(CROISSANCE AFRIQUE)-Afrique de l’ouest, les données officielles estiment que l’activité bancaire, centrée sur la collecte de l’épargne et l’octroi de crédits, reste confrontée à un risque majeur dans la zone de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest Africaine): le non-remboursement des prêts accordés.
À fin septembre 2024, ce défi s’est traduit par un taux de dégradation brut du portefeuille de crédit de 9,1%, un indice alarmant qui illustre la fragilité du système financier dans la région. C’est pourquoi, mes données officielles estiment que les crédits en souffrance atteint plus de 3 400 milliards FCFA à fin septembre 2024.
Ce taux de dégradation, bien au-dessus des normes acceptables, suscite des inquiétudes non seulement parmi les banques elles-mêmes, mais également chez les investisseurs et les économistes qui suivent de près l’évolution de l’économie de l’UEMOA.
Les raisons de cette détérioration sont multiples, allant des conséquences économiques des crises politiques dans certains pays membres jusqu’à l’impact d’une inflation galopante qui a réduit le pouvoir d’achat des ménages et leur capacité à honorer leurs obligations financières. Par ailleurs, le phénomène de la mauvaise gestion des entreprises et de l’absence de mesures de contrôle adéquates dans l’octroi des crédits viennent aggraver la situation.
Si cette tendance se poursuit sans intervention, la crédibilité des institutions financières pourrait en pâtir, entraînant des répercussions sur la croissance économique de l’ensemble de la région. Il est crucial que les décideurs politiques et les acteurs du secteur bancaire collaborent pour mettre en place des solutions durables, notamment à travers l’amélioration des mécanismes de recouvrement ainsi que l’adoption de pratiques de prêt plus responsables.
Dans cette optique, les réformes structurelles doivent être envisagées pour revitaliser le paysage bancaire. Les institutions pourraient tirer profit de l’intégration des technologies financières, qui offrent des approches novatrices pour évaluer la solvabilité des emprunteurs, améliorer l’efficacité des recouvrements et réduire les coûts d’opération.
De plus, la création d’un environnement réglementaire plus robuste pourrait renforcer la confiance des investisseurs, en s’assurant que les prêts sont accordés selon des critères clairs et rigoureux, limitant ainsi le risque de défaut. Il est également essentiel d’investir dans l’éducation financière des particuliers et des entreprises, afin de les sensibiliser aux implications économiques de leurs décisions d’emprunt.
À long terme, le renforcement de la coordination entre les États membres pour harmoniser les politiques financières et fiscales aidera à créer un cadre économique plus stable, favorable à la croissance et à la prospérité.
Notons que ce degré d’engagement et de coopération pourrait transformer la dynamique actuelle, permettant à l’UEMOA non seulement de surmonter cette crise de crédits en souffrance, mais également d’établir des fondations solides pour un avenir économique résilient et durable.
Daouda Bakary KONÉ