CROISSANCE AFRIQUE)-Le 19 juin 2023, le Niger a annoncé la nationalisation de la Somaïr, une filiale de la multinationale française Orano, marquant une étape significative dans la détérioration des relations entre le pays et la France.
Cette décision fait suite à la perte de contrôle opérationnel par Orano, qui représente une entité dont plus de 90 % du capital est détenu par l’État français.
La télévision nationale a justifié cette nationalisation en accusant Orano de comportements « irresponsables » et « illégaux », et a affirmé que l’action était prise dans un esprit de souveraineté. L’État du Niger a également mentionné qu’une indemnité serait versée aux actionnaires de la Somaïr.
Cette décision survient dans un contexte de tensions croissantes entre le gouvernement militaire du Niger, qui a accédé au pouvoir en 2023, et la France, tandis que le Niger se rapproche de partenaires tels que la Russie et l’Iran.
Le Niger refuse, par exemple, de rouvrir sa frontière avec le Bénin, qu’il accuse de vouloir le déstabiliser. En conséquence, une quantité d’environ 1 300 tonnes de concentré d’uranium, lequel transitait habituellement via le port de Cotonou, est toujours bloquée sur le site de la Somaïr, pour une valeur marchande de 250 millions d’euros, selon le groupe.
Outre sa rupture avec la multinationale française, le régime de Niamey a également sommé des travailleurs chinois du secteur pétrolier de quitter le pays, accusant la société CNPCNP, qui exploite l’or noir, de « mépris » des réglementations en vigueur.
Sur le plan militaire, le Niger a chassé de son sol les soldats français et américains engagés dans la lutte antidjihadiste, et les Etats-Unis ont, notamment, rétrocédé leur base de drones dans le nord du pays en mars 2024.
Notons que les autorités nigériennes ont régulièrement accusé Paris de tenter de déstabiliser le pays, en fournissant de preuves tangibles (documents, vidéos et images certifiés sur la chaîne RTN, le médias d’État), en dépit des problèmes croissants liés à la sécurité, comme les récentes attaques terroristes meurtrières.
Moussa KONÉ