Pékin promettait de longue date d’ouvrir davantage son économie aux investissements étrangers. Mais dans le secteur de la finance, la promesse tardait à être honorée. Cette fois, la Chine a levé officiellement une partie de ses restrictions imposées aux banques étrangères dans le pays. Les explications de Mary-Françoise Renard, de l’université d’Auvergne, responsable de l’Institut de recherche sur l’économie de la Chine au Cerdi.
Les banques étrangères pourront désormais détenir la totalité du capital d’un établissement implanté en Chine. Les sociétés de gestion de fonds et les courtiers devront attendre encore quelques mois. Une petite révolution tout de même.
Jusqu’ici, « les sociétés financières, les banques qui voulaient investir en Chine, ne pouvaient disposer que de 20 à 25% du capital à peu près. C’était très contraignant », rappelle l’économiste Mary-Françoise Renard sur RFI.
Il leur fallait en effet trouver le partenaire local, avoir sa confiance, les mêmes modes de gestion… Des contraintes très lourdes, dont il ne faut pas imaginer qu’elles disparaissent complètement, précise cette spécialiste de la Chine.
« Il faudra bien que ces entreprises aient une autorisation. La Chine a un certain nombre de garde-fous sur les secteurs sensibles. » Mais pour autant, « c’est moins contraignant », pour l’implantation étrangère, conclut Mme Renard.
Déjà, au mois de décembre 2019, il y a une banque suisse qui a pu prendre une participation majoritaire dans une banque chinoise. Cela intéresse évidemment beaucoup les grandes banques américaines. Cela va permettre à ces banques américaines de plus investir en Chine et les banques européennes, évidemment, aussi. Il faut savoir quand même que le danger pour l’instant, pour les banques chinoises, n’est pas très, très grand, parce qu’évidemment, la part de marché des entreprises étrangères est extrêmement faibleMary-Françoise Renard, université d’Auvergne05/01/2020 – par Pauline GleizeÉcouter
« Il faut voir si les conditions institutionnelles seront remplies »
Attention, cela ne veut pas dire qu’il n’y aura plus de contraintes. « Il faut voir comment ces mesures vont s’appliquer, qui va les contrôler, quels sont les recours véritables des entreprises étrangères », fait remarquer Mary-Françoise Renard.
« Il faut voir si les conditions institutionnelles seront remplies pour que cela fonctionne », résume la chercheuse, pour qui cette mesure doit être comprise comme un signe d’apaisement, dans le contexte de la guerre commerciale.
En effet, si la Chine tend à ouvrir progressivement son économie sur le monde, « cette ouverture se fait sous la contrainte, le plus souvent, de la pression internationale. Pas seulement, mais quand même en partie. »
En l’occurrence, il s’agissait de mesures réclamées grandement par les États-Unis. Or, cette annonce, si elle était prévue, tombe quand même « juste avant la conclusion d’un accord qui doit normalement se faire le 15 janvier ».
Ces mesures (…) apparaissent quand même comme une preuve ou sont interprétées comme une preuve de bonne volonté vis-à-vis des États-UnisMary-Françoise Renard, université d’Auvergne05/01/2020 – par Pauline Gleize