(CROISSANCE AFRIQUE)-Paradigm Initiative (PIN) a dénoncé, dans les termes les plus forts possibles, l’ordre de coupure d’Internet pris par les autorités sénégalaises peu après que le président Macky Sall a reporté sine die l’élection présidentielle du pays.
La militarisation continue des coupures et des blocages d’Internet s’est accentuée ces derniers temps. Ce ne sera pas la première fois que le Sénégal coupe Internet à sa population, comme c’est désormais le cas des gouvernements africains lors de manifestations ou à l’approche d’élections.
De même, le lundi 31 juillet 2023, le Sénégal a restreint l’accès aux services Internet lorsque le chef de l’opposition Ousmane Sonki a été formellement inculpé devant la justice pour « fomentation d’insurrection » par les autorités. Ces fermetures vont à l’encontre de l’article huit de la Constitution sénégalaise de 2001 qui garantit aux citoyens la liberté d’opinion, la liberté d’expression, la liberté de la presse, la liberté d’association, la liberté de réunion et la liberté de mouvement.
L’article 9 (1) de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples prévoit également l’accès à l’information en tant que droit de recevoir des informations et est repris par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques en vertu de l’article 19 (2). En outre, les fermetures créent des obstacles importants qui nuisent à la libre circulation de l’information, ce qui peut à son tour éroder la confiance dans les processus électoraux et accroître la probabilité d’hostilités et de violences.
Les fermetures peuvent également entraîner la perturbation des transactions financières, du commerce, de l’industrie, des marchés du travail et de la disponibilité des plateformes de fourniture de services, et surtout, une menace pour les valeurs de la démocratie.
Comme le précise le principe 37 de la Déclaration de principes sur la liberté d’expression et l’accès à l’information en Afrique, les États doivent faciliter les droits à la liberté d’expression et l’accès à l’information en ligne ainsi que les moyens nécessaires pour exercer ces droits. Ils doivent également reconnaître qu’un accès universel, équitable, abordable et significatif à Internet est nécessaire à la réalisation de la liberté d’expression, à l’accès à l’information et à l’exercice d’autres droits humains.
L’explication donnée par le gouvernement concernant les messages « haineux » et « subversifs » diffusés sur les réseaux sociaux était inadéquate pour justifier des mesures aussi drastiques, y compris leur base juridique et leurs fondements sous-jacents.
En outre, le PIN appelle le gouvernement du Sénégal à adhérer à l’objectif de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance en vertu de l’article 2 (10) de promouvoir la mise en place des conditions nécessaires pour favoriser la participation citoyenne, la transparence, l’accès à l’information, la liberté. de la presse et la responsabilité dans la gestion des affaires publiques. Un Internet ouvert garantira ce respect et la promotion des droits de l’homme en vertu de l’article quatre de la même chose.
Nous exhortons les autorités gouvernementales à respecter les droits de leurs citoyens et à renoncer à toute nouvelle tentative de fermeture future.
Prend fin…/
À propos du code PIN
Paradigm Initiative (PIN) est une organisation à but non lucratif qui construit des systèmes de soutien basés sur les TIC et défend les droits numériques afin d’améliorer les moyens de subsistance des jeunes Africains mal desservis. L’organisation travaille dans les communautés à travers le Nigéria depuis 2007 et dans toute l’Afrique à partir de 2017, renforçant l’expérience, la confiance communautaire et une culture organisationnelle qui la positionnent comme une organisation non gouvernementale leader dans les TIC pour le développement et les droits numériques sur le continent.
Le programme de plaidoyer de l’organisation se concentre sur le développement de politiques publiques pour la liberté d’Internet en Afrique, avec des bureaux à Abuja, au Nigeria (couvrant la région anglophone de l’Afrique de l’Ouest) ; Yaoundé, Cameroun (Afrique centrale) ; Nairobi, Kenya (Afrique de l’Est), Lusaka, Zambie (Afrique australe), Bulawayo, Zimbabwe et Dakar, Sénégal.
PIN a créé des plateformes en ligne qui éduquent et servent d’espaces sûrs pour le signalement des violations des droits numériques. Ces supports, sous forme de reportages, de courts métrages et de plateformes éducatives en ligne, incluent Ayeta, Londa et Ripoti.
Paradigm Initiative est également l’organisateur du Forum sur les droits numériques et l’inclusion (DRIF), un forum panafricain bilingue qui se tient chaque année depuis 2013.