(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Mali, la société minière canadienne de renom, Barrick Mining, s’engage à verser la somme colossale de 244 milliards de FCFA, soit l’équivalent de 430 millions de dollars, pour clore officiellement son différend de longue date avec l’État malien, tel que rapporté par Bloomberg.
Ce règlement financier intervient à la suite de l’annonce d’un accord ambitieux et global qui a été signé lundi entre la multinationale spécialisée dans l’extraction de l’or et le gouvernement du Mali. Cet accord historique met un terme à une querelle de deux ans concernant le complexe aurifère de Loulo-Gounkoto, un site majeur parmi leurs opérations africaines et une source stratégique pour l’approvisionnement en métal précieux.
Le paiement est structuré de manière à favoriser un règlement progressif : d’abord, la somme substantielle de 144 milliards de FCFA doit être versée dans les six jours qui suivent la signature de cet accord, un geste rapide qui symbolise la volonté des parties de tourner la page. Ensuite, un montant de 50 milliards de FCFA sera géré via des crédits de la taxe sur la valeur ajoutée, un mécanisme empreint d’ingéniosité fiscale permettant un certain allègement financier.
Une bagatelle de 50 milliards de FCFA avaient déjà été réglés l’année précédente, démontrant ainsi un engagement continu de Barrick Mining envers la résolution de ce différend. Cette structure de paiement habilement conçue permet aux deux protagonistes d’aboutir à un compromis satisfaisant, tout en protégeant et en concédant aux intérêts essentiels de chaque partie. Cet accord souligne ainsi une coopération renouvelée et un engagement mutuel en faveur de la stabilité et de la prospérité économique générales.
L’annonce récente a immédiatement rassuré et apaisé les marchés financiers internationaux, qui étaient déjà en état d’alerte suite aux tensions précédentes. En conséquence, le titre de la société Barrick a enregistré un formidable bond de 7,5% à la Bourse de Toronto. Ce bond témoigne du sentiment de soulagement palpable chez les investisseurs, qui voient enfin une issue positive à ce différend majeur, lequel paralysait et menaçait sérieusement l’avenir d’un actif stratégique de la compagnie minière canadienne.
Ce litige complexe, qui avait déjà commencé à prendre une tournure incroyablement tendue, était devenu une véritable épine dans le pied de la société ces derniers mois. En effet, le gouvernement malien avait lancé une réclamation colossale de plus de 400 millions de dollars à l’encontre de Barrick pour le non-paiement présumé d’impôts, une accusation que la société canadienne a vigoureusement et fermement contestée. Les tensions ont atteint un nouveau sommet en janvier 2025, lorsque les autorités maliennes ont pris la décision radicale de saisir plus de trois tonnes d’or, contraignant ainsi Barrick Mining à suspendre inopinément toutes ses opérations dans le pays.
Cette escalade ne s’est pas arrêtée là, car en novembre 2024, quatre employés de Barrick ont été arrêtés, exacerbant encore la situation. En juin 2025, la situation a dégénéré davantage avec la mise sous administration provisoire de la mine par un tribunal malien. Cette série de mesures coercitives faisaient suite à l’adoption en 2023 du nouveau code minier instauré par le Mali, qui imposait une participation obligatoire.
Par ailleurs, l’accord signé permet à Barrick de reprendre le contrôle opérationnel complet et sans entrave du complexe minier de Loulo-Gounkoto, tout en lui offrant la possibilité de retirer officiellement sa plainte d’arbitrage qui avait été déposée au Centre international pour le règlement des différends du Groupe de la Banque mondiale. En échange de ces concessions importantes, le gouvernement du Mali abandonne l’ensemble des charges qui avaient été portées contre Barrick et ses filiales locales. De plus, le Mali s’engage à relâcher les quatre employés qui avaient été détenus dans le cadre de ce différend.
Ce règlement intervient au terme d’une longue période de tensions entre les deux parties, tensions qui risquaient de compromettre l’une des plus vastes et productives exploitations aurifères africaines. Pour le Mali, un pays où l’or représente près de 70 % des exportations nationales, ainsi qu’une source cruciale de revenus fiscaux, la stabilisation et la sécurisation de ce site industriel stratégique revêtent une importance économique et nationale indiscutable.
Notons que la résolution de ce litige envoie en outre un message rassurant et positif aux investisseurs internationaux qui pourraient être intéressés par le secteur minier du pays. Cela est d’autant plus crucial que le Mali s’efforce de maintenir l’attractivité de son industrie minière dans un contexte de sécurité interne fragile et une situation politique assez instable.
Daouda Bakary KONÉ

