Zambie:Une économie socialement peu inclusive et très dépendante de l’exploitation du cuivre.

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La Zambie est la 3ème économie d’Afrique australe, après l’Afrique du Sud et l’Angola, avec un PIB de 24 Mds USD soit 4,5 % du PIB régional et 1,5 % de celui d’Afrique sub-saharienne. Elle appartient à la catégorie des pays à revenu intermédiaire (tranche inférieure) selon la Banque Mondiale. Le principal moteur de sa croissance demeure le secteur des industries extractives (plus de 80 % des recettes d’exportations), en particulier le cuivre, la Zambie étant le 2ème producteur africain de ce minerai (derrière le Congo) et le 10ème au plan mondial. L’activité du pays est fortement dépendante des cours des produits de base.

Sur le plan social, le pays reste marqué par la pauvreté (64,4 % de la population vit avec moins de 1,9 USD par jour), les inégalités (coefficient de GINI de 55,6) et la faiblesse de l’Indice de Développement Humain (0,58 – 139ème rang sur 188 pays). La croissance reste peu inclusive. Elle est centrée autour des secteurs d’activité à forte intensité capitalistique (les mines, la construction et les services qui sont, par ailleurs, pour l’essentiel, contrôlés par des investisseurs étrangers). L’agriculture (14 % du PIB – tabac, céréales, coton, sucre) tend à se développer sous l’impulsion du secteur privé mais a fortement souffert de la sécheresse lors des deux dernières années.

Une croissance qui se redresse en 2017, soutenue la hausse des cours mondiaux du cuivre
Depuis le début des années 2000, la Zambie a enregistré une croissance soutenue (7,3 % en moyenne annuelle sur 2003/10, soit bien au-dessus de la moyenne enregistrée en Afrique subsaharienne de 5,7 %), essentiellement portée par la bonne orientation des prix du cuivre. Après le pic de 2010 (10,3 %), la réduction progressive des cours du cuivre, couplée à une politique monétaire restrictive et des difficultés d’accès à la liquidité, a freiné l’activité économique. En 2016 et 2017, la croissance s’est redressée (respectivement à +3,4% et +4,1%) grâce principalement à la hausse des cours des minerais. En 2018, la Banque centrale anticipe une poursuite de la reprise, avec une croissance s’établissant aux alentours 5 %. L’inflation, après une hausse de +6,6 % en 2017 et de +18,2 % en 2016, a tendance à se maintenir aux alentours de 7% en 2018 grâce à l’appréciation du kwacha face aux grandes devises et à la baisse des prix des produits alimentaires.

Un solde courant également très dépendant du niveau des exportations de cuivre et une politique monétaire plus accommodante.
Après avoir connu un pic en 2016 (-4,4% du PIB), le déficit de la balance des paiements courant présente une tendance à la réduction (-3,6% du PIB pour 2017 et une prévision de -2,9% du PIB pour 2018), du fait essentiellement de la hausse des cours mondiaux du cuivre, principal produit d’exportation de la Zambie. Les flux d’Investissements Directs Etrangers affichent une baisse préoccupante, due globalement à un climat des affaires qui se dégrade : ils sont passés de près de 12% du PIB en 2014 à 6% du PIB en 2016. Le FMI considère par ailleurs que cette contraction devrait se poursuivre en 2017 (4% du PIB prévus). Les réserves restent relativement faibles : elles se situaient à 2,1 Mds USD fin décembre 2017 soit 3 mois d’importations de biens et de services.

Entre 2012 et 2016, la Banque centrale avait mis en place une politique de resserrement monétaire compte tenu de l’augmentation des pressions inflationnistes. En février 2017, elle a amorcé un mouvement d’assouplissement qui s’est traduit par une réduction de 575 pdb du taux directeur à 9,75 % et du niveau minimal de réserves obligataires. Cette stratégie a, à l’évidence, soutenu la croissance mais a également permis d’atténuer la crise de liquidités en monnaie nationale dont souffrait le pays.

Un déficit budgétaire important et une trajectoire d’endettement peu satisfaisante.
Proche de -2,5 % du PIB entre 2009 et 2012, le déficit public a fortement augmenté (-7,2 % en moyenne sur 2013/15) en 2016 du fait de la chute des recettes fiscales couplée à des dépenses toujours élevées. Cette situation a entrainé la création d’importants arriérés de paiement (le secteur public représenterait 50 % de l’économie zambienne selon le dirigeant de la fédération patronale), pesant in fine sur l’ensemble des acteurs économiques et sur la confiance des investisseurs (notation souveraine classé 5 crans en dessous de la catégorie investissement par S&P et Fitch). Du fait de l’accumulation puis de l’apurement des arriérés (10% du PIB à fin 2016 selon le FMI), la trajectoire de déficit public est très différente en comptabilité de caisse –qui influe sur la dynamique d’endettement – (5% en 2016, 7% en 2017 et 6% en 2018 où le déficit est tiré à la hausse par le remboursement des arriérés) et en comptabilité d’engagement – qui reflète l’effort ou pas de réduction des dépenses ou de hausse des recettes – (10% en 2016 lors de l’accumulation des arriérés, 5% en 2017 et 4% en 2018). Globalement, l’effort de consolidation des finances publiques entrepris par le gouvernement est jugé insuffisant par le Fonds Monétaire international.

La dette zambienne a fortement augmenté depuis 2014 : elle est passée de 36% du PIB à 61% du PIB en 2016 (dont 60% de dette externe). Cette trajectoire est jugée non soutenable par le FMI d’autant que la dette publique devrait continuer d’augmenter – mais dans des proportions moins importantes – au cours des prochaines années pour atteindre 64% du PIB en 2021. De plus, de nombreux contrats (près de 6Md$ selon un communiqué de janvier 2018 du gouvernement zambien) auraient été récemment signés avec des effets potentiellement très élevés sur la dynamique d’endettement des prochaines années . Dans ce contexte, la probabilité d’un programme FMI durant l’année 2018 a nettement baissé.

Un secteur bancaire plutôt solide.
Le secteur bancaire devient de plus en plus profitable (ROA et ROE en hausse à respectivement 3,1 % et 15,4 % fin 2017) grâce notamment au niveau élevé des taux d’intérêt et à son degré élevé de concentration (60 % des actifs dépendent de 4 établissements sur un total de 19). Les banques sont bien capitalisées (ratio Tier 1 pondéré des actifs à risque de 24,5 %), ce qui traduit certes le respect des principales règles prudentielles mais aussi un manque de projets et d’emprunteurs de qualité (en atteste la faiblesse du ratio prêts sur dépôts de 45 %) La hausse du taux de créances douteuses (12 % de l’encours, en hausse sur un an) est préoccupante. Dans ce contexte, le FMI appelle à un renforcement de la supervision exercée par la banque centrale.

Une réforme de l’environnement des affaires est nécessaire, notamment pour attirer les IDE.
L’économie zambienne dispose d’atouts importants (richesses minières, potentiel hydroélectrique significatif, foncier agricole disponible, attractivité touristique). Elle doit toutefois d’importants défis s’agissant de l’amélioration de l’environnement des affaires (98ème rang sur 189 pays au classement Doing Business de la Banque Mondiale) et de la qualité de ses infrastructures (électriques, de transport et d’assainissement – 118ème sur 138 pays sur ce critère au classement du World Economic Forum). Globalement, notamment sur la qualité de l’environnement des affaires, des réformes semblent nécessaires. Un rapport publié le 15 juin dernier (2018) par le ministère français de l’économie et des finances.

 

Daouda Bakary Koné

 

Source: croissanceafrique.com

 

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