Mali: l’État révoque plus de 90 permis d’exploration miniers appartenant aux multinationales étrangères et entreprises nationales

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(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Mali, les autorités ont récemment pris la décision notable de révoquer plus de quatre-vingt-dix permis d’exploration, affectant ainsi de nombreux acteurs de l’industrie minière, y compris plusieurs filiales de groupes internationaux de renom. 

Cette initiative s’inscrit dans un décret signé le 13 octobre par le ministre des Mines Amadou Keita, et l’information a été révélée par l’agence Reuters. L’objectif de cette décision semble être de s’inscrire dans une tendance plus étendue visant à reprendre le contrôle et la gestion des précieuses ressources naturelles à travers le continent africain, une démarche qui pourrait avoir des répercussions économiques significatives. 

En revanche, le texte officiel ne fournit pas de détails sur les raisons précises qui ont motivé ces révocations de permis ni sur la superficie totale qui est concernée par cette mesure. Il se contente de stipuler que tous les droits qui étaient associés aux permis sont désormais considérés comme ‘’libérés », ce qui laisse entrevoir la possibilité d’une future réattribution de ces permis à de nouveaux acteurs. Parmi les entreprises impactées par cette opération figurent des filiales locales de sociétés connues sur la scène internationale telles qu’Harmony Gold, IAMGOLD, Cora Gold, Birimian Gold et Resolute Mining, soulignant ainsi l’ampleur et l’importance de cette décision sur le paysage minier du pays.

Certaines sociétés, à l’instar de Cora Gold, ont toutefois indiqué que les permis concernés avaient été abandonnés depuis plus de deux ans, minimisant l’impact de cette mesure gouvernementale sur leurs opérations et perspectives futures. D’autres entreprises, en revanche, n’ont pas encore réagi officiellement à cette décision soudaine qui pourrait bouleverser le secteur économique et moduler leurs stratégies développées jusqu’ici.

Le Mali, dans ce contexte, n’est pas un cas isolé sur le continent africain. De la Guinée, riche en bauxite, à la République démocratique du Congo, abondamment dotée de cobalt et de cuivre, plusieurs États africains revoient actuellement leurs cadres miniers. Cette révision est entreprise dans le but de renforcer la gouvernance, de supprimer les permis obsolètes qui encombrent le système et de maximiser les recettes publiques issues des précieuses ressources naturelles dont ils disposent.

 Cette dynamique régionale traduit une volonté croissante et déterminée de la part des gouvernements africains de reprendre la mainmise sur des actifs jugés stratégiques pour le développement et l’indépendance économique des nations, surtout dans un contexte de tension exacerbée sur les marchés des matières premières et de forte demande mondiale en minerais critiques nécessaires pour les technologies de pointe.

Au Mali, en particulier, cette réforme s’inscrit dans une logique de souveraineté économique accrue, un concept essentiel pour un pays cherchant à développer et renforcer son autonomie financière et industrielle. Ce besoin de souveraineté prend racine dans le fait que le pays, réputé non seulement pour ses traditions culturelles riches et variées, mais également pour son sous-sol fertile en métaux précieux, demeure l’un des principaux producteurs d’or du continent africain, avec des gisements qui attisent l’intérêt de nombreux investisseurs internationaux. 

La filière de l’exploitation minière, bien au-delà de sa fonction première, représente dès lors une part essentielle et majeure de ses exportations. Elle incarne un pilier économique vital, tant pour les dynamiques commerciales internes, où elle crée des milliers d’emplois, que pour les échanges sur le marché international. Ces échanges sont essentiels non seulement pour le développement économique du pays, mais aussi pour sa position géostratégique en Afrique et dans le monde entier.

La décision prise par les autorités de Bamako se situe dans un contexte où la production industrielle d’or du Mali est projetée en baisse par rapport aux objectifs ambitieux établis pour l’année 2025. Cette réduction anticipée s’explique principalement par les perturbations survenues sur le site de la mine de Loulo-Gounkoto, une installation clé exploitée par la société internationale Barrick Gold. 

Notons que ce site minier est actuellement considéré comme le gisement d’or le plus significatif en termes de volume et d’importance économique pour le pays. Ces perturbations, qui soulignent les défis opérationnels et économiques du secteur, risquent d’avoir un impact notable non seulement sur l’économie locale mais aussi sur les projections financières du pays tout entier.

Moussa KONÉ

croissanceafrik
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Croissance Afrique (sarl) est un Média multi-support qui propose plusieurs rubriques axées sur l’actualité économique du continent. Le magazine est un journal (en ligne dont un mensuel disponible dans les kiosques à journaux) qui traite spécialement les informations financières dédiées à l’Afrique. Il est également le premier média malien spécialisé dans la production d’Informations Économiques, financières, Stratégiques, et orienté vers le reste du monde. Le Magazine a été fondé en Novembre 2017 à Bamako.

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