(CROISSANCE AFRIQUE)-Le Mozambique titube au dénouement douloureux d’une présidentielle sanglante organisée à la mi-octobre. Daniel Chapo, illustre inconnu jusqu’à peu, promu candidat par le Frelimo en mai dernier, a été proclamé le 23 décembre par le conseil constitutionnel, président de la république avec 65,17 % des voix.
Cette élection, loin d’être un simple événement démocratique, a été émaillée de violences et d’accusations de fraude électorale, exacerbant les tensions déjà présentes dans le pays. Les partisans de Chapo font face à une opposition résignée mais persistante, majoritairement regroupée autour du parti Renamo, qui conteste non seulement les résultats, mais également la légitimité de la nouvelle administration.
Au-delà des luttes de pouvoir, les conséquences économiques de cette victoire controversée pèsent lourdement sur un pays déjà fragile, où des millions de citoyens vivent dans la pauvreté. Les investisseurs, inquiets des perspectives d’instabilité et de conflit, pourraient envisager de revoir leur engagement envers le Mozambique.
Alors que la population espère une amélioration des conditions de vie, la qualité des services publics, la corruption et la gestion des ressources naturelles demeurent des enjeux pressants, posant de nombreuses questions sur la voie que choisira Chapo pour revigorer l’économie et apaiser un peuple fatigué par des années de conflits.
En effet, la tâche qui attend Chapo est monumentale. En plus de la reconstruction des infrastructures sanitaires et éducatives, qui ont souffert des négligences accumulées au fil des ans, il devra instaurer un climat de confiance avec la communauté internationale. Les bailleurs de fonds, qui ont déjà exprimé leur scepticisme vis-à-vis de la transparence et de la gouvernance au Mozambique, pourraient conditionner leur aide à des réformes concrètes.
Par ailleurs, Chapo devra naviguer habilement entre les pressions internes de factions rivales au sein de son propre parti, Frelimo, et les attentes d’un électorat désabusé, en désespoir de cause. Les demandes croissantes pour un meilleur accès à l’eau potable et à l’électricité, ainsi que pour des programmes de développement durable, mettront également à l’épreuve sa capacité à gouverner efficacement.
Notons que son mandat sera sans doute un test décisif non seulement pour lui-même, mais aussi pour l’avenir de la démocratie et de la stabilité au Mozambique.
Abdoulaye KONE