(CROISSANCE AFRIQUE)-Le groupe bancaire Oragroup se trouve actuellement à un tournant critique de son histoire, avec un plan de sauvetage d’un montant de 454 millions de dollars en vue.
Ce plan est principalement destiné à renforcer les fonds propres de ses filiales, qui luttent pour respecter les exigences réglementaires en vigueur. Cela survient à un moment où les ratios de solvabilité sont devenus une préoccupation majeure, en particulier après l’exposition accrue aux risques souverains en Afrique centrale et de l’Ouest. Une information cruciale a été présentée lors de l’Assemblée générale mixte, mettant en lumière la nécessité immédiate d’un soutien financier. Les détails de cette situation alarmante soulignent le besoin urgent d’une intervention stratégique pour éviter des conséquences plus graves.
Oragroup a déclaré avoir besoin de 273 milliards de francs CFA pour améliorer la solidité financière de ses principales filiales. Ce montant s’inscrit dans le cadre des exigences de l’Union monétaire ouest-africaine, qui surveille de près les ratios prudentiels des institutions financières.
Plusieurs filiales, incluant celles basées au Togo, au Tchad et en Guinée, se trouvent à des niveaux de solvabilité alarmants. La nécessité d’un plan de renforcement des fonds propres est devenue non seulement une option, mais une obligation pour préserver la continuité des opérations du groupe.
Pour faire face à cette crise, Oragroup propose une augmentation de capital allant jusqu’à 160 milliards FCFA. Les actionnaires auront l’opportunité d’exercer leur droit préférentiel de souscription lors de cette opération. Cette initiative est essentielle pour lever les fonds nécessaires tout en permettant aux actionnaires existants de participer au relèvement de la situation financière du groupe. Parallèlement, des efforts pour monétiser les dettes Tier 2 pourraient générer des ressources supplémentaires, contribuant ainsi à la stabilisation des fonds propres.
La situation financière d’Oragroup a un impact direct sur ses filiales, chacune ayant des besoins financiers spécifiques. Par exemple, la filiale togolaise requiert 80 milliards CFA pour se redresser, tandis que d’autres filiales en Guinée, Mauritanie et Bénin présentent également des besoins importants. Si ces besoins ne sont pas satisfaits, l’avenir de ces entités pourrait être compromis. Ainsi, les mesures proposées dans le plan de sauvetage doivent être mises en œuvre rapidement pour assurer leur survie sur le long terme.
Dans le cadre de leurs efforts de restructuration, Oragroup prévoit d’optimiser ses actifs pondérés par les risques pour alléger la pression sur son capital réglementaire. La vente d’actifs non stratégiques sera également envisagée pour renforcer la trésorerie. Ces décisions sont vitales pour reprendre le contrôle sur une situation financière déjà précaire. De plus, la concentration de crédit pose un défi significatif, car les 20 principaux prêts représentent 231 % des fonds propres du groupe.
Les risques financiers ne se limitent pas à une seule année. Oragroup doit naviguer dans une situation difficile où le non-respect des exigences prudentielles pourrait entraîner des sanctions sévères. La commission bancaire surveille vigilamment l’évolution de la situation, et tout manquement pourrait compromettre non seulement la stabilité d’Oragroup mais également celle de ses filiales. Le groupe anticipe un retour à des niveaux de solvabilité conformes d’ici 2026, sous réserve d’une exécution efficace des actions proposées.
Notons que l’importance d’une surveillance rigoureuse par les autorités de régulation ne peut être sous-estimée. Oragroup se trouve sous haute surveillance afin de respecter les ratios prudentiels, qui sont cruciaux pour sa légitimité et sa capacité à opérer.
Pour rappel, le conseil d’administration a clairement indiqué que le renforcement des fonds propres est impératif pour garantir la stabilité financière. Sans cela, l’avenir d’Oragroup et de ses filiales serait incertain au-delà de 2024. La mise en œuvre rapide du plan de sauvetage sera donc déterminante pour assurer la pérennité du groupe.
Daouda Bakary KONE