Par Journal Mali-Emergent
L’Agenda 2063, cadre stratégique de l’Union africaine pour la transformation socio-économique de l’Afrique, appelle à promouvoir des plans sectoriels et de productivité, ainsi qu’à développer des chaînes de valeur régionales et de produits de base pour appuyer la mise en œuvre de politiques industrielles à tous les niveaux. Il s’agit essentiellement de promouvoir l’industrialisation, la production et l’exportation des produits à valeur ajoutée et la création d’emplois durables. Le premier plan décennal de mise en œuvre de l’Agenda 2063 a été approuvé en juin 2015 par les pays membres de l’Union Africaine.
C’est le 21 mars 2018 que 44 états membres de l’Union Africaine ont signé à Kigali (Rwanda) l’Accord de la Zone de Libre Echange Continentale (ZLECAF). L’entrée en vigueur de la ZLECAF était initialement prévue pour le 30 mai 2019 après sa ratification par 22 états membres mais elle fut repoussée au 1er janvier 2021 à cause de la gravité de la crise sanitaire de la pandémie Covid-19. Le premier objectif de la ZLECAF est de créer un marché unique continental pour les biens et services, avec la libre circulation des personnes et des investissements et ouvrir ainsi la voie à l’accélération de l’établissement de l’union douanière continentale et de l’union douanière africaine.
Le processus d’intégration régionale est plus que jamais au cœur de l’agenda politique et économique africain. L’Union Africaine en a fait le pivot de sa vision 2063 pour bâtir une Afrique en paix, unie et prospère. La Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est l’organisation régionale dotée d’une identité supranationale afin de mener le processus d’intégration régionale en Afrique de l’Ouest. L’Union Africaine est composée notamment de 8 organes sous-régionaux, les communautés économiques régionales (CER) qui sont les piliers de la Communauté Economique Africaine créée par le Traité d’Abuja en juin 1991 dans le but de fournir au continent africain un cadre général pour son intégration économique. Toutefois, une intégration régionale ne peut-être réalisée sans une convergence macroéconomique réelle permettant de réduire les disparités entre les niveaux de développement des pays membres et les disparités entre leurs économies.
Les communautés économiques régionales (CER) ont été constituées avant le lancement de l’UA dont l’Acte Constitutif fut signé le 11 juillet 2000 à Lomé (Togo), se sont développées individuellement et ont des rôles et des structures différents. Elles ont pour but de faciliter l’intégration économique régionale entre les membres de chacune des régions et au sein de la grande Communauté économique africaine (CEA). ). Le Traité d’Abuja qui prévoit que les CER seront les piliers de la mise en place de l’union économique est entré en vigueur depuis 1994, et ambitionne en définitive de créer un marché commun africain en utilisant les CER comme éléments de base. L’UA est composé de huit (8) CER : 1) L’Union du Maghreb arabe (UMA) ; 2) le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA) ; 3) la Communauté des États Sahélo Sahariens (CEN–SAD) ; 4) la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) ; 5) la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) ; 6) la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ; 7) l’Autorité Intergouvernementale sur le Développement (IGAD) ; 8) la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).
La CEDEAO a été créé en mai 1975 par le Traité de Lagos avec pour objectif de promouvoir la coopération économique et politique entre les états membres. L’Union Africaine a fait de l’intégration africaine le pivot de sa vision 2063 pour bâtir une Afrique en paix, unie et prospère. Depuis sa création en 1975 pour favoriser l’intégration régionale, le mandat de la CEDEAO a beaucoup évolué. Aussi, la CEDEAO a, au-delà de son mandat original, été chargée aussi de la mise en oeuvre du Nouveau Partenariat pour le Développement en Afrique (NEPAD) et de l’Accord de partenariat économique (APE) avec l’Union européenne.
La CEDEAO est composée de 3 grandes instances : l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire. Au sommet de la pyramide organisationnelle se trouve le Président de la Conférence des Chefs d’état et de Gouvernement qui est désigné par ses pairs pour gérer les affaires de l’organisation pendant une (1) année. L’Exécutif de la Communauté est dirigé par le Président de la Commission de la CEDEAO qui est nommé par la Conférence pour une période non renouvelable de quatre (4) ans. Il est assisté d’un Vice-président et de 13 Commissaires. L’organe législatif de la CEDEAO est le Parlement qui est dirigé par un Président. L’organe judiciaire de la CEDEAO est la Cour de Justice qui est également dirigée par un Président.
Aussi, la CEDEAO détient à son actif la création de nombreuses institutions communautaires telles que le Parlement et la Cour de Justice, les institutions supranationales ouest-africaines dédiées à l’adoption des lois et à l’arbitrage de l’application des décisions et lois de la Communauté, la Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO (BIDC), l’Organisation ouest-africaine de la santé (OOS), et l’Agence monétaire de l’Afrique de l’Ouest (AMAO).
Le rôle de la CEDEAO en tant que structure régionale complémentaire des niveaux local et national devient alors incontournable pour le développement économique et politique de l’Afrique de l’Ouest actuellement. Le Mali est un membre fondateur de la CEDEAO et possède sa cinquième plus importante économie après le Nigéria, le Ghana, la Côte d’Ivoire et le Sénégal. Selon la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), les exportations totales du Mali en 2018 se chiffraient à 1 991 milliards FCFA (dont 15% dans la CEDEAO) et les importations totales à 2203 milliards FCFA (dont 42% dans la CEDEAO) soit un déficit commercial de 212 milliards FCFA en 2018. Rappelons que la CEDEAO compte 15 pays membres, couvre une superficie de 5,1 millions km2 et possède un produit intérieur brut d’environ 620 milliards $ (2019).
Bamako, le 10 janvier 2021
Modibo Mao MAKALOU
MBA