(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Mali, le Conseil des ministres a annoncé la nomination d’Abdoulaye Daffé en tant que vice-président de la Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD), le 9 avril 2025.
Cette décision confirme celle adoptée lors de la session du Conseil d’administration de l’institution régionale, qui s’est tenue le 26 mars à Dakar. Abdoulaye Daffé succède ainsi à Moustapha Ben Barka, dont le mandat a pris fin le 28 février. M. Daffé prendra ses fonctions courant avril pour un mandat de cinq ans.
Âgé de 73 ans, Abdoulaye Daffé est une figure incontournable du secteur bancaire en Afrique de l’Ouest. Il a dirigé la Banque de Développement du Mali (BDM-SA) pendant plus de vingt ans, élevant cette institution au rang de première banque du pays. Diplômé de l’École nationale d’administration (ENA) de Bamako et de l’Université d’Alabama en finance, il a également occupé le poste de ministre de l’Économie et des Finances en juillet 2020, avant le coup d’État du 18 août.
Sa nomination à la vice-présidence de la BOAD est conforme à l’Acte additionnel n°04/2021/CCEG/UEMOA, qui réforme le processus de désignation des dirigeants au sein des institutions de l’Union. Celle-ci reconnait son expertise financière et représente aussi une opportunité géostratégique pour le Mali.
Créée en 1973, la BOAD joue un rôle clé en tant qu’institution spécialisée de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine), regroupant huit États membres : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. Son siège est situé à Lomé, au Togo. La mission de la BOAD est de financer le développement équilibré de ses pays membres grâce à des prêts concessionnels aux États et au soutien du secteur privé. En 2023, la BOAD a approuvé des financements de plus de 1 200 milliards FCFA, investis principalement dans les secteurs de l’énergie, des infrastructures, de l’agriculture et du transport.
Par ailleurs, des projets emblématiques incluent l’autoroute Abidjan-Lagos et l’interconnexion électrique entre la Côte d’Ivoire, la Sierra Leone et la Guinée, ainsi que des initiatives visant à renforcer la résilience climatique. Le retour d’un Malien à ce poste influent devrait permettre à Bamako d’avoir une voix importante au sein de cette institution qui influence les politiques de développement sous-régionales.
Notons que cette nomination pourrait favoriser la priorisation de projets maliens, renforcer l’accès aux financements concessionnels, et améliorer la visibilité du pays lors des négociations économiques. Alors que le Mali s’efforce de diversifier ses partenariats et de renforcer son intégration régionale, cette décision stratégique pourrait représenter un levier significatif pour son redressement économique et financier.
Daouda Bakary KONÉ