(CROISSANCE AFRIQUE)-Le Gabon, membre de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), a lancé un ambitieux emprunt obligataire le 5 mars 2024, visant à lever 150 milliards de FCFA sur le marché financier.
Cet effort financier intervient dans un contexte économique parsemé de défis, où la nécessité de financement pour la réalisation des projets d’infrastructures et de développement est plus pressante que jamais. Toutefois, l’atteinte de cet objectif financier est devenue une épopée, mettant en lumière les fragilités et les perspectives économiques du Gabon et de la région de la CEMAC.
L’emprunt obligataire initié par le Gabon avait pour but de captiver l’attention des investisseurs, tant locaux qu’internationaux, pour financer d’importants projets de développement. En se basant sur une économie riche en ressources naturelles, notamment le pétrole et les mines, le Gabon comptait sur cet emprunt pour solidifier ses infrastructures et booster sa croissance économique. Or, le lancement a été accueilli avec un enthousiasme mesuré, posant dès le départ des interrogations sur la viabilité de cette démarche financière.
La clôture de l’emprunt, initialement prévue pour le 29 mars 2024, fut d’abord repoussée au 29 avril puis au 20 mai, reflétant les difficultés rencontrées par le Gabon pour attirer suffisamment d’investisseurs. Ces reports successifs sur la Bourse des Valeurs Mobilières de l’Afrique Centrale (BVMAC) ont révélé des défis significatifs en termes de confiance des investisseurs et de perception du risque associé à l’économie gabonaise, mettant en exergue les obstacles auxquels fait face la levée de fonds dans la région.
Les implications de cette initiative laborieuse vont au-delà de la simple mobilisation de fonds; elles touchent à la crédibilité et à la stabilité macroéconomique du Gabon. Dans un écosystème financier où la perception de risque joue un rôle prédominant, la difficulté à boucler cet emprunt pourrait signaler aux investisseurs une fragilité économique, influençant négativement l’attrait du Gabon et de la région CEMAC en tant que destination d’investissement. Ceci risque d’engendrer un cercle vicieux, où le manque de financement freine le développement et la croissance, aggravant encore la situation économique.
L’emprunt du Gabon sur le marché financier de la CEMAC illustre également les défis auxquels est confrontée la région en matière de financement des économies membres. Cette situation pourrait inciter les pays de la CEMAC à réévaluer leurs stratégies de financement et à renforcer les mécanismes de coopération financière régionale pour améliorer l’accès au capital et la résilience économique.
Notons que le parcours tumultueux de l’emprunt obligataire du Gabon met en évidence les multiples facettes du financement du développement en Afrique Centrale. Alors que le Gabon et ses partenaires de la CEMAC cherchent à naviguer dans les eaux parfois agitées des marchés financiers, la leçon est claire: renforcer les fondations économiques et la confiance des investisseurs est crucial pour le succès de telles initiatives.
Pour rappel, le chemin vers la réalisation des ambitions de développement durable de la région nécessitera patience, réformes et une collaboration approfondie entre les pays membres et les acteurs financiers internationaux.
Korotoumou Sylla