(CROISSANCE AFRIQUE)-Dans la zone de l’Union économique et monétaire Ouest Africaine, le taux de change effectif réel (TCER) a progressé de 12,8% au deuxième trimestre 2024 par rapport à la même période de l’année passée, selon le rapport de la politique monétaire dans l’UMOA publié par la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) après une hausse de 13,3% au premier trimestre 2024.
Cette évolution, qui traduit une perte de compétitivité pour l’Union, est en ligne avec une appréciation du taux de change effectif nominal de 17,0%, atténuée par un différentiel d’inflation favorable de 4,2 pdp. L’évolution du taux de change effectif nominal au deuxième trimestre 2024 traduit notamment l’appréciation, en rythme annuel, du franc CFA par rapport au naira (+177,1%), à la livre turque (+52,7%), au cedi ghanéen (+23,5%) et au yuan chinois (+2,0%).
S’agissant du taux d’inflation dans l’Union, il est ressorti à 4,1% au deuxième trimestre 2024, contre 7,7% en moyenne dans les pays partenaires. « En particulier, pour les pays limitrophes tels que le Nigeria et le Ghana, l’inflation est restée à des niveaux très élevés au cours du trimestre sous revue, se situant respectivement à 33,9% et 23,6% », a souligné la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).
Ces chiffres montrent que l’environnement économique dans la région est marqué par des défis significatifs. Les responsables économiques sont de plus en plus préoccupés par les implications de cette appréciation du franc CFA sur les exportations et la croissance économique. En effet, le renforcement de la monnaie locale peut rendre les produits de l’Union moins compétitifs sur les marchés internationaux, ce qui pourrait entraîner une réduction des revenus d’exportation pour les entreprises locales.
Dans ce contexte, la BCEAO a insisté sur la nécessité d’adopter des politiques monétaires prudentes, de manière à soutenir la stabilité économique tout en encourant un développement durable. La Banque a également noté l’importance de diversifier les économies des pays membres pour réduire la dépendance aux revenus des matières premières, dont les fluctuations sont souvent sujettes à des chocs externes.
De plus, une attention particulière est nécessaire envers les investissements dans les infrastructures, qui peuvent jouer un rôle clé dans la lutte contre les effets néfastes de l’inflation et des taux de change volatils. Les pays de l’Union doivent collaborer pour créer un cadre d’investissement plus attrayant, ce qui non seulement aiderait à stabiliser l’économie, mais renforcerait également la résilience de leurs systèmes économiques face aux crises futures.
Notons que la situation actuelle présente des défis indéniables. Elle offre également une opportunité pour les pays de l’Union économique et monétaire Ouest Africaine de réévaluer leurs stratégies économiques et d’engager des réformes nécessaires pour construire une base économique plus solide et diversifiée.
Abdoulaye KONE