(CROISSANCE AFRIQUE)-Avec un ratio d’endettement estimé entre 75 et 77% du Pib selon le sémillant Gemayel du Fmi, y a-t-il des inquiétudes fondées pour les dépenses d’infrastructures et d’équipement dont le Sénégal a tant besoin pour relancer l’économie et retrouver le niveau de croissance du Pib pré-Covid 19 ?
Dans un contexte d’endettement lourd de moins en moins concessionnel : les taux d’intérêt et le niveau du dollar Us, la tension géopolitique en Europe, l’avis des agences de notation, les conditionnalités de Bretton Woods contraignent le Sénégal, toute l’Afrique presque, à une gestion assainie des finances publiques, dorénavant les efforts seront axés sur des secteurs vitaux et politiquement sensibles tels que l’éducation, la sécurité aux frontières, la santé et la nutrition. Le maintien de la cadence d’investissement dans l’infrastructure sera impacté par les contraintes budgétaires de notre pays.
C’est dans ce contexte qu’il faut saluer ce que je considère comme le premier contrat-type de Partenariat public privé (Ppp) selon la loi n°2021-23 de mars 2021, avec la construction de 15 centres de formation professionnelle dans les régions pour un coût global de 113 milliards de francs Cfa.
Le ministère de la Formation professionnelle, de l’apprentissage et de l’insertion et Planet One, un groupe d’origine anglaise, ont signé le contrat Ppp.
Notre secteur privé -toujours dans la représentation- ne pouvait pas nous gratifier de cette performance historique. L’Etat a fait ce qu’il avait à faire, nos capitaines d’industries doivent s’assumer.
L’éducation et la formation, bientôt les routes et autoroutes, ports et aéroports, hôpitaux, centres de santé ou centres de données, etc. seront les secteurs-cibles des candidats aux contrats globaux de Ppp au Sénégal. Un défi pour notre Administration bien relevée du reste avec le contrat de One planet groupe.
Le secteur privé, avec les capitaux privés pour pallier les déficits chroniques du trésorier public dans la conception, la mise en œuvre, le financement, l’entretien-exploitation de l’infrastructure publique, sont les véritables enjeux d’une démarche qui vise à transférer les risques et la responsabilité des investissements vers le secteur privé, tout en garantissant l’augmentation de la valeur résiduelle du patrimoine public grâce à un entretien régulier.
L’entretien et la maintenance sont le talon d’Achille de nos administrations. La collaboration public-privé s’inscrit dans le cadre du contrat de partenariat selon une méthodologie codifiée par le décret d’application subséquente à la loi n°2021-23 qui innove et améliore avec l’instauration de l’Unapp et le Fapp comme des mécanismes d’appui techniques, réglementaires et financiers de mise en œuvre d’un contrat de Ppp au Sénégal.
La mise en place du Fonds d’appui aux Ppp est très urgente, sa dotation en capitaux doit être renforcée pour les Pme et subsidiairement les Tpe sénégalaises qui doivent impérativement saisir les opportunités des contrats de partenariat de petite et moindre taille si nous voulons l’effet multiplicateur escompté en termes de création de richesse et d’emplois pour l’économie du Sénégal. 98% des entreprises au Sénégal sont les Pme et Tpe ; leur regroupement en taille critique avec un financement adéquat et une assistance en expertise opérationnelle seront déterminants pour leur faire bénéficier des avantages des Ppp. La nouvelle mission de la Cdc et du Fonsis doit intégrer la donne Pme et Tpe dans les contrats de Ppp.
Aussi, les entreprises étrangères devraient se voir obligées à sous-contracter avec des Pme authentiquement sénégalaises et locales sur toutes les étapes d’exécution des contrats Ppp. Les communes du pays ne devraient pas être en reste, un paquet d’incitations fiscales devrait leur permettre d’attirer les entreprises et investisseurs privés pour des Ppp dans leurs compétences transférées. Peut-être bien une partie des fonds de dotation devrait être transférée sur un mécanisme financier dédié à cet effet.
L’incitation au respect de critères environnementaux dans un contexte de changements climatiques devrait précipiter des amendements aux cadres juridiques des Ppp au Sénégal, enfin notre fiscalité doit s’adapter aux fonds d’infrastructures et opérateurs globaux de Ppp qui se déploient partout sur le continent, surtout dans les pays gaziers et pétroliers.
Moustapha DIAKHATE
Expert et Consultant en Infrastructure
Formateur en PPP