Le président Tebboune n’a pas chiffré le coût financier de ces mesures, ni expliqué comment il compte financer ses promesses de campagne alors que le pays est durement confronté à une raréfaction de sources de financement en raison de la chute vertigineuse des prix du pétrole, qui pèse très lourdement sur les comptes de l’Etat.
Le Conseil des ministres, qui s’est tenu avant-hier sous la présidence de Abdelmadjid Tebboune, a décidé d’augmenter le SNMG à partir du 1er juin de plus de 11% et de supprimer l’Impôt sur le revenu (IRG) pour ceux qui perçoivent un salaire équivalent ou inférieur à 30 000 DA. Ces deux annonces à caractère social interviennent dans un contexte de crise économique et financière, auquel s’ajoute la crise sanitaire du coronavirus.
A aucun moment le président Tebboune n’a chiffré le coût financier de ces mesures, ni expliqué comment il compte financer ses promesses de campagne alors que le pays est durement confronté à une raréfaction de sources de financement en raison de la chute vertigineuse des prix du pétrole, qui pèse très lourdement sur les comptes de l’Etat.
Dans ces conditions, d’aucuns considèrent que la marge de manœuvre du chef de l’Etat sera très étroite, d’autant plus que de nombreux indicateurs économiques ne militent pas en sa faveur de sa décision.
En effet, la loi de finances 2020 tablait sur un baril à 50 dollars pour une croissance d’environ 1,8%. Le pays en est loin. Dans son projet de loi de finances complémentaire, le gouvernement prévoit un recul des recettes des hydrocarbures à 20,6 milliards de dollars contre 37,4 milliards prévus dans la loi de finances initiale de 2020.
La chute des prix pétroliers devrait, selon le gouvernement, réduire de 7,5% les exportations de l’Algérie en 2020. Les réserves de change se sont réduites comme peau de chagrin, passant de 162,4 milliards d’euros en 2014 à près de 57 milliards d’euros fin 2019. Le pays devrait connaître une récession en 2020 (-5,2%) ainsi qu’un déficit budgétaire parmi les plus élevés de la région en raison de la chute des cours du pétrole et du nouveau coronavirus, selon des prévisions du FMI.
Les autres éléments qui rendent hypothétique le financement des mesures en question résident dans deux récentes annonces de Tebboune lui-même. Lors d’une rencontre avec des médias algériens, il avait assuré que le pays n’aurait pas recours à la planche à billets ni à l’endettement extérieur auprès du FMI et des organismes financiers internationaux.
En outre, le gouvernement avait décidé de réduire de moitié le budget de fonctionnement de l’Etat (hors salaires) face à la grave crise financière qui menace le pays en raison de la chute des prix. Et même la nouvelle politique fiscale qui vise à «augmenter les recettes fiscales à travers l’expansion de l’activité économique» reste suspendue en raison de la crise du Covid-19 et est tributaire de l’amélioration de l’attractivité de l’économie du pays.