(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Nigéria, les autorités sont en train de se préparer à revoir complètement les règles qui encadrent l’investissement des fonds de pension, lesquels sont actuellement évalués à environ 17 milliards de dollars. Cette révision est envisagée dans le but explicite de stimuler leur rendement tout en soutenant des secteurs fondamentaux pour le développement du pays, tels que les infrastructures et le secteur du capital-investissement.
La Commission nationale des retraites, communément appelée PenCom, est à l’heure actuelle en train de finaliser une réforme significative pour le plafond d’investissement. Ce plafond a été précédemment fixé à un taux de 5% des encours, montant que les gestionnaires de fonds de pension pouvaient traditionnellement diriger vers les infrastructures et le secteur du private equity. Selon Ibrahim Buwai, qui est le porte-parole de cette institution, les nouvelles limites d’investissement pourraient être rendues publiques avant la fin du trimestre en cours, bien qu’il n’ait pas encore révélé les seuils précis qui sont actuellement envisagés. Cette initiative témoigne d’un effort concerté pour dynamiser l’économie du pays par une meilleure allocation des ressources de pension.
Dans le même mouvement d’évolution réglementaire, la nouvelle législation proposera d’alléger de manière significative une contrainte qui a longtemps été perçue comme excessive par de nombreux investisseurs et parties prenantes du secteur. Cette contrainte spécifique imposait jusqu’à présent que 60% des fonds dédiés à l’infrastructure soient strictement investis dans des projets ayant leur domicile au Nigéria. Cette nouvelle flexibilité introduite dans la réglementation a pour but principal d’élargir de manière substantielle l’univers d’investissement, offrant ainsi aux investisseurs une panoplie plus diversifiée d’opportunités à explorer. En parallèle, cette ouverture vise à attirer un volume accru de capitaux vers des classes d’actifs qui sont considérées comme stratégiquement cruciales pour le développement économique du pays.
Cette révision réglementaire intervient à un moment où le contexte économique du Nigéria est particulièrement tendu et complexe. Depuis plus de deux ans, le taux d’inflation nigérian se maintient à des niveaux exceptionnellement élevés, dépassant la barre des 20%, ce qui a pour effet de réduire considérablement la valeur réelle des retraites des citoyens. Par ailleurs, la monnaie locale, le naira, a connu une dépréciation dramatique, perdant près de 70% de sa valeur par rapport au dollar américain sur la même période. Dans un tel environnement macroéconomique, les rendements que les investisseurs peuvent obtenir, principalement tirés des obligations d’État et autres titres à revenu fixe, et qui représentent encore une part prédominante de 62% des actifs, sont désormais considérés comme nettement insuffisants pour compenser l’érosion due à l’inflation.
« Nous ne sommes pas satisfaits des rendements actuels, car l’inflation a un impact négatif important sur nos résultats », souligne avec insistance Ibrahim Buwai, un gestionnaire de fonds chevronné. « Nous avons un désir ardent de voir ces actifs alternatifs se renforcer et s’imposer, dans le but de… »
Au-delà de la simple recherche d’un meilleur rendement des investissements, cette ambitieuse réforme pourrait profondément redessiner le paysage global du financement domestique au Nigéria. En réorientant une proportion significative de l’épargne retraite nationale vers des investissements dans des projets d’envergure en infrastructure, l’État espère fermement donner un nouvel élan à des secteurs jugés cruciaux, tels que le transport, l’énergie et le logement. Ces domaines vitaux connaissent actuellement un déficit de financement significatif, avec des besoins qui se chiffrent littéralement en dizaines de milliards de dollars, représentant à la fois un défi colossal et une opportunité économique majeure.
D’un autre côté, le secteur du capital-investissement pourrait se révéler un acteur clé dans cette dynamique de renouveau, jouant un rôle primordial dans le soutien aux petites et moyennes entreprises (PME) ainsi qu’aux start-up. Ces entités entrepreneuriales sont souvent reconnues comme des moteurs essentiels de la croissance économique et de la création d’emplois, contribuant ainsi à revitaliser l’économie nationale.
Toutefois, malgré le pas considérable que représente cette évolution vers une diversification accrue des sources de financement, elle est loin d’être exempte de risques. Les actifs alternatifs, bien qu’attrayants, sont bien souvent nettement moins liquides et présentent des structures plus complexes à gérer. Cela implique non seulement une expertise accrue, mais aussi une gouvernance beaucoup plus rigoureuse et renforcée.
Notons que le succès de cette réforme ambitieuse dépendra autant de la capacité des gestionnaires de fonds à identifier et exploiter ces nouvelles opportunités d’investissement que de la mise en place d’un cadre réglementaire strict, clair, et surtout protecteur, susceptible d’encadrer ce flot d’innovations.
Mariam KONE