(CROISSANCE AFRIQUE)- Dans les Etas de l’Union économique et monétaire Ouest-Africaine, le portefeuille de crédits se dégrade, atteignant 8,9%, au troisième trimestre 2024. Malgré cela, les activités des systèmes financiers décentralisés (SFD) continuent de croître dans la zone UEMOA.
L’augmentation des dépôts et des crédits accordés par les institutions de microfinance met en évidence leur rôle crucial dans l’inclusion financière. Toutefois, cette détérioration de la qualité du portefeuille de crédits indique que le secteur doit encore relever d’importants défis.
Les dépôts collectés par les institutions de microfinance ont enregistré une hausse de 10,7% par rapport à l’année précédente, atteignant 2 459,6 milliards FCFA à la fin du troisième trimestre 2024. Plusieurs pays de l’Union ont connu une augmentation, incluant le Sénégal (+32,4 milliards FCFA ; +5,9%), la Côte d’Ivoire (+15,7 milliards FCFA ; +2,6%) et le Togo (+8,5 milliards FCFA ; +2,1%). En revanche, le Niger a observé une baisse de 576,8 millions FCFA (-2,1%). Cette épargne mobilisée représente désormais 5,5% des dépôts totaux des établissements de crédit de l’UEMOA, soulignant ainsi l’importance croissante des SFD dans le financement de l’économie.
Au 30 septembre 2024, l’encours des crédits accordés par les SFD a enregistré une hausse significative de 12,2% sur une année, atteignant 2 656,7 milliards FCFA. Cette augmentation se manifeste dans plusieurs pays, avec des résultats notables tels que le Togo (+35,8 milliards FCFA ; +9,9%), le Sénégal (+32,2 milliards FCFA ; +4,4%) et la Côte d’Ivoire (+29,3 milliards FCFA ; +4,8%). Néanmoins, une diminution des crédits est à signaler au Niger, avec une baisse de -508,4 millions FCFA, soit -3,8%. Les crédits fournis par ces institutions représentent maintenant 7,5% de l’ensemble des financements accordés par les banques de l’Union, marquant ainsi une légère augmentation par rapport aux 7,2% enregistrés au trimestre précédent.
Cependant, malgré ces résultats positifs en matière de collecte de dépôts et d’octroi de crédits, la qualité du portefeuille des SFD suscite des préoccupations. Les créances en souffrance ont augmenté de 13,2%, une hausse plus rapide que celle des crédits totaux, qui ont progressé de 4,7%. Le taux brut de dégradation du portefeuille de crédits a atteint 8,9% à la fin septembre 2024, en hausse par rapport à 8,2% au trimestre précédent et 7,5% un an auparavant. Ce taux demeure largement supérieur au seuil recommandé de 3%.
De plus, le nombre d’institutions de microfinance sous administration provisoire a augmenté, passant de 8 à 9 entre juin et septembre 2024. Ces institutions sont réparties dans plusieurs pays : 2 au Bénin, 1 au Burkina Faso, 1 en Côte d’Ivoire, 1 au Mali, 2 au Niger et 2 au Togo. Cette situation met en lumière les défis structurels que rencontrent certaines institutions de microfinance.
Notons que la détérioration de la qualité du portefeuille des SFD souligne l’urgence de renforcer les mécanismes de gestion des risques de crédit. Pour assurer la pérennité du secteur de la microfinance dans l’UEMOA, il est crucial d’améliorer les pratiques prudentielles et d’intensifier la supervision. Par ailleurs, une meilleure diversification des sources de financement, ainsi qu’un recours accru aux technologies numériques, pourrait jouer un rôle clé dans le renforcement de la résilience du secteur.
Daouda Bakary KONE