(CROISSANCE AFRIQUE)-Le Mali et le Burkina Faso, troisième et sixième clients individuels de la Côte d’Ivoire, jouent un rôle significatif dans l’économie de ce pays d’Afrique de l’Ouest, constituant collectivement son meilleur client en termes de commerce des biens en 2023. Avec un achat cumulé de 1444,6 milliards de produits ivoiriens, leur position privilégiée confirme l’importance de leur relation bilatérale et sous-régionale avec la Côte d’Ivoire.
Cette dynamique se distingue nettement de la relation commerciale entre la Côte d’Ivoire et d’autres partenaires tels que les Pays-Bas, la Suisse, le Vietnam et la Malaisie, qui se concentrent principalement sur l’achat de matières premières à faible valeur ajoutée. Les échanges commerciaux entre la Côte d’Ivoire et ses voisins maliens et burkinabès ne sont pas qu’une simple question de proximité géographique ; ils reflètent une intégration économique profonde et une dépendance mutuelle renforcée par l’histoire.
Cette relation s’est traduite en 2023 par un excédent commercial substantiel pour la Côte d’Ivoire, soulignant l’importance des corridors commerciaux historiques reliant Bobo-Dioulasso. Ces corridors ont facilité un doublement des ventes depuis 2019, démontrant une accélération des échanges malgré les divergences politiques et économiques au sein de la sous-région.
Contrairement à ses transactions avec d’autres partenaires internationaux, les produits vendus au Mali et au Burkina Faso proviennent d’une chaîne de production plus large et diversifiée. Cette situation bénéficie non seulement à l’économie ivoirienne en générant un gain commercial plus important mais reflète également une dynamique commerciale particulière. Elle met en évidence la capacité de la Côte d’Ivoire à s’adapter aux besoins spécifiques de ses voisins, renforçant ainsi les liens économiques et politiques régionaux.
Le FCFA, monnaie commune utilisée par ces trois pays, joue un rôle crucial dans ces échanges commerciaux. Cependant, la dominance perçue de la France via le FCFA a peu d’impact sur la balance des paiements de la Côte d’Ivoire avec le Mali et le Burkina Faso. Ce constat remet en question les idées reçues sur le contrôle économique exercé par la France et suggère que les relations commerciales entre ces pays reposent sur une base plus équilibrée et mutuellement bénéfique.
Les relations commerciales fortes entre la Côte d’Ivoire, le Mali et le Burkina Faso ont des implications politiques significatives, en particulier concernant l’avenir du FCFA. La dynamique commerciale pourrait pousser les dirigeants de ces pays à reconsidérer leur position vis-à-vis de cette monnaie héritée de la colonisation. L’expansion économique de la Côte d’Ivoire dépend en partie de sa capacité à maintenir et développer ses relations avec le Mali et le Burkina Faso, ce qui pourrait être influencé par les décisions politiques concernant la monnaie commune.
Notons que le Mali et le Burkina Faso se révèlent être des partenaires commerciaux indispensables pour la Côte d’Ivoire, soulignant l’importance des relations bilatérales et sous-régionales dans le contexte économique ouest-africain. La diversification des exportations ivoiriennes vers ces pays et l’accélération des échanges confirment la résilience et l’importance des corridors commerciaux historiques.
Pour rappel, il est essentiel de reconnaître l’impact limité du FCFA sur la dynamique commerciale, qui pourrait avoir des implications sur les décisions politiques à venir, affectant ainsi les perspectives économiques de la région.
Daouda Bakary KONE
