. Des jeunes en uniforme bleu suivent langoureusement ce spectacle azuré. Sur leur combinaison est floqué le sigle «HUPE».

Ce sont des travailleurs de l’Etablissement de l’hygiène urbaine et de la protection de l’environnement de la wilaya d’Alger.

Ils se sont diablement démenés ces derniers jours pour désinfecter et préparer le site, conjointement avec les personnels de l’OPLA, et avec l’appui des travailleurs de l’Etablissement de maintenance des réseaux routiers et d’assainissement de la wilaya d’Alger (Asrout).

Il est 13h passée. Un homme dans les 55 ans, portant un masque de protection, débarque avec ses trois enfants. A peine arrivés à hauteur de la plage, ses petits lutins dévalent avec une folle excitation la pente qui débouche sur la bande maritime. «On peut respirer enfin ! On étouffait avec le corona», soupire le monsieur. «Je suis venu juste pour les enfants.

Moi, j’habite à Oued Ouchayeh. En temps normal, je viens en fin de journée, vers 18h. Mais pour les gosses, je suis sorti plus tôt. Habituellement, j’aime aller du côté des plages rocheuses, à Jean Bart (El Marsa, près de Tamentfoust), Surcouf…», confie le vacancier. Notre interlocuteur précise dans la foulée : «Si ça ne tenait qu’à moi, j’aurais maintenu le confinement des plages jusqu’au bout.

De toute façon, l’été est presque fini. Il reste quoi, 15 jours ? Déjà, à partir du 15 août, la mer se retourne et l’eau devient froide. Mais pour faire plaisir aux enfants, on se dit maâliche. Au moins qu’ils profitent de ce petit brin d’air. Pourvu que les gens fassent attention.»

«Je suis venu faire du roller»

Tarik, 17 ans, est venu, lui, faire du roller, une passion qu’il pratique assidûment avec ses potes. Tarik habite à Bir Mourad Raïs. Le jeune homme à la chevelure «lyrique», et qui aspire à suivre le chemin de ses deux frères aînés, tous deux comédiens, nous avoue tout de go qu’il n’a pas attendu la réouverture du parc pour disposer des lieux.

«En fait, je venais faire du roller même quand c’était interdit d’accès. Je suis un habitué des lieux», affirme-t-il. Idem pour les plages. «Hier (vendredi, ndlr), je me suis baigné à La Pointe (plage Franco). J’aime aussi aller traîner du côté de Bab El Oued et ses criques.

En plus, là-bas, il y a des groupes de jeunes qui font du roller. On se retrouve régulièrement et on s’adonne à notre passion sur l’esplanade de la Place des Martyrs», dit Tarik. Et le jeune homme aux allures de poète un peu bohème de lancer : «C’est un truc que j’adore. Tu te sens libre».

Qui plus est, les rollers lui ont permis de régler le problème du transport puisque c’est son moyen de locomotion favori. «D’ailleurs, je suis venu en roller», lâche-t-il en désignant la paire de patins à roulettes attaché à son cou. «Et même pour rentrer chez moi, je rentre en roller.

Quand c’est une côte, je m’accroche aux voitures et aux bus», glisse-t-il. Justement, Tarik est un peu embêté parce qu’il a perdu une de ses roues et a dû interrompre son sport favori. «Sous l’effet de la chaleur, la roulette s’est abîmée», explique-t-il. Mais on ne s’en fait pas pour lui…

«Il faut que tout le monde joue le jeu !»

Du côté des commerces, la majorité des magasins ont retroussé leurs rideaux de fer. Les fast-foods, les vendeurs de glaces, de jouets pour enfants… émergeaient progressivement de leur longue hibernation. Certains s’affairaient encore à des travaux de nettoyage.

Devant toutes ces boutiques sont placardées les indications sanitaires d’usage. Une signalisation spéciale a été mise en place pour espacer les clients, avec, à la clé, des marques au design attrayant tracées au sol.

«On est content de pouvoir reprendre notre activité après 5 mois de paralysie», exulte un employé de l’un des fast-foods ayant pignon sur rue aux Sablettes, en l’occurrence Mister H qui propose des frittes «à la belge» et un grand éventail de glaces.

«Nous, on remplit notre part du contrat. On a désinfecté notre matériel. On a adapté notre signalisation pour inciter les gens au port du masque et observer la distance sanitaire. On met à leur disposition le gel hydroalcoolique et tout le nécessaire.

Donc, on est fin prêts», annonce notre interlocuteur avant de faire remarquer : «Mais malgré toutes ces précautions, on n’est pas tranquilles. Si les gens ne font pas attention, la wilaya d’Alger risque de fermer à nouveau le site. Donc, il faut que tout le monde joue le jeu et respecte les consignes pour jouir le plus longtemps possible de ces lieux paisibles.» 

Par El watan

croissanceafrik
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