(CROISSANCE AFRIQUE)-Le groupe industriel nigérian Dangote Industries Limited (DIL), dirigé par le milliardaire Aliko Dangote, envisage de vendre 12,5 % de sa raffinerie de pétrole.
Cette décision intervient dans un contexte de difficultés financières croissantes pour le groupe, exacerbées par une note de crédit récemment abaissée par Fitch Ratings. La raffinerie, d’une capacité de 650 000 barils par jour, joue un rôle crucial dans les ambitions de Dangote sur le marché pétrolier nigérian.
La vente annoncée est surtout motivée par la nécessité de rembourser une dette imminente de DIL. Financée pour la construction de la raffinerie, cette dette doit être réglée avant le 31 août. Sa mise en vente a suscité des préoccupations quant à la capacité de l’entreprise à honorer ses engagements financiers à temps.
L’objectif principal de cette transaction est de générer des liquidités suffisantes pour rembourser des dettes en devises. Fitch a mis en garde que sans mesures concrètes pour le refinancement, une nouvelle dégradation de la note de crédit de DIL pourrait survenir. Ce développement représente un risque majeur pour la stabilité financière du groupe.
L’abaissement de la note de crédit de DIL de AA à B+ souligne la précarité de sa situation financière. Selon Fitch, l’absence de plan tangible pour le remboursement de la dette pourrait entraîner des conséquences négatives supplémentaires. Cela met en lumière la vulnérabilité du groupe face aux fluctuations économiques et à la gestion de sa dette.
Les problèmes de liquidités sont accentués par une perte de valeur du naira par rapport au dollar. DIL a enregistré une perte de change importante en 2023, totalisant 1,7 milliard USD. Ce décalage entre sa dette en devises et ses recettes en monnaie locale aggrave les difficultés financières de l’entreprise.
En 2021, la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC) avait acquis une participation de 7,25% dans la raffinerie pour 1 milliard USD. Alors qu’une option d’achat de 12,75 % restait ouverte jusqu’en juin 2024, celle-ci n’ayant pas été exercée, Dangote a décidé de revendre ces parts. Cela soulève des interrogations sur le soutien stratégique de la NNPC dans cette opération.
Dangote fait également face à des critiques concernant la qualité du carburant produit par sa raffinerie. Des accusations de pratiques monopolistiques sont formulées au sein de l’industrie pétrolière, ternissant la réputation du groupe. Cela pourrait influencer non seulement ses ventes, mais aussi sa position sur le marché à long terme.
Notons que la dévaluation continue du naira a des répercussions directes sur les opérations de DIL. Ce déséquilibre entre une dette libellée en USD et des revenus en naira complique la pérennité de l’entreprise. Cela souligne la nécessité d’une gestion rigoureuse des enjeux économiques pour garantir sa survie sur un marché compétitif.
Dans l’ensemble, les décisions stratégiques prises par Dangote Industries auront des conséquences cruciales sur son avenir. La mise en vente de cette participation représente à la fois une opportunité de redressement financier et un risque de détérioration de sa note de crédit. L’évolution de ce dossier sera à suivre de près pour évaluer l’impact sur l’industrie pétrolière nigériane dans son ensemble.
Moussa KONÉ