Au Burundi, Kathia Gretta Iradukunda, choisit une plante invasive pour soutenir le lac Tanganyika

Date:

(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Burundi, la situation critique causée par la prolifération de la jacinthe d’eau est devenue une préoccupation majeure pour le lac Tanganyika, un des plus grands réservoirs de biodiversité en Afrique centrale. En étouffant progressivement cet écosystème aquatique précieux, cette plante invasive représente une menace sérieuse non seulement pour la faune et la flore locales, mais aussi pour les populations qui dépendent de ce lac pour leur subsistance quotidienne. 

Là où beaucoup voient un fléau écologique sans précédent, réduisant considérablement la qualité de l’eau et les activités économiques comme la pêche, une voix innovante émerge pour transformer ce problème en une opportunité viable et durable. Kathia Gretta Iradukunda, une jeune entrepreneure visionnaire, refuse de se laisser abattre par ce défi et a choisi d’y voir une ressource précieuse. 

À travers son entreprise Hyacinth Art House, cette lauréate remarquable de la prestigieuse liste Forbes Afrique 30 Under 30 a pour mission de métamorphoser cette plante envahissante, souvent perçue comme un cauchemar écologique, en objets artisanaux magnifiques et en opportunités économiques prometteuses pour les femmes vulnérables de la région. Portrait d’une passionnée qui cherche à faire la différence.

Sur les rives étincelantes et souvent turbulentes du lac Tanganyika, une scène captivante se déroule : une silhouette déterminée émerge au cœur d’une équipe de volontaires dévoués, tous travaillant sans relâche pour arracher les nappes vertes oppressantes de jacinthe d’eau qui menacent l’équilibre naturel du lac. À seulement 27 ans, Kathia Gretta Iradukunda a transformé cette plante invasive, désormais devenue le symbole d’un déséquilibre écologique croissant, en une pierre angulaire d’un projet ambitieux tourné vers l’avenir et la préservation environnementale.

 En tant que fondatrice inspirée et dynamique de Hyacinth Art House, elle s’impose aujourd’hui, avec une force incontestée et une vision éclairée, comme une figure montante de l’entrepreneuriat écologique en Afrique de l’Est, devenant un exemple brillant de la fusion efficace entre innovation et responsabilité sociale.

Originaire de Gitega, une région riche en diversité culturelle et environnementale, Kathia Gretta Iradukunda grandit en regardant, encore fascinée par l’écran de télévision, des reportages poignants sur les ravages importants causés par les plantes invasives dans le magnifique lac Tanganyika. 

Ce lac, entouré de montagnes majestueuses et témoin de générations de vie aquatique exceptionnelle, souffre profondément de l’invasion de la jacinthe d’eau, une plante qui perturbe l’écosystème fragile. Dès son arrivée à la vibrante ville de Bujumbura, où elle s’installe pour poursuivre des études supérieures prometteuses, elle prend pleinement conscience de l’ampleur de ce fléau écologique. 

Plutôt que de rester les bras croisés, spectatrice passive de ce problème criant, elle ressent un désir ardent de s’engager et déclare fermement : « Je ne pouvais pas rester spectatrice, je voulais trouver une solution », révélant ainsi sa détermination à être catalyseur de changement.

Rapidement, pleine d’énergie et de détermination, elle organise des activités collaboratives de collecte de la jacinthe d’eau, en mobilisant une armée de jeunes volontaires enthousiastes, unissant leur force pour cette noble cause. Cependant, sa vision ne se limite pas à l’extraction simple de cette plante envahissante ; elle souhaite créer quelque chose de positif à partir de ce fléau. Avec une créativité vibrante et un sens aigu de l’innovation, Kathia Gretta Iradukunda imagine une seconde vie pour cette plante nuisible. 

Aussi, elle tisse des liens forts avec des femmes artisanes talentueuses qui, grâce à ses encouragements, apprennent à habilement tresser les tiges séchées, créant des objets d’artisanat uniques et porteurs de sens. Très vite, l’initiative réussit à captiver l’intérêt de la communauté et transforme cette entreprise de recyclage écoresponsable en une véritable entreprise sociale florissante, apportant ainsi espoir et changement dans la région.

Fondée en 2021, Hyacinth Art House repose sur l’idée simple mais ingénieuse de transformer un fléau environnemental en opportunité économique durable. Les tiges de jacinthe d’eau, autrefois considérées comme de véritables parasites asphyxiants pour les écosystèmes aquatiques, notamment en étouffant les poissons et en entravant la navigation, se métamorphosent désormais en objets du quotidien tels que des corbeilles élégantes, des sous-plats innovants et pratiques, ainsi que des sacs d’épicerie réutilisables et des boîtes de rangement esthétiques. Au cœur des ateliers de Bubanza, environ 145 artisanes talentueuses, regroupées sous la bannière de la SCABU (Synergie des coopératives artisanales du Burundi), redonnent à ces matériaux mal-aimés une nouvelle vie pleine de sens et d’utilité.

Cependant, l’action de Hyacinth Art House ne se limite pas à la production artisanale de ces articles ingénieux. L’organisation s’investit dans le développement de plusieurs axes stratégiques essentiels. Elle joue un rôle crucial dans la restauration des écosystèmes en procédant à la collecte de jacinthes d’eau envahissantes et d’autres déchets solides nuisibles à l’environnement.

 De plus, elle œuvre activement pour favoriser l’autonomisation des femmes en renforçant leurs compétences techniques grâce à des formations et en soutenant leur indépendance économique par des programmes de développement entrepreneurial. Hyacinth Art House collabore également étroitement avec les autorités locales et les partenaires internationaux, en les accompagnant dans leurs campagnes de sensibilisation à l’environnement pour promouvoir des pratiques durables et responsables auprès des communautés.

Mesurable autant sur la biodiversité que sur la vie des femmes artisanes, l’impact de Hyacinth Art House s’étend bien au-delà des simples transactions commerciales. Aujourd’hui, chaque produit signé Hyacinth Art House raconte l’histoire fascinante d’un environnement menacé par les activités humaines destructrices, d’une ressource réinventée grâce à l’ingéniosité et à la créativité des artisans locaux, et d’une communauté transformée par l’initiative économique et sociale. 

Notons que ces femmes, véritables piliers de leurs villages, retrouvent un nouvel espoir et une dignité renforcée à travers leurs créations, partageant avec le monde un morceau de leur terre, de leur patrimoine et de leur résilience face aux défis écologiques et culturels.

Mariam KONE 

croissanceafrik
croissanceafrikhttp://croissanceafrique.com
Croissance Afrique (sarl) est un Média multi-support qui propose plusieurs rubriques axées sur l’actualité économique du continent. Le magazine est un journal (en ligne dont un mensuel disponible dans les kiosques à journaux) qui traite spécialement les informations financières dédiées à l’Afrique. Il est également le premier média malien spécialisé dans la production d’Informations Économiques, financières, Stratégiques, et orienté vers le reste du monde. Le Magazine a été fondé en Novembre 2017 à Bamako.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Partager:

Populaires

Lire aussi
RELATIFS

Au Mali, le secteur de lithium connait des problématiques inhérentes des prix de transfert fiscal 

(CROISSANCE AFRIQUE)- Le Mali, riche d'une histoire minière largement...

MTN Côte d’Ivoire déclenche une nouvelle guerre pour dominer le marché de Mobile Money face à la Fintech Wave

(CROISSANCE AFRIQUE)-La guerre pour dominer le marché du mobile...

Cameroun : 221,6 milliards de FCFA pour la reconstruction de la Route -Ngaoundéré-Garoua par 5 entreprises chinoises 

(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Cameroun, la Banque africaine de développement (BAD)...