(CROISSANCE AFRIQUE)-L’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) continue d’afficher une résilience remarquable face aux divers défis économiques et géopolitiques auxquels elle est confrontée. Au deuxième trimestre 2025, la croissance du produit intérieur brut (PIB) a atteint un impressionnant 6,5 % en glissement annuel, après avoir affiché un robuste 7 % sur les trois premiers mois de l’année, selon les données fournies par la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).
Une performance qui ne fait que confirmer le dynamisme économique inédit de la région, et ce, malgré un contexte sécuritaire dégradé marqué par des tensions politiques et sociales, ainsi que des disparités croissantes entre les États membres, qui pourraient freiner la cohésion régionale. Les moteurs principaux de cette croissance économique régionale restent majoritairement concentrés dans le secteur des services.
Le secteur tertiaire a en effet contribué à hauteur de 3,5 points de pourcentage à la croissance du PIB, améliorant sa prestation par rapport aux 3,1 points obtenus au trimestre précédent. Cela traduit la vitalité persistante des transports, de l’activité commerciale, ainsi que de l’industrie florissante des télécommunications, qui continuent de prospérer et d’attirer des investissements.
En revanche, les secteurs primaire et secondaire, dont relèvent l’agriculture, la pêche, l’industrie manufacturière et la construction, montrent un léger essoufflement dans leur rythme de croissance, avec des contributions respectives de 1,2 et 1,8 point, ce qui constitue un recul par rapport aux résultats obtenus au début de l’année 2025. Ce déclin reflète des défis plus prononcés liés à la productivité agricole et aux conditions climatiques incertaines, qui affectent directement l’output de l’économie dans ces secteurs clés.
Cette structure de croissance témoigne d’une économie qui s’urbanise et se digitalise rapidement, montrant une transformation significative où les villes se développent à un rythme effréné et où la technologie numérique devient un outil essentiel dans divers secteurs, mais dont les bases productives restent fragiles, laissant entrevoir une vulnérabilité sous-jacente dans le tissu économique.
« La vigueur du tertiaire traduit la transformation progressive des économies de l’Union, illustrant un passage progressif d’une économie primaire et secondaire vers un secteur tertiaire plus prépondérant, mais elle souligne aussi la dépendance à des services souvent importés », d’après le regard d’un économiste de l’Union, mettant en avant une diversité de services qui, bien que bénéfiques pour l’évolution économique, exposent l’Union à des fluctuations liées aux marchés internationaux.
Derrière la moyenne régionale, les écarts se creusent de manière préoccupante, exacerbant les disparités économiques entre différents pays. Le Niger conserve une hausse significative de sa production de 9,5%, après 13,4% au premier trimestre, démontrant une résilience remarquable tirée par la reprise des activités extractives, notamment dans le domaine des ressources naturelles telles que le pétrole et l’uranium, et les grands projets d’infrastructures, qui incluent par exemple des développements de réseaux de transport et des initiatives d’urbanisme modernes.
À l’opposé, le Mali ralentit à 5%, pénalisé par une contraction agricole due à des aléas climatiques défavorables et des investissements insuffisants dans des technologies modernes, ainsi que des tensions sur les finances publiques qui restreignent la capacité du pays à investir dans des initiatives de croissance durable et à améliorer la qualité de vie de ses citoyens.
La Côte d’Ivoire, souvent qualifiée de locomotive économique de la zone en raison de sa capacité à entraîner les économies voisines, continue de maintenir un rythme soutenu de développement avec un impressionnant taux de croissance atteignant 7,1 %. Ce dynamisme s’appuie sur plusieurs piliers solidement établis, tels que la vigueur du secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP), un secteur crucial et en pleine expansion, les exportations agricoles qui continuent de prospérer, et les investissements publics stratégiques qui injectent du capital dans des projets d’infrastructure d’envergure.
Dans la même veine, le Bénin, avec un taux de 6,2 %, et le Togo, affichant 6,5 %, confirment également leur vitalité économique, prouvant qu’ils suivent une trajectoire dynamique de développement. En comparaison, le Burkina Faso et le Sénégal présentent une progression plus modérée, avec respectivement 5,9 % et 5 %, mais néanmoins respectable dans le contexte régional. Collectivement, l’ensemble de la zone UEMOA maintient une moyenne de croissance bien au-dessus des prévisions mondiales qui sont autour de 3 % selon le FMI, ce qui illustre la résilience structurelle de la région en dépit des chocs externes qui pourraient survenir sur l’économie mondiale.
Par ailleurs, l’indicateur du climat des affaires, s’élevant à 100,6 points, se maintient supérieur à sa tendance de long terme, malgré un léger recul de 0,3 point par rapport à la période précédente. Ce niveau reflète un optimisme prudent de la part des entreprises locales et internationales, un sentiment d’optimisme renforcé par plusieurs facteurs : une demande intérieure dynamique qui soutient la production locale, une stabilité monétaire essentielle à la prévisibilité économique, et la reprise du crédit qui encourage les investissements et les dépenses. Ces éléments conjugués forment un terreau fertile pour la croissance économique continue, suggérant que les perspectives économiques de la région restent prometteuses même face à des incertitudes sur la scène mondiale.
L’acquis de croissance, c’est-à-dire l’indicateur reflétant le niveau de croissance minimale prévisible pour l’ensemble de l’année en cours, a été mesuré à 5,5% à mi-parcours de l’année civile. Cela signifie que jusqu’à la moitié de l’année, un taux de croissance de 5,5% a déjà été atteint, suggérant un niveau de développement économique substantiel pour la période restante. Toutefois, la situation économique générale est complexifiée par la persistance de plusieurs défis significatifs qui doivent être pris en compte. Parmi ces défis, on note une volatilité considérable et persistante des prix sur les marchés mondiaux des matières premières, ce qui peut impacter les coûts et la stabilité économique.
Notons qu’il existe une pression notable et croissante sur les finances publiques, accentuant la nécessité pour le gouvernement et les décideurs économiques de gérer judicieusement les ressources budgétaires disponibles. Enfin, une autre préoccupation majeure réside dans la dépendance accrue du pays aux importations d’énergies, ce qui renforce la vulnérabilité aux fluctuations internationales des prix de l’énergie.
Pour rappel, ces éléments combinés soulignent la nécessité de stratégies économiques robustes pour naviguer ces défis de manière efficace tout en poursuivant les objectifs de croissance.
Moussa KONÉ