(CROISSANCE AFRIQUE)-Moody’s a récemment passé au scanner l’économie béninoise suite à une révision des notations souveraines, effectuée le 27 août 2024. Cette évaluation vise à refléter la conformité du pays à l’état actuel de la gestion de ses finances publiques.
Lors de cette analyse, l’agence a porté un regard attentif sur plusieurs enjeux, notamment le profit de crédit, la solidité économique et fiscale du Bénin, ainsi que les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Cette démarche est cruciale pour comprendre la santé économique du pays et ses perspectives de développement.
La révision de la notation souveraine par Moody’s intervient dans un contexte où le Bénin doit naviguer à travers des défis économiques significatifs. En effet, le pays a connu un niveau d’endettement soutenu, avec un ratio dette publique/PIB de 52,1% à la fin juin 2024. Cependant, cette situation est contrebalancée par un cadre macroéconomique robuste qui projette une croissance stable du PIB. L’agence de notation a noté que la gestion proactive des finances publiques pourrait jouer un rôle déterminant dans l’évolution de la notation du pays.
Moody’s a mis en avant la solidité des bases économiques du Bénin, qui se traduit par des prévisions de croissance du PIB réel de 6 à 7% au cours des cinq prochaines années. Ces bonnes performances économiques sont renforcées par des efforts de réduction de la dette publique, ce qui incite les investisseurs. Néanmoins, l’agence a précisé qu’une dégradation de la note pourrait survenir si les indicateurs budgétaires se détérioraient par rapport aux prévisions actuelles. Ce facteur est crucial pour maintenir la confiance des marchés financiers et la stabilité économique.
Les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance prennent une ampleur croissante dans l’évaluation des notations souveraines. Moody’s a souligné l’importance d’une amélioration durable des institutions et du cadre de gouvernance pour envisager une hausse de la note du Bénin. Cette approche intégrative s’aligne avec les attentes des investisseurs, qui recherchent des pays capables de répondre à des critères ESG rigoureux. Ainsi, la promotion d’une gouvernance transparente et efficace devient un levier pour attirer davantage d’investissements.
Moody’s a laissé entrevoir des perspectives tant d’amélioration que de dégradation de la notation souveraine du Bénin. L’agence a indiqué qu’elle pourrait envisager de relever la note si des preuves d’une réduction durable de la dette publique sont observées. D’autre part, une détérioration de la situation budgétaire pourrait entraîner une baisse de la note. Ces ambiguïtés reflètent l’incertitude inhérente à l’environnement économique actuel et soulignent la nécessité d’une gestion rigoureuse.
Le niveau d’endettement du Bénin, bien qu’élevé, est accompagné de prévisions de croissance robustes, favorisant un climat d’investissement favorable. En effet, la capacité du pays à lever des fonds sur les marchés internationaux, telle qu’observée lors de l’emprunt obligataire réussi en février 2024, renforce la confiance des créanciers. Cela démontre que la signature du pays est perçue positivement sur les marchés financiers. Les prévisions de croissance continue du PIB réel sont un signe encourageant pour la résilience économique du Bénin.
L’emprunt obligataire de 750 millions de dollars, réalisé en février 2024, a été un succès important pour le Bénin, marquant un tournant dans sa capacité à mobiliser des ressources. Ce financement a non seulement amélioré la liquidité du pays, mais aussi confirmé la confiance accordée par les investisseurs internationaux. De plus, il a permis de soutenir le développement des infrastructures et des projets sociaux au Bénin. Un tel succès est essentiel pour crédibiliser les capacités de gestion financière du pays sur la scène internationale.
Enfin, il convient de souligner que le Bénin affiche un taux d’inflation parmi les plus bas de l’UEMOA, se stabilisant en moyenne à 0,9% au cours des sept premiers mois de 2024. Ce chiffre est bien en deçà de l’objectif de 3% fixé par l’Union, illustrant la maîtrise des pressions inflationnistes, notamment grâce à la baisse des prix des carburants.
Notons que cette stabilité des prix est cruciale pour le pouvoir d’achat des ménages et pour la compétitivité des entreprises. En somme, cette situation favorable témoigne d’une gestion économique prudente et réfléchie, des éléments qui renforceront à terme la notation souveraine du Bénin.
Daouda Bakary KONE
